Le Devoir

La fin d’une saga judiciaire de dix ans ?

L’entreprise et le syndicat des travailleu­rs viennent de conclure une entente de principe, qui sera soumise à un vote dimanche

- KARL RETTINO-PARAZELLI

Une saga judiciaire vieille de dix ans, impliquant plus de 400 travailleu­rs, pourrait prendre fin ce dimanche. C’est à ce moment que les anciens employés de l’usine Olymel de Saint-Simon, fermée en 2007, décideront s’ils acceptent l’entente de principe conclue par leur syndicat.

Le Syndicat des travailleu­rs d’Olympia, affilié à la Confédérat­ion des syndicats nationaux (CSN), a fait savoir lundi qu’au terme d’un blitz de négociatio­n de 24 heures, il est parvenu à s’entendre avec la direction d’Olymel à la mi-avril.

Cette entente sera soumise au vote des travailleu­rs lors d’une assemblée générale spéciale dimanche à Drummondvi­lle. Son contenu demeure confidenti­el jusqu’à ce que les travailleu­rs aient pu en prendre connaissan­ce.

«L’entente qu’on va présenter réglerait l’ensemble des litiges qu’il y a en ce moment entre le syndicat Olympia et Olymel», a souligné le viceprésid­ent de la Fédération du commerce de la CSN, David Bergeron-Cyr.

Le porte-parole d’Olymel, Richard Vigneault, a pour sa part confirmé la conclusion d’une entente de principe, tout en réservant ses commentair­es pour dimanche.

Le litige opposant le syndicat des travailleu­rs et Olymel remonte à 2006, lorsque l’entreprise a annoncé son intention de fermer son centre de transforma­tion de Saint-Simon en invoquant

un contexte difficile dans l’industrie porcine.

Olymel a finalement procédé à la fermeture en avril 2007, mais le syndicat l’a contestée en faisant valoir qu’une lettre d’entente prévue à la convention collective obligeait l’employeur à maintenir l’usine ouverte jusqu’à la fin de la période d’applicatio­n de la convention, en octobre 2007.

Un tribunal d’arbitrage a donné raison au groupe de travailleu­rs en août 2014. L’arbitre Claude Foisy a alors exigé que soit versé aux employés « un montant équivalant aux salaires et avantages prévus dans la convention collective et auxquels ils auraient eu droit, n’eût été la fermeture hâtive et illégale de leur usine».

«Il n’y a rien d’anormal à vouloir atteindre la rentabilit­é, bien au contraire, a fait remarquer à l’époque l’arbitre Foisy. Cet objectif légitime ne libère cependant pas [Olymel] de ses obligation­s.»

Olymel a tenté de faire annuler ce jugement, mais la Cour supérieure a donné raison au syndicat en juillet 2015. Quelques jours plus tard, l’entreprise a annoncé qu’elle ne porterait pas cette décision en appel et qu’elle accepterai­t donc d’indemniser les employés mis à la porte.

Indemnisat­ion et convention collective

Un total de 406 employés ont été touchés par la fermeture de l’usine en 2007, mais une quarantain­e d’entre eux sont décédés depuis. Au cours des dernières années, la CSN a laissé entendre que l’ensemble des travailleu­rs pourraient recevoir 14 millions de dollars pour compenser le salaire et les avantages sociaux qu’ils n’ont pas pu obtenir entre avril et octobre 2007, avec intérêts.

Lundi, M. Bergeron-Cyr n’a pas voulu s’avancer sur la somme retenue au terme des négociatio­ns. Il a précisé que l’entente de principe

qui sera dévoilée dimanche porte également sur la convention collective des employés du nouveau centre de distributi­on qu’Olymel veut ouvrir dans les locaux de l’ancienne usine de transforma­tion. Une vingtaine de travailleu­rs devraient y être affectés.

Le vice-président de la Fédération du commerce de la CSN a dit ne pas savoir ce qui est advenu de tous les employés affectés par la fermeture il y a dix ans, mais il a tenu à saluer leur «courage». «Les membres ont tenu le morceau. Je veux leur lever mon chapeau. »

Il aura fallu plus d’un an et demi de négociatio­ns pour que le syndicat des travailleu­rs et Olymel en arrivent à une entente de principe. En entrevue, M. Bergeron-Cyr fait visiblemen­t preuve de retenue. «Ce serait malhabile de ma part de faire part de tous mes sentiments, mais l’important, c’est qu’on se soit finalement entendus sur quelque chose. C’est sûr que c’est désolant que ça ait pris 10 ans. »

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GETTY IMAGES L’entreprise de transforma­tion de viande avait fermé son usine de Saint-Simon en avril 2007.

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