Le Devoir

Inde : des peines capitales pour le viol collectif de 2012

- JALEES ANDRABI ALEXANDRE MARCHAND à New Delhi

La Cour suprême de l’Inde a confirmé vendredi la condamnati­on à mort de quatre hommes pour le viol en réunion de New Delhi en 2012 qui avait révulsé le pays, un jugement salué localement pour sa fermeté contre les agressions sexuelles.

Cette affaire lourde en symboles avait soulevé une intense émotion populaire au sein de la société indienne et dans le monde. Elle avait jeté une lumière crue sur les violences subies par les femmes dans ce pays de 1,25 milliard d’habitants.

Le 16 décembre 2012, une étudiante en kinésithér­apie âgée de 23 ans avait été violée avec une brutalité extrême par six jeunes hommes à bord d’un bus en mouvement dans la capitale indienne, devant son compagnon impuissant. La victime avait par la suite succombé à ses blessures.

Quatre des accusés avaient saisi la Cour suprême, plus haute instance judiciaire de la nation, pour contester leur condamnati­on à mort prononcée en 2013 ainsi qu’en appel l’année suivante. Un verdict finalement maintenu au terme de près d’un an d’audience.

«S’il y a bien une affaire qui nécessite la peine de mort, alors c’est celle-ci», a déclaré le juge R. Banumathi, alors que la lecture du jugement a été accueillie par des applaudiss­ements dans la salle d’audience, selon les médias locaux.

Appel possible

En ultime recours, les accusés peuvent en appeler au président de l’Inde pour solliciter une grâce. La défense a indiqué d’abord considérer une complexe procédure interne pour demander à la Cour suprême de réexaminer la décision.

Intervenan­t quatre ans et demi après les faits, le verdict «a mis du temps à venir, mais nous sommes heureux, maintenant qu’il est arrivé. Désormais, nous souhaitons seulement les voir pendus sous peu», a témoigné pour sa part Badrinath Singh, le père de la victime, devant la presse.

Akshay Thakur, Pawan Gupta, Vinay Sharma et Mukesh Singh, originaire­s de zones rurales pauvres, habitaient un bidonville du sud de la capitale indienne et vivaient de petits boulots.

Un cinquième suspect, le chauffeur du bus présenté comme le meneur, est mort avant le procès en prison, où il se serait suicidé.

Quant au sixième, âgé de 17 ans à l’époque des faits, il n’avait écopé que de trois ans de prison, peine maximale prévue pour les mineurs. Sa libération fin 2015 avait déclenché un tollé dans le pays.

Manifestat­ions massives

L’horreur vécue par l’étudiante et son compagnon, vus comme des symboles d’une classe moyenne citadine émergente, avait déclenché des manifestat­ions massives à travers le pays et forcé le gouverneme­nt à promettre une meilleure protection des femmes.

Le soir de ce funeste 16 décembre 2012, Jyoti Singh sortait du cinéma d’un centre commercial du sud de la capitale avec son compagnon.

Monté à bord d’un bus privé, le couple avait été séquestré à bord du véhicule. La jeune femme avait été violée tour à tour par ses agresseurs, y compris avec une barre en métal, avant d’être jetée sur le bord de la route.

Elle est morte d’une hémorragie interne deux semaines après dans un hôpital de Singapour, tandis que l’affaire faisait la une des médias internatio­naux.

Si environ 400 personnes attendent dans le couloir de la mort en Inde, selon une étude de l’Université de Delhi en 2016, les exécutions restent rarissimes. La dernière pendaison remonte à 2015, et la précédente à deux ans auparavant.

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