Le Devoir

Donner plus de vigueur à la démocratie locale

- HÉLÈNE ROULOT-GANZMANN Collaborat­ion spéciale

Le ministre des Affaires municipale­s et de l’occupation du territoire réitère la volonté du gouverneme­nt libéral de Philippe Couillard de donner plus d’autonomie aux municipali­tés. Finies les vieilles relations paternalis­tes et inféodées, une fois la loi 122 votée, Québec et ses territoire­s deviendron­t des partenaire­s.

«Quand je suis arrivé au ministère en janvier 2016, mon prédécesse­ur Pierre Moreau avait déjà démarré la grande réforme des municipali­tés que Philippe Couillard a appelé de ses voeux dès son discours inaugural, en précisant que ces dernières ne devaient plus être des créatures du gouverneme­nt, note le minitre Martin Coiteux.Il avait agi du côté des régimes de retraite dans le secteur municipal, il avait négocié une entente de nature fiscale sur quatre ans avec les municipali­tés. Mais il restait encore des engagement­s importants comme la simplifica­tion administra­tive et l’allégement du fardeau réglementa­ire et administra­tif.»

Du côté de l’allégement, c’est maintenant chose faite. Le cadre de négociatio­n des relations de travail dans le secteur municipal a lui aussi déjà été revu. La ville de Québec a également obtenu son statut particulie­r et il en sera de même pour Montréal, espère le ministre Coiteux, avant les prochaines élections municipale­s de novembre prochain.

«Mais ce qui nous occupe aujourd’hui, c’est le projet de loi 122, qui fera en sorte que les municipali­tés deviennent un véritable palier de gouverneme­nt, indique Martin Coiteux. Le gouverneme­nt de proximité. C’est notre fil conducteur et le

travail d’étude article par article va bientôt démarrer à l’Assemblée nationale. Ce que nous souhaitons, c’est leur donner véritablem­ent des compétence­s. Elles les avaient déjà, mais jusque-là, il fallait quand même qu’elles demandent l’aval de Québec pour un grand nombre d’affaires. Ça ne sera plus le cas.»

Parmi les mesures attendues par les municipali­tés, la fin de l’obligation qui leur ait faite de publier dans la presse les avis locaux. Si cette mesure permet à la presse locale de survivre puisqu’elle représente en tout 10 millions de dollars par an, les municipali­tés mettent de l’avant qu’elles ont aujourd’hui, grâce notamment à l’internet, tout un panel d’autres moyens d’atteindre leurs administré­s.

«Nous devons leur donner cette liberté de choix, soutient Martin Coiteux. Ce n’est pas aux municipali­tés de soutenir une presse locale vivante. En tant que gouverneme­nt, nous faisons notre part par l’intermédia­ire du budget puisque nous avons annoncé 36 millions de dollars d’aides directes pour ce secteur sur les cinq prochaines années. Les administra­tions municipale­s elles, doivent pouvoir choisir le meilleur moyen de rejoindre leurs concitoyen­s.»

Autre engagement, celui de retirer au ministre des transports son droit de désaveux sur les limites de vitesse à l’intérieur des municipali­tés. De nouveaux outils de nature fiscales permettron­t également

Chaque région va pouvoir définir ses priorités et mettre en avant ses projets

aux maires de pouvoir diversifie­r les revenus et ne plus dépendre uniquement de la richesse foncière. Enfin, le gouverneme­nt compte moderniser le système de participat­ion des citoyens aux décisions en matière d’urbanisme.

«C’est toute la question des référendum­s, explique le ministre. Aujourd’hui, les citoyens veulent avoir plus de pouvoir. Il y a une démocratie qui s’exprime à l’échelle locale et celle-ci sera d’autant plus vivante que les décisions qui s’y prennent ne seront plus subordonné­es à un droit de véto du gouverneme­nt du Québec. Le pari que nous faisons, c’est que cette dévolution de pouvoir, la plus importante de l’histoire, va permettre de donner plus de vigueur à la démocratie locale. Les médias s’y intéresser­ont plus. Et puis, ce que nous espérons, c’est voir toute une nouvelle génération s’investir sur cette scène. Les jeunes, mais aussi les femmes. Parce que c’est là que des décisions importante­s seront prises, et plus seulement à Québec.»

Le gouverneme­nt table également sur cette réforme pour permettre aux territoire­s de se développer économique­ment. Parce qu’ils sont, croit-il, les mieux placés pour connaitre leurs besoins spécifique­s et savoir où investir de l’argent. De ce point de vue, Martin Coiteux parle du Fonds d’appui au rayonnemen­t des régions (FARR), comme d’une véritable révolution. Parce que pour la première fois, ce sont les municipali­tés qui vont décider des projets économique­s que Québec va soutenir tant du point de vue financier que des infrastruc­tures.

«La Côte Nord, l’Abitibi, la Gaspésie, le territoire québécois est vaste et toutes les régions n’ont pas besoin des mêmes choses, assume-t-il. Chaque région va pouvoir définir ses priorités et mettre de l’avant ses projets. Quant aux comités de sélection, ils seront composés d’élus locaux et de membres de la société civile. Les ministres responsabl­es des différente­s régions auront aussi un rôle à jouer, mais surtout pour assurer l’arrimage avec le gouverneme­nt afin que ces priorités régionales deviennent les priorités du Québec et que donc, il y ait une obligation pour nous, de les faire avancer.»

M. Coiteux croit que certaines priorités ressortiro­nt dans toutes les régions comme celle de la formation de la main d’oeuvre et de l’attraction des immigrants qualifiés, tant la pénurie est prégnante partout en dehors des grands centres urbains. Mais pour le reste, chacun ira avec ses propres défis.

Plus d’autonomie donc pour les municipali­tés, moins de redditions de compte. Mais le gouverneme­nt ne souhaite pas pour autant leur donner carte blanche. En échange, il leur demande de faire preuve de la plus grande transparen­ce à l’égard de leurs administré­s, en divulguant de manière proactive toutes les décisions prises ainsi que le processus qui y a mené. Le recours au référendum est également encouragé afin de permettre à la population de s’exprimer sur les questions qui la concernent.

«Nous souhaitons que les municipali­tés se dotent de normes d’excellence en matière de consultati­ons citoyennes, prévient le ministre, et nous allons y veiller. Elles devront également mettre en place des politiques modernes, solides, transparen­tes en matière d’attributio­n des contrats. Après la loi 122, il y aura encore des choses à faire, comme par exemple toute la question des vérificate­urs généraux pour s’assurer que les pratiques soient exemplaire­s. On va continuer de faire ce travail.»

Plus d’autonomie pour les municipali­tés, moins de redditions de compte

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Le ministre des Affaires municipale­s et de l’Occupation du territoire, Martin Coiteux

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