DES PROFESSIONNELS À REVALORISER
Ils sont plus de 25 500 à travailler pour l’État québécois. Ce sont les professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec, représentés par le Syndicat des professionnelles et professionnels du Québec (SPGQ). Leurs fonctions sont multiples ; cela va de l’actuariat à la géologie en passant par l’ingénierie forestière et la muséologie. Au total, on compte plus d’une trentaine de disciplines professionnelles.
Et ces professionnels sont sans convention collective depuis maintenant deux ans. La principale pierre d’achoppement est le salaire. « La structure salariale des professionnels du gouvernement du Québec est archaïque et, sauf pour quelques rajustements, date de plusieurs décennies, DIÀUPH 5LFKDUG 3HUURQ SUpVLGHQW GX 63*4 $X ÀO GHV DQV les augmentations de salaire consenties aux professionnels ont toujours pWp HQ GHVVRXV GX WDX[ G·LQÁDWLRQ ce qui fait qu’aujourd’hui la strucWXUH VDODULDOH HVW QHWWHPHQW LQVXIÀsante pour répondre adéquatement aux exigences du marché du travail moderne. » Une simple comparaison suf
ÀW SRXU V·HQ FRQYDLQFUH « Si l’on prend, par exemple, le cas d’un analyste en procédés informatiques, ce dernier gagne 70 % de plus s’il travaille au sein de la fonction publique ontarienne, et 50 % de plus si c’est au sein de la fonction publique canadienne ou municipale québécoise. Selon les chiffres de l’Institut de la statistique du Québec, le même analyste gagne 23 % de plus s’il travaille ailleurs dans les services publics québécois, comme les universités et les commissions scolaires. L’écart salarial entre les professionnels du gouvernement québécois et les autres est donc considérable. » Les effets pervers
Le premier effet pervers de cette structure salariale inadéquate est l’absence et la perte d’expertise professionnelle au sein du gouvernement québécois. « La commission Charbonneau a clairement démontré que l’absence d’expertise au ministère des Transports avait mené au gaspillage, et même à la collusion. Elle a fortement recommandé que le gouvernement du Québec augmente considérablement son expertise professionnelle interne. » Et pour pallier ce manque d’expertise interne, le gouvernement du Québec doit avoir recours à la sous-traitance. « La sous-traitance est très coûteuse pour le gouvernement du Québec. L’on sait que les professionnels du gouvernement pourraient offrir ces services à meilleur coût et à meilleure qualité, s’ils en avaient la possibilité. »
La présente structure salariale nuit aussi grandement à l’embauche et à la rétention des professionnels. « Il est clair que les meilleurs candidats, les premiers de classe qui peuvent choisir leur emploi, ne viennent plus travailler pour le gouvernement du Québec, car ils jugent les salaires offerts ridicules. » Et ceux que le gouvernement réussit à embaucher? « Ils viennent WUDYDLOOHU TXHOTXHV DQQpHV DÀQ de compléter leur formation, PDLV GqV TX·LOV RQW VXIÀVDPPHQW d’expérience, ils partent et vont travailler ailleurs. » Et le problème ne se limite pas au seul ministère des Transports. « Tous les ministères sont aux prises avec ce problème. C’est le cancer qui gangrène la fonction publique québécoise. » La solution
« Présentement, au ministère des Transports, les professionnels sont capables de surveiller seulement 5 % des travaux et, même avec l’embauche promise de 1000 nouveaux professionnels, ce pourcentage ne grimpe qu’à 25 %. C’est dire s’il manque de l’expertise. » Un sérieux coup de barre V·LPSRVH GRQF HW 5LFKDUG 3HUURQ enjoint au premier ministre Couillard de demeurer fidèle à sa promesse. « Lors de son discours d’inauguration, Philippe Couillard a clairement indiqué qu’il ne fallait pas oublier l’expertise interne et qu’il souhaitait inciter plus de jeunes à faire carrière au sein de la fonction publique. Pour y arriver, il n’y a pas trente-six solutions, il faut un rattrapage salarial. » Une solution aujourd’hui, selon lui, à portée de main. « Le gouvernement a PLV ÀQ DX[ GpÀFLWV HW LO GpJDJH même un surplus budgétaire. La marge de manoeuvre existe donc bel et bien. Il est temps que le gouvernement lance un message clair à ses professionnels, pour leur dire qu’il les valorise et tient à leur expertise, en arrêtant dès maintenant de les traiter comme les parents pauvres du gouvernement du Québec. »