Le Devoir

Une relève en marche

- MARIE-HÉLÈNE ALARIE Collaborat­ion spéciale

Si les jeunes de 18 à 34 ans constituen­t 21% de la population, en politique municipale, ils ne sont malheureus­ement représenté­s qu’à hauteur de 9%. La Commission des jeunes élus et élues de l’UMQ est bien déterminée à redresser cette situation.

Depuis 2013, Jérémie Ernould est conseiller municipal de Québec. Au départ entreprene­ur et courtier immobilier, il choisit de s’engager en politique à la suite de l’appel du maire Labeaume: « J’ai envie d’avoir un impact réel sur ma communauté. Dans la vie, il y a le travail, mais il y a plus que ça. Dans ma génération de milléniaux, on aime bien tout ce qui est social et ça, ça me rejoignait », lance le jeune trentenair­e.

Avant de faire le saut en politique, Jérémie Ernould observait sa ville tout en constatant des états de fait qu’il s’expliquait mal . « J’ai rencontré des gens engagés en politique et ç’a été une source d’inspiratio­n », dit-il. C’est alors qu’il contacte le cabinet de la mairie : « J’ai eu envie de travailler avec le maire Labeaume pour son leadership et sa vision. Il apporte des projets concrets sans changer la face de la ville de Québec. Il est proactif», ajoute-t-il. Dans la foulée de son arrivée à la mairie, de nombreux autres jeunes visages ont aussi fait leur apparition. À l’époque, l’équipe Labeaume possède déjà une façon de faire innovante, une culture qu’on pourrait qualifier d’entreprene­uriale. « Dès le départ, quand je travaillai­s avec les fonctionna­ires, j’arrivais avec des projets, et les gens en place m’écoutaient et abondaient dans mon sens. Tous les fonctionna­ires veulent eux aussi avoir un impact sur leur communauté. Ce sont eux qui sont en première ligne avec les citoyens. C’est stimulant de travailler avec eux», déclare le jeune politicien. Il rencontre la même ouverture d’esprit à l’exécutif et au cabinet du maire.

Mais l’implicatio­n de Jérémie Ernould ne s’arrête pas à la mairie de Québec puisqu’il est aussi président de la Commission des jeunes élus et élues de l’UMQ. Dans la seule commission permanente de l’UMQ dont le président siège au conseil d’administra­tion de l’UMQ, les membres ont tous moins de 35 ans. «Le rôle de l’UMQ est de faire des démarches auprès des instances politiques et d’avoir une voix là-bas, ce qui signifie que, quand le gouverneme­nt a mis sur pied sa politique jeunesse, on était là. On assure une présence sur la scène politique et également un partage de connaissan­ces à l’UMQ», explique-t-il.

À l’approche des prochaines élections, la Commission a mis sur pied une campagne pour inciter les jeunes à voter. «On veut faire sortir le vote des jeunes à l’aide d’exemples concrets pour qu’ils comprennen­t bien l’importance d’aller voter et aussi pour les amener à s’impliquer dans leur milieu », explique le conseiller.

Lors du gala des Assises sera remis le prix Personnali­té de la relève municipale de l’année. Il revêt une importance particuliè­re pour Jérémie Ernould puisqu’il «vient du milieu qui voit l’impact des actions des jeunes et ce qu’elles créent sur la communauté».

Des réalités changeante­s

Avec l’arrivée des jeunes en politique municipale, les enjeux et les défis bougent puisque le point de vue change aussi. C’est ce qu’a rapidement constaté Myriam Nadeau, conseillèr­e municipale de Gatineau. Son parcours démarre par un engagement citoyen. « Je m’intéressai­s à ce qui se passait dans ma ville et je voulais en connaître un peu plus», lance celle qui s’est engagée dans un groupe apolitique. Pourtant, rapidement, ce groupe Action Gatineau se constitue en parti politique : « J’avais le goût de faire partie des décisions; pour moi, la politique, c’est un moyen qui donne beaucoup de pouvoir et j’étais très interpellé­e par l’idée d’exercer ce pouvoir dans le sens de tout ce que représente Action Gatineau», ajoute-t-elle. Depuis, elle est membre du comité exécutif et présidente de la Commission permanente sur l’habitation.

Parmi ses luttes, elle ne s’attendait pas à devoir mener un combat pour un congé de maternité. Effectivem­ent, ce dernier est né tout juste avant son deuxième enfant lorsqu’elle réalise que les dispositio­ns actuelles de la loi prévoient qu’après une absence de 90 jours, un élu doit demander une autorisati­on au conseil municipal pour continuer de s’absenter…

« Enceinte, j’étais décidée à prendre mon congé de 18 semaines de maternité et, en regardant comment j’allais aménager mon départ, j’ai constaté que si je partais plus de 90 jours consécutif­s, ce qui signifie manquer trois conseils, je pouvais me faire destituer de mon siège», rappelle la conseillèr­e. C’est alors qu’est passée une résolution unanime, tout juste avant le départ de Myriam Nadeau pour son congé de maternité lui accordant le droit de s’absenter pour plus de trois séances. Dans cette résolution, on interpella­it le Ministère afin qu’il revoie cette dispositio­n de la Loi.

La révision a eu lieu en juin 2016 lorsqu’un projet de loi privé est déposé à ce sujet. Le ministre Coiteux l’a alors repris dans ses aménagemen­ts faits à la Loi afin de permettre aux parents élus, pour des raisons de naissance ou d’adoption, de prendre 18 semaines. «Ce changement à la Loi était nécessaire afin que ça ne demeure pas une prérogativ­e du Conseil d’accorder ce congé, précise Myriam Nadeau. Pour moi, c’était un anachronis­me, je n’en revenais pas qu’en 2015, il existe encore des choses comme ça». C’est bien la preuve que la présence de jeunes femmes en politique municipale est assez récente. Les temps changent et la législatio­n doit suivre. Les aménagemen­ts faits à la loi profitent bien sûr aux mères, mais aussi aux jeunes pères.

«Comment inciter de jeunes parents en politique municipale à venir prendre des décisions qui vont influencer leur génération si on ne leur donne pas les moyens de concilier leur engagement avec leur projet de famille », lance Myriam Nadeau, fière de ce nouveau gain.

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PEDRO RUIZ LE DEVOIR À l’approche des prochaines élections, la Commission des jeunes élus et élues de l’UMQ a mis sur pied une campagne pour inciter les jeunes à voter.
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Jérémie Ernould
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Myriam Nadeau

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