Le Devoir

Se loger sans se ruiner, est-ce encore possible ?

- LISA-MARIE GERVAIS

Dans la lutte contre la gentrifica­tion, le logement est le nerf de la guerre, rappelle Guillaume Dostaler, de l’organisme Entraide logement, qui aide à la défense des droits des locataires dans le quartier Hochela-Maisonneuv­e. « On se plaint de l’évolution des commerces, mais ce n’est pas la bonne cible, car c’est en aval du phénomène. En amont, c’est un problème de logement», soutient-il.

Reprise de logement sous de mauvais prétextes, rénovation­s longues et coûteuses qui se traduisent par des hausses de loyer exorbitant­es, évictions négociées : les locataires font face à bien des difficulté­s.

«On valorise beaucoup les mesures qui vont venir réguler le marché immobilier et la protection des locataires. Il faut aussi améliorer le contrôle des loyers», souligne M. Dostaler. Très peu de loyers ont actuelleme­nt un prix fixé et protégé par la Régie du logement. Il faudrait établir un certain seuil «si jamais le propriétai­re exagère», notamment quand le logement change de main. Ou si le propriétai­re tente d’évincer le locataire en lui offrant une indemnisat­ion ou en procédant à des rénovation­s abusives (sur le plan du bruit et des coûts).

Pour Gilles Sénécal, chercheur à l’Institut national de la recherche scientifiq­ue qui a travaillé à documenter la gentrifica­tion dans Hochelaga-Maisonneuv­e en vue des assises de dimanche sur le sujet, les plus vulnérable­s sont les locataires en place, qui ont des revenus modestes, mais qui ne se qualifient pas pour des logements sociaux. « Que fait-on pour eux ? Les mesures de protection de la Régie du logement ne sont pas très étanches, dit-il. La question des locataires m’apparaît comme l’enjeu principal dans les discussion­s et dans les interventi­ons que l’arrondisse­ment peut faire.»

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