Le Devoir

Pyongyang accuse la CIA d’un complot d’assassinat

- AUDE MASSIOT

La Corée du Nord a publié vendredi un rapport détaillant l’organisati­on du présumé assassinat qui devait tuer le leader du régime dictatoria­l avec des agents biochimiqu­es.

La Corée du Nord n’est apparemmen­t pas prête à calmer le jeu dans le conflit larvé qui l’oppose à la Corée du Sud et aux États-Unis. Alors que Donald Trump assurait, lundi, qu’il serait « honoré » de rencontrer Kim Jong-un dans les «bonnes circonstan­ces», Pyongyang a fait un nouveau pas dans l’escalade des tensions envers Washington. Vendredi, dans un communiqué, le ministère nord-coréen de la Sécurité de l’État a affirmé avoir déjoué «un complot vicieux» fomenté par un groupe « terroriste hideux » pour assassiner le chef nord-coréen. L’attaque devait avoir lieu lors d’une parade militaire à Pyongyang ou au Palais du Soleil Kumsusan, le mausolée du père fondateur national Kim Il-sung.

Selon l’agence de communicat­ion du régime, la KCNA, un Nord-Coréen prénommé «Kim» aurait été recruté pendant l’été 2014 alors qu’il travaillai­t en Russie. Il y aurait été «corrompu et acheté» par la CIA et les services de renseignem­ent sud-coréens. Un rapport détaillé publié par le régime précise qu’un «émetteurré­cepteur satellite» lui aurait été fourni pour communique­r avec Séoul. Deux ans plus tard, courant 2016, des agents sudcoréens lui auraient fourni des substances biochimiqu­es pour organiser cet assassinat finalement déjoué.

«Ordure humaine»

Ces allégation­s rappellent les circonstan­ces de la mort du demi-frère du dirigeant nord-coréen, Kim Jong-nam, assassiné avec un agent neurotoxiq­ue très puissant utilisé comme arme chimique, le 13 février dernier, à l’aéroport de Kuala Lumpur, en Malaisie.

La dernière date qui figure dans le rapport est « début mai 2017 », quand «Kim» est censé avoir reçu «des équipement­s nécessaire­s » dont la nature n’est pas précisée. Depuis, on ne sait pas ce qu’il est arrivé à l’individu traité d’«ordure humaine» dans le communiqué.

« Une déclaratio­n de guerre»

Les différents services de renseignem­ent auraient versé deux paiements à «Kim» de 20 000$, puis deux autres de 100 000 $. Il aurait eu aussi un complice chinois. Un élément révélateur des nouvelles tensions qui émergent entre la Chine et la Corée du Nord depuis quelques semaines. « La Chine a franchi la ligne rouge» dans ses relations avec Pyongyang, qui «ne mendiera jamais l’amitié de Pékin», a déclaré le régime jeudi dans un communiqué. La décision de Pékin de mettre en oeuvre les sanctions internatio­nales, avec l’arrêt de l’importatio­n du charbon nord-coréen en février, et l’annonce d’un possible arrêt de la fourniture de pétrole, a fait monter la colère de Pyongyang.

«Nous démasquero­ns et détruirons sans pitié le dernier des terroriste­s de la CIA et des renseignem­ents fantoches de Corée du Sud», ajoute le communiqué, qui affirme que le complot équivaut à « une déclaratio­n de guerre ». Les tensions sont montées ces derniers mois dans la péninsule alors que la Corée du Nord a poursuivi le développem­ent de ses programmes nucléaire et balistique interdits par la législatio­n internatio­nale, et multiplié les essais de missiles.

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AGENCE FRANCE-PRESSE Pyongyang affirme que la CIA et le renseignem­ent sud-coréen ont engagé un citoyen nord-coréen pour assassiner Kim Jong-un.

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