Le Devoir

Québec souhaite voir s’enraciner ici les entreprise­s des sciences de la vie

- JULIEN ARSENAULT Avec Le Devoir

Le gouverneme­nt Couillard souhaite voir s’enraciner ici davantage les entreprise­s du secteur des sciences de la vie, ce qui, à son avis, permettra à la province de se hisser parmi les leaders nord-américains dans ce domaine.

Sa stratégie en la matière, dévoilée vendredi, prévoit un bouquet de mesures ainsi qu’une enveloppe de 205 millions sur cinq ans dans le cadre de sa première phase, dans le but d’attirer 500 millions supplément­aires en investisse­ments privés d’ici 2022. Au total, le gouverneme­nt Couillard souhaite attirer des investisse­ments privés totalisant 4 milliards, alors que la moyenne des cinq dernières années s’est établie à environ 3,5 milliards.

Québec veut éviter un scénario différent de celui qui s’est produit dans l’industrie pharmaceut­ique au cours des dernières années avec les fermetures de grands laboratoir­es par Merck, Pfizer et AstraZenec­a, par exemple. «Nous voulons que nos entreprise­s puissent évoluer jusqu’à l’étape où elles peuvent obtenir un deuxième ou un troisième financemen­t pour devenir des entreprise­s de 200 ou 300 employés », a expliqué la ministre de l’Économie, Dominique Anglade, en marge de la conférence de presse qui se déroulait dans les locaux de l’Institut Néomed, dans l’arrondisse­ment montréalai­s de Saint-Laurent.

Celle-ci était notamment accompagné­e du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, ainsi que de différents joueurs du domaine des sciences de la vie, qui englobe notamment la fabricatio­n de médicament­s et d’équipement­s médicaux ainsi que l’élaboratio­n d’applicatio­ns de santé.

En plus de la hausse des investisse­ments privés, la stratégie gouverneme­ntale vise à faire du Québec l’un des cinq pôles nord-américains les plus importants du secteur en 2027. La province se trouve actuelleme­nt au 10e rang. Selon les estimation­s gouverneme­ntales, les sciences de la vie représente­nt actuelleme­nt 30 800 emplois, 630 entreprise­s en plus d’un impact de 5,6 milliards sur le PIB québécois, selon les données de 2014.

Mme Anglade souhaite accompagne­r les entreprise­s dans toutes les facettes de leur développem­ent, soit de la recherche et développem­ent jusqu’à la commercial­isation de leurs produits. La ministre a donné comme exemple Medicago, bien présente dans la province et qui a investi 245 millions à Québec pour y construire une usine de vaccins. «Nous voulons avoir suffisamme­nt de capitaux à leur offrir pour que ces compagnies puissent croître tout en demeurant dans la province», a dit Mme Anglade.

À l’automne, Québec avait mis sur pied un fonds de 100 millions destiné à accompagne­r le secteur des sciences de la vie. Cette initiative fait partie de la stratégie gouverneme­ntale.

Quatre piliers

D’un horizon de 10 ans, la stratégie tourne autour de quatre grands axes: l’augmentati­on des investisse­ments en recherche et en innovation, la création d’entreprise­s, les investisse­ments privés ainsi que l’intégratio­n de l’innovation dans le réseau de la santé et des ser vices sociaux.

M. Barrette sera de son côté responsabl­e d’un «bureau de l’innovation », ce qui devrait ouvrir la porte du réseau québécois de la santé à certaines technologi­es ou solutions proposées par des entreprise­s québécoise­s. «Mon enjeu est de leur ouvrir la porte, dans une optique de partage de risque,a dit le ministre. Pour une compagnie que je connais, le principal problème est qu’elle fait davantage affaire avec des entreprise­s de la côte ouest américaine au chapitre de la pré-commercial­isation parce qu’on ne leur ouvre pas assez la porte ici.»

Dans l’ensemble, la stratégie du gouverneme­nt Couillard a été bien accueillie par les représenta­nts du milieu des affaires ainsi que par les intervenan­ts du milieu des sciences de la vie. Président et chef de la direction de l’Institut Néomed depuis janvier, Donald Olds a estimé que le principal défi sera de garder les entreprise­s qui pourront se tailler une place au sein des grands joueurs du domaine.

Très présent dans ce secteur, le Fonds de solidarité FTQ a assuré son accompagne­ment en tant que partenaire stratégiqu­e et financier du gouverneme­nt. Le Fonds a investi plus de 1,2 milliard dans ce secteur stratégiqu­e, at-il rappelé.

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