Économie : le taux horaire du salaire minimum passe à 11,25$
Des organisations promettent de poursuivre leur campagne pour un taux à 15 $
Le taux général du salaire minimum passe à 11,25$ l’heure. Les chambres de commerce s’en réjouissent alors que des organisations de la société civile promettent de poursuivre leur campagne pour un taux à 15 $.
En cette journée internationale des travailleurs, le gouvernement du Québec a rappelé qu’à compter de lundi, le taux général du salaire minimum passe à 11,25%, en hausse de 50¢. Celui des travailleurs à pourboire passe de 9,20$ à 9,45$. À titre de comparaison, le taux général est actuellement de 11,40 $ l’heure en Ontario et passera à 11,60$ en octobre. Au Nouveau-Brunswick, il se situe à 11 $.
Pour la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), il s’agit d’une augmentation raisonnable. Tout en bonifiant la capacité de payer des travailleurs à faible revenu, la hausse tient compte de ses impacts sur l’économie et sur les entreprises québécoises, dit la Fédération dans son communiqué. «Dans un contexte où les entreprises ont besoin de main-d’oeuvre, cette augmentation est raisonnable, prévisible, tient compte de la capacité de payer des employeurs et vise un incitatif au travail dans le temps», a déclaré le p.-d.g. Stéphane Forget.
À l’opposé, la coalition de sociétés civiles derrière la campagne 5-10-15 n’entend pas lâcher prise quant à la revendication d’un salaire minimum à 15 $ l’heure. La hausse en vigueur de 50¢ «est nettement insuffisante pour permettre aux travailleurs les plus démunis de se sortir de la pauvreté », a martelé l’organisation, qui compte nombre de syndicats parmi ses membres ainsi que le Front de défense des non-syndiqués et le Collectif pour un Québec sans pauvreté.
Objectif 12,45$
Cette campagne avait été lancée en octobre 2016. Une première réponse est venue à la fin de janvier dernier. En annonçant l’augmentation du 1er mai, la ministre du Travail, Dominique Vien, avançait la cible de 12,45$ pour 2020. Québec fixait alors un échéancier d’augmentations sur plusieurs années et une cible équivalant à 50% du salaire moyen. Après la hausse de 50¢ cette année, le gouvernement prévoit des augmentations de 50 ¢ en 2018, de 35 ¢ en 2019 et de 35 ¢ en 2020. La ministre liait alors la cible des 15$ à la progression du salaire moyen.
La FCCQ a réitéré dans son communiqué que la hausse du salaire minimum ne constitue pas la seule mesure de lutte à la pauvreté, évoquant des mesures sociales et fiscales ciblées. La Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke a publié lundi une note mesurant notamment les effets de la hausse du salaire minimum sur différents ménages québécois. Le document est signé par Luc Godbout, professeur titulaire et chercheur principal, et par Suzie StCerny, professionnelle de recherche. C’est le couple avec enfants et deux revenus au salaire minimum qui voit son revenu disponible augmenter plus fortement, avec une progression de 6,6 % entre 2016 et 2017. Dans les faits, pour ce couple, la hausse du salaire minimum n’explique que 18% de la croissance du revenu disponible, l’essentiel venant de l’augmentation des prestations fédérales pour enfants.
À l’autre bout du spectre, un couple sans enfant avec un seul revenu affiche la plus faible croissance du revenu disponible, soit 3,4%. La hausse du salaire minimum compte cette fois pour 85% de cette progression, le reste découlant des changements et de l’indexation des paramètres des impôts et des prestations. Ainsi sauf pour le premier cas, la hausse du salaire minimum explique la majorité de l’amélioration du revenu disponible des cinq autres segments, dans une proportion allant de 55 à 85 %.
Indicateur de pauvreté
Dans un sens plus large, les auteurs de la note ont retenu la mesure du panier de consommation (MPC) comme indicateur de pauvreté et établissent un ratio visant à observer si le revenu disponible s’éloigne de cette balise. Toujours pour un travail au salaire minimum, à la fois les personnes seules, les familles monoparentales et les couples, avec ou sans enfant et avec un ou deux revenus, voient leur taux de couverture de la MPC augmenter entre 2016 et 2017, l’amélioration variant entre deux et sept points de pourcentage.
Il revient au couple sans enfant, avec un seul conjoint travaillant au salaire minimum, d’afficher le plus faible taux de couverture du MPC, soit 103% en 2017. À l’autre extrémité, le couple sans enfant avec deux conjoints travaillant au salaire minimum obtient le taux le plus élevé, à 153 %.
Pour la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), il s’agit d’une augmentation raisonnable