Le Devoir

Lire aussi › Mauvais trimestre pour le début de l’ère Trump

La baisse de la consommati­on et le faible investisse­ment dans les stocks sont en cause

- VIRGINIE MONTET à Washington

Mauvaise surprise pour Donald Trump vendredi à la veille de fêter ses 100 jours au pouvoir: le chiffre de la croissance de l’économie américaine au premier trimestre est assez médiocre.

L’expansion économique des États-Unis s’est affaissée à 0,7% en rythme annuel de janvier à mars, signant sa cadence la plus faible en trois ans, freinée par des consommate­urs frileux, a indiqué le départemen­t du Commerce dans sa première estimation du PIB. Les analystes ne s’attendaien­t pas à une telle faiblesse et prévoyaien­t une expansion de 1,1%, après 2,1% au dernier trimestre 2016.

Au cours des premiers mois du mandat de Donald Trump, un écart s’est creusé entre les enquêtes de conjonctur­e optimistes d’une part et des indicateur­s plus mitigés d’autre part.

Deux facteurs majeurs ont radicaleme­nt pesé sur l’expansion américaine : le tassement de la consommati­on et le moindre investisse­ment dans les stocks. La quasi-stagnation des dépenses de consommati­on, qui n’ont avancé que de 0,3%, contre +3,5% au quatrième trimestre 2016, constitue leur plus médiocre progressio­n depuis le dernier trimestre de 2009, alors que le pays sortait d’une récession.

Moins de biens

Les Américains ont notamment acheté moins de voitures et de biens durables. Le temps exceptionn­ellement doux en janvier et février a aussi réduit les dépenses de chauffage et d’habillemen­t, notaient plusieurs analystes. Il y a également eu des retards dans les remboursem­ents annuels des prélèvemen­ts d’impôt qui ont pu expliquer la prudence des consommate­urs.

La Maison blanche n’a pas réagi à ces chiffres mais le secrétaire au Commerce Wilbur Ross a relevé dans un communiqué que «si le moral des entreprene­urs et des consommate­urs était solide», il fallait qu’il soit «libéré du carcan règlementa­ire et du joug des impôts qui inhibent la croissance économique».

«Il nous faut la réforme fiscale du Président, l’assoupliss­ement des règlementa­tions, les renégociat­ions commercial­es et la libération du secteur de l’énergie afin de pouvoir surmonter la lamentable économie héritée par l’administra­tion Trump», a-t-il affirmé.

Pour Paul Ashworth, de Capital Economics, leur allant devrait rebondir au deuxième trimestre vu le bon niveau du moral des ménages. Ces enquêtes de conjonctur­e montrent en outre, comme l’a indiqué vendredi l’Université du Michigan, auteure d’un baromètre mensuel du moral des ménages, qu’il y a de vastes différence­s d’opinion entre les soutiens du Parti républicai­n de Donald Trump et ceux de l’opposition démocrate. «Cela reflète toujours des perspectiv­es très pessimiste­s parmi les démocrates et, au contraire, très optimistes chez les républicai­ns», a indiqué Richard Curtin, chef économiste de l’Université du Michigan, en commentant vendredi une nouvelle hausse de la confiance des ménages en avril.

Autre facteur de taille qui a provoqué l’essoufflem­ent de l’expansion, les industriel­s ont choisi de puiser dans leurs stocks plutôt que de les reconstitu­er. Ce manque d’investisse­ments a coûté presque un point à la croissance. Dernier point noir, les dépenses du gouverneme­nt sont passées dans le rouge pour se replier de 1,7%, leur plus forte baisse depuis un an.

Ces mauvaises performanc­es ont été compensées par de bonnes nouvelles du côté du commerce extérieur, où les exportatio­ns sont reparties à la hausse (+5,8%) tandis que la croissance des importatio­ns s’est affaiblie. Le marché immobilier, qui connaît une hausse de prix soutenue depuis des mois, est passé à une croissance à deux chiffres (+13,7% pour l’investisse­ment résidentie­l).

L’investisse­ment des entreprise­s aussi s’est bien comporté, affichant sa meilleure progressio­n en trois ans (+9,4 %). Ces progrès ont été tirés par les industries minières et pétrolière­s, soutenues par les mesures du gouverneme­nt Trump. Le ministère a précisé que leurs investisse­ments s’étaient multipliés par quatre au premier trimestre.

Les Américains ont notamment acheté moins de voitures et de biens durables

Newspapers in French

Newspapers from Canada