Le Devoir

L’équipe Macron dénonce un « piratage massif »

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Paris — L’équipe de campagne du candidat centriste Emmanuel Macron a dénoncé vendredi une « action de piratage massive et coordonnée», y voyant une «opération de déstabilis­ation » à quelques heures du second tour de la présidenti­elle française face à la candidate d’extrême droite, Marine Le Pen.

Cette opération, «survenant dans la dernière heure de la campagne officielle [la campagne a officielle­ment pris fin à minuit], relève manifestem­ent de la déstabilis­ation démocratiq­ue, comme cela s’est déjà vu aux États-Unis pendant la dernière campagne présidenti­elle», a plaidé En marche !, le mouvement du candidat centriste, dans un communiqué.

Ces fichiers piratés et diffusés «sur les réseaux sociaux » sont des informatio­ns « internes » à la campagne d’Emmanuel Macron, comme des courriels ou des « documents comptables », précise En marche !.

Ces documents divers, « des dizaines de milliers de courriels, de photos et de pièces jointes datant du 24 avril au plus tard» (soit le lendemain du premier tour de la présidenti­elle), selon WikiLeaks, sont notamment accessible­s via un lien hypertexte relayé par le site sur son compte Twitter.

WikiLeaks a assuré au passage ne pas être à l’origine de cette opération de piratage qu’il baptise «MacronLeak­s».

Vendredi soir, sur Twitter, l’extrême droite a beaucoup relayé ces documents piratés.

«Les #MacronLeak­s apprendron­t-ils des choses que le journalism­e d’investigat­ion a délibéréme­nt tuées? Effrayant, ce naufrage démocratiq­ue», a lancé le vice-président du FN, Florian Philippot, juste avant minuit, heure de la fin de la campagne officielle.

«Les fichiers qui circulent ont été obtenus il y a plusieurs semaines grâce au hacking de boîtes de courriels personnell­es et profession­nelles de plusieurs responsabl­es du mouvement», précise En marche!, ajoutant que ces documents sont tous «légaux».

«Le mouvement En marche! a été victime d’une action de piratage massive et coordonnée donnant lieu ce [vendredi] soir à la diffusion sur les réseaux sociaux d’informatio­ns internes de nature diverse (courriels, documents comptables, contrats…) », indique le mouvement du finaliste de l’élection présidenti­elle.

« Ceux qui font circuler ces documents ajoutent à des documents authentiqu­es nombre de faux documents, afin de semer le doute et la désinforma­tion », poursuit l’équipe de M. Macron, en faisant donc un parallèle avec le piratage qui avait visé l’équipe d’Hillary Clinton, la candidate démocrate à la présidenti­elle américaine, en 2016.

Moscou suspecté

«Ceux

qui font circuler ces documents ajoutent à des documents authentiqu­es nombre de faux documents, afin de semer le doute et la désinforma­tion L’équipe En marche! d’Emmanuel Macron

Les agences de renseignem­ent américaine­s ont accusé la Russie d’avoir interféré dans l’élection présidenti­elle des États-Unis l’an dernier pour favoriser Donald Trump, notamment par un piratage du Parti démocrate d’Hillary Clinton.

«Pendant toute cette campagne, En marche! a constammen­t été le mouvement le plus visé par de telles initiative­s, de façon intense et répétée», peut-on encore lire dans ce long communiqué d’En marche !.

En février, les serveurs du mouvement avaient été coupés durant quelques minutes à la suite d’attaques venant de l ’Ukraine, selon En marche!. En mars, le mouvement d’Emmanuel Macron avait été la cible de tentatives d’hameçonnag­e (« phishing ») attribuées à un groupe russe, selon l’entreprise japonaise de cybersécur­ité Trend Micro.

L’équipe Macron soupçonne aussi Moscou d’avoir voulu favoriser des candidats favorables à un rapprochem­ent avec la Russie, comme sa rivale du Front national au second tour, Marine Le Pen. Le Kremlin a démenti à plusieurs reprises ces accusation­s, affirmant n’avoir « jamais eu l’intention de gêner les affaires intérieure­s d’un pays ».

Selon l’entourage du candidat, « l’ambition des auteurs de cette fuite est de toute évidence de nuire au mouvement En marche! à quelques heures du second tour de l’élection présidenti­elle française».

Islamiste arrêté

Par ailleurs, un islamiste ayant prêté allégeance aux djihadiste­s du groupe État islamique a été arrêté en France près d’une base militaire vendredi.

Un ancien militaire converti à l’islam et sous surveillan­ce depuis 2014 pour sa radicalisa­tion a été arrêté dans la nuit de jeudi à vendredi, près de la base aérienne d’Évreux, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Paris. C’est sa voiture garée près de la base qui a alerté les autorités.

L’homme avait prêté allégeance au groupe EI, selon une clé USB saisie dans son véhicule, où se trouvaient également des drapeaux du groupe EI. Un fusil à pompe a aussi été découvert dans un fourré proche.

Les enquêteurs cherchent notamment à déterminer si le suspect était sur le point de commettre une action violente ou s’il procédait à des préparatif­s.

Le 20 avril, trois jours avant le premier tour de la présidenti­elle, un policier avait été tué sur l’avenue parisienne des Champs-Élysées. L’attaque avait été revendiqué­e par le groupe EI, à l’origine de la plupart des attentats qui ont fait 239 morts dans le pays depuis janvier 2015.

Avant la clôture de la campagne officielle à minuit, qui impose un silence médiatique, Emmanuel Macron voit son avance confortée dans les derniers sondages, avec 61,5 à 63% des voix, contre 37 à 38,5 % pour Marine Le Pen.

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JOËL SAGET AGENCE FRANCE-PRESSE La candidate à la présidenti­elle française du Front national, Marine Le Pen, a affirmé vendredi qu’elle croyait pouvoir remporter une victoire-surprise ce dimanche, au terme du second et décisif tour de l’élection. Son rival, le candidat centriste...

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