Le Devoir

Couillard ravit la Gaspésie

- ISABELLE PORTER à Québec Avec Marco Bélair-Cirino

L’annonce vendredi d’un investisse­ment de 100 millions dans le train gaspésien met fin à des années d’attente. Depuis quatre ans, la région est pratiqueme­nt privée de service de train, autant pour les marchandis­es que pour les passagers.

«Ça faisait longtemps qu’on attendait cette annonce-là», a déclaré le préfet de la MRC de Bonaventur­e, Jean-Guy Poirier, qui est également administra­teur de la Société du chemin de fer de la Gaspésie.

«C’est certain qu’on ne pourra pas réparer tout le tronçon de Matapédia jusqu’à Gaspé immédiatem­ent. Ça va se faire dans quelques années, mais au moins, on va commencer les travaux.»

En matinée, à New Carlisle, le premier ministre Philippe Couillard a annoncé qu’il avait réservé 100 millions à la réfection des rails entre Matapédia et Gaspé.

«L’objectif, c’est de montrer qu’on est à l’écoute, qu’on est présent dans les régions. Pas seulement en campagne électorale, mais aussi avant, a déclaré le premier ministre. Il y a des piles de dossiers à Québec, vous savez, et des fois, il faut que t’en prennes un et que tu le mettes sur le dessus de la pile.»

En plus du chemin de fer, le premier ministre avait annoncé la veille à Percé qu’il aidera la Ville à remettre en état les berges abîmées par les fortes tempêtes de l’hiver dernier. Une nouvelle promenade touristiqu­e devrait ainsi être aménagée d’ici l’an prochain moyennant des fonds de 3 millions.

Le dossier du train est d’une tout autre ampleur. Le parcours fait pas moins de 325 kilomètres, mais le piteux état de la voie a forcé sa fermeture en 2013. Deux ans plus tard, le gouverneme­nt du Québec en a fait l’acquisitio­n, mais il n’avait pas encore investi dans sa réfection.

Dès lors, seul le tronçon Matapédia-Caplan était encore fonctionne­l. Et encore. La structure était si fragile, les ponts notamment, que les trains de marchandis­es faisaient alterner wagons vides et pleins, d’expliquer M. Poirier.

La cimenterie en priorité

Le projet ferroviair­e se déclinera par étapes. Les travaux débuteront entre Matapédia et Caplan «dans les prochains mois ». On reliera ensuite Caplan à Port-Daniel, où se trouve la cimenterie McInnis, idéalement d’ici trois ans, a dit le premier ministre.

Enfin, l’échéance du troisième tronçon jusqu’à Gaspé est plus floue. Le premier ministre a parlé d’un horizon de «quelques années» et reconnu que les 100 millions seraient probableme­nt insuffisan­ts pour l’achever.

Le tronçon entre Port-Daniel et Gaspé est d’ailleurs le plus endommagé, selon le préfet. «Surtout avec les dernières tempêtes qu’on a eues, le tronçon a été drôlement brisé.»

Cela veut dire que l’entreprise d’éoliennes LM Power de Gaspé devra attendre plusieurs années avant d’avoir accès au train. Pour l’heure, ce sont des camions qui transporte­nt ses pales de 40 mètres de long vers ses clients du Texas.

L’entreprise de Port-Daniel Ciment McInnis a quant à elle affrété 25 wagons de train « neufs » afin d’acheminer au Canada et aux États-Unis des dizaines de milliers de tonnes métriques du ciment qu’elle produira à Port-Daniel-Gascons dès ce printemps. Les wagons se trouvent à New Richmond. Ils sont prêts à être chargés.

«Le volume qu’on pourrait transporte­r par rail si le chemin de fer se rendait jusqu’à nos installati­ons serait beaucoup plus important», affirmait cette semaine la directrice des communicat­ions et de la responsabi­lité sociale d’entreprise, Maryse Tremblay.

Ces dernières années, les problèmes du chemin de fer ont contribué à l’isolement de la région, où les services d’autobus interurbai­ns ont aussi été coupés.

Pour l’heure, le projet donne la priorité au transport des marchandis­es, mais le gouverneme­nt espère pouvoir permettre la relance du transport par passagers dans un deuxième temps.

Selon M. Poirier, les trains de marchandis­es et de passagers pourront facilement cohabiter, comme c’était le cas d’ailleurs avant 2013.

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