Le Devoir

L’UMQ attend des annonces concrètes du fédéral

- STÉPHANE GAGNÉ Collaborat­ion spéciale

Arénas, centres culturels, routes, aqueduc… Voilà un mince aperçu des infrastruc­tures sociales et de génie civil projetées, dont 60% sont sous la responsabi­lité des municipali­tés. Aux prises avec des infrastruc­tures détériorée­s, les municipali­tés membres de l’Union des municipali­tés du Québec (UMQ) ont beaucoup d’attentes en ce qui concerne le budget fédéral qui a été déposé en mars dernier.

Selon l’UMQ, la bonne nouvelle est que les sommes prévues pour le renouvelle­ment des infrastruc­tures ont été confirmées. «Il reste maintenant à savoir comment elles seront dépensées, ce qui n’est pas encore clair», dit Alexandre Cusson, premier vice-président de l’UMQ et maire de Drummondvi­lle.

M. Cusson convient que le plan Investir dans le Canada (un programme d’investisse­ments dans les infrastruc­tures de 186 milliards de dollars) est étalé sur 12 ans et que tout ne peut pas se décider en quelques semaines. «Il faut cependant annoncer sans trop tarder ces investisse­ments, car plus on attend, moins il restera de temps pour entreprend­re les travaux et plus cela risque de coûter cher aux contribuab­les », dit-il. Selon lui, les firmes engagées pour les travaux seront alors débordées et exigeront donc plus d’argent pour exécuter ceux-ci.

Fonds pour l’eau potable et le traitement des eaux usées. La priorité, pour M. Cusson, est toutefois de débloquer des sommes sans tarder pour le Fonds pour l’eau potable et le traitement des eaux usées (FEPTEU). «Ce programme a été très populaire dans sa première phase, dit-il. Les fonds se sont donc épuisés rapidement et nous attendons avec impatience la deuxième phase. Les municipali­tés ont des besoins immenses à ce chapitre et il est urgent d’agir. »

Ce Fonds prévoit des investisse­ments dans une multitude de projets liés à la distributi­on, au traitement et à l’assainisse­ment

de l’eau. Cela peut inclure aussi bien des projets de réfection que la constructi­on de nouvelles installati­ons. Exemples: agrandisse­ment de réservoirs d’eau, réfection de conduites d’aqueduc, aménagemen­t de bassins de rétention, etc. L’épineuse question du partage

des coûts. L’autre priorité de l’UMQ est de clarifier la question du partage des coûts. Lors de la première phase du programme d’infrastruc­tures, le fédéral payait 50% de la facture, Québec, 33% et les municipali­tés, 17%. Or, dans le dernier budget fédéral, ce partage ne semble plus garanti. « Selon ce que nous avons décodé du

dernier budget, le fédéral ne paierait plus que 40% du coût de plusieurs projets, déplore M. Cusson. Un tel changement ferait porter un poids démesuré sur le dos des municipali­tés puisque nous ne récoltons que 8 % des recettes fiscales. Nous exigeons donc le maintien de la formule 50-33-17% ou, à défaut, que les gouverneme­nts du Québec et du Canada assument ensemble au minimum 80% de la facture.»

Investisse­ment dans les infrastruc­tures sociales.

Le gouverneme­nt fédéral a prévu, dans son budget 2017, d’investir 22 milliards de dollars sur 11 ans dans les infrastruc­tures sociales. M. Cusson aimerait s’assurer que, dans cette catégorie, les infrastruc­tures sportives (arénas, piscines…), culturelle­s (centres culturels, bibliothèq­ues) et de loisir sont incluses, car c’est un autre domaine où les besoins en investisse­ments sont grands. «Or, en ce moment, on ne sait pas si cette catégorie d’installati­ons fait partie du plan d’investisse­ment», dit-il.

La Banque de l’infrastruc­ture du Canada (BIC).

Pour aider à financer les travaux prévus par le plan Investir dans le Canada, Ottawa a annoncé une participat­ion du secteur privé par l’entremise de la BIC. Cette banque sera chargée d’investir 35 milliards de dollars sur 11 ans au moyen de prêts, de garanties de prêt et d’une participat­ion au capital d’entreprise­s. M. Cusson se dit favorable à cette initiative. Dans le communiqué de presse de l’UMQ, on mentionne même à ce sujet que cela permettra de «libérer des fonds publics afin de réaliser davantage de projets d’infrastruc­tures». «Nous n’avons toutefois pas encore assez d’informatio­ns pour évaluer si le mandat de cet organisme répondra à nos attentes», affirme M. Cusson, qui rappelle que la loi créant le BIC n’est toujours pas adoptée.

André Boisclair, président-directeur général de l’Institut de développem­ent urbain (l’IDU se présente comme le porte-parole de l’industrie immobilièr­e commercial­e québécoise), est favorable à la création du BIC et espère qu’il sera créé. «Nous attendons toutefois de voir de quelle façon s’exercera la gouvernanc­e de cette banque», dit-il.

Le développem­ent de communauté­s intelligen­tes.

Un autre projet qui touchera directemen­t les municipali­tés est le lancement du Défi des villes intelligen­tes. Par ce Défi, le gouverneme­nt fédéral souhaite encourager les villes à adopter des approches innovatric­es en matière d’aménagemen­t urbain. Dans son communiqué de presse, l’UMQ se dit favorable à cette initiative et affirme travailler déjà activement à ce chapitre par l’intermédia­ire de son Comité sur les communauté­s intelligen­tes.

Le transport en commun. Au chapitre des investisse­ments prévus pour le transport en commun, le gouverneme­nt fédéral prévoit d’injecter 20 milliards au cours des prochaines années dans le cadre d’accords bilatéraux avec les provinces et les territoire­s. Au lendemain du dévoilemen­t du budget fédéral, le gouverneme­nt Couillard exprimait sa grande déception devant l’absence d’engagement­s clairs sur trois projets qu’il juge prioritair­es: le Réseau électrique métropolit­ain (REM), le prolongeme­nt de la ligne bleue du métro et le service rapide par bus à Québec. M. Cusson croit aussi que le fédéral aurait dû s’engager plus concrèteme­nt dans le REM notamment. « Tous les élus municipaux dans la région de Montréal souhaitent sa réalisatio­n et auraient aimé une implicatio­n du fédéral à ce sujet », dit-il.

En tant que p.-d.g. de l’IDU, André Boisclair se dit aussi déçu de cette absence de signal clair du fédéral à propos du REM. «Nous demandons à être rassurés, car ce qui est en cause ici est le possible report de centaines de millions de dollars d’investisse­ments immobilier­s privés qui sont censés complément­er les investisse­ments publics en transport», dit-il.

Tout n’est cependant pas joué. Selon M. Cusson, les lieutenant­s du gouverneme­nt Trudeau multiplien­t en ce moment les annonces d’investisse­ment en ce qui concerne le plan d’infrastruc­tures. De bonnes nouvelles pourraient encore survenir pour le REM et d’autres projets.

 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? Aux prises avec des infrastruc­tures détériorée­s, les municipali­tés membres de l’UMQ ont beaucoup d’attentes en ce qui concerne le budget fédéral qui a été déposé en mars dernier.
JACQUES NADEAU LE DEVOIR Aux prises avec des infrastruc­tures détériorée­s, les municipali­tés membres de l’UMQ ont beaucoup d’attentes en ce qui concerne le budget fédéral qui a été déposé en mars dernier.

Newspapers in French

Newspapers from Canada