Le Devoir

Fumer avec Manu ? Mieux que plaisanter avec Marine !

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Christian Rioux figure parmi mes principale­s sources d’informatio­n sur l’élection présidenti­elle en France. Je suis l’heureux consommate­ur de ses reportages sur le cheminemen­t des campagnes ; ils font preuve d’un sens de l’observatio­n aiguë livré par une belle plume. Toutefois, le ton ricaneur qu’il a adopté dans sa chronique «Manu et Justin» (le 28 avril) est quelque peu agaçant. Il se sert du personnage d’Emmanuel Macron pour nous ressortir encore une fois les rengaines désormais connues à l’endroit du premier ministre canadien: les égoportrai­ts, le français de niveau cégep, son projet de légalisati­on de la marijuana. On mélange tout ça avec un rappel qu’il partage avec Macron un intérêt pour le théâtre lorsqu’il était étudiant. Ce ne sont pas des gens sérieux, quoi. C’est ce qu’on voudrait nous faire croire. De plus, ils sont tous deux fustigés pour privilégie­r l’ouverture à la mondialisa­tion avant l’affirmatio­n nationale, de vouloir suivre la marche de l’histoire plutôt que de «changer le monde». C’est injuste. La France se trouve en danger de tomber dans les mains d’une candidate dont le discours frôle le fascisme, tout en voulant sortir la France de l’Union européenne et de l’OTAN, voire du système occidental. Mme Le Pen, elle veut changer le monde. Et «Justin»? Seuls ceux qui s’efforcent de s’aveugler peuvent ne pas avoir remarqué le net changement dans le contenu et le caractère ainsi que, oui, le style et le ton de la gouvernanc­e sous Trudeau par rapport à ceux qui marquaient celle de son prédécesse­ur. Ce que « Manu » promet est grand. C’est sauver la France d’un cauchemar style Trump à la gauloise. Trudeau, pour sa part, fait toujours preuve d’un nouveau souffle réformiste au Canada après une décennie de fermeture et de retranchem­ent. Je préfère de loin l’image qu’évoque M. Rioux de Trudeau et Macron partageant un joint que de voir nos leaders politiques réduits à se comporter de façon respectueu­se à l’endroit d’une éventuelle présidente Le Pen pour conserver les bonnes relations avec l’Élysée. On a assez de ça à Washington. Christophe­r Neal, communicat­eur et journalist­e Westmount, le 28 avril 2017

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