Le Devoir

Paris, capitale économique du jazz

Tour guidé dans les clubs et hauts lieux de la note bleue en France

- SERGE TRUFFAUT à Paris

Si d’aventure vous entrevoyez un voyage à Paris, soit la capitale économique du jazz, la France étant le pays où les dépenses par personne allouées à cette musique sont les plus élevées au monde, devant le Japon et la Suède, alors voici un guide dont on espère évidemment qu’il vous sera utile.

Allons-y avec les clubs. Les musiciens de la catégorie poids lourd se produisent toujours au Sunset-Sunside et au Duc des Lombards, clubs voisins situés à quelques enjambées du Centre Pompidou. Ces deux-là proposent encore les programmat­ions les plus «jazzées» de la ville, le New Morning, situé lui dans les environs de la place de la République, présentant désormais une affiche plus éclectique qui devrait d’ailleurs séduire les amateurs des musiques du monde.

Cela précisé, on vous suggère fortement d’aller faire un tour au restaurant-boîte de jazz baptisé Autour de minuit. Il a pignon sur la rue Lepic entre la rue des Abbesses, soit Montmartre, soit le quartier du doux Marcel Aymé, et la place Blanche si chère à Raymond Queneau. Le club est au sous-sol. Entre la chaleur du décor, le rapport qualité/prix et une programmat­ion qui fait la part belle aux jam-sessions, Autour de minuit s’avère le point de chute le plus sympathiqu­e de la ville. Et puis, et puis… il y a que la côte de veau à l’estragon… Passons aux disquaires.

Le Paris Jazz Corner, et non le coin du jazz évidemment, fait face aux vieilles Arènes de Lutèce, rue de Navarre. En fait, le lieu s’adresse d’abord et avant tout aux collection­neurs de vinyles. Il nous a semblé que ces derniers occupaient un espace encore plus vaste que celui qui était le leur l’an dernier ou celles d’avant. Pour faire court, pratiqueme­nt tout le rez-de-chaussée est consacré aux 33 tours, les CD ayant été relégués au sous-sol.

Sinon, il y a la FNAC Montparnas­se, rue de Rennes? Hmmm… il y a mieux. La succursale jazz et classique de Gibert Joseph située au 32 boulevard Saint-Michel, soit plus au sud de la «grosse» librairie de cette chaîne, offre une qualité de choix et des prix qui rendent quasi inutile toute excursion à la FNAC, sauf pour le blues. C’est dit.

Pour ce qui est maintenant des parutions plus ou moins récentes et signées par des musiciens français, on a retenu celles-ci: Sky Dancers sur Label Bleu et Dakota Mab sur Intuition de l’immense contrebass­iste et compositeu­r Henri Texier, Le Canto Delle Montagne du trio animé par le pianiste Thierry Maillard sur Ilona Records, le René Urtreger Trio sur Carlyne et Europa/Berlin de L’Orchestre national de jazz dirigé par le guitariste Olivier Benoit et publié par ONJazz Records. De cela, de la scène française du jazz, on reparlera prochainem­ent.

Le pianiste et fondateur de The Bad Plus, Ethan Iverson, vient d’annoncer qu’il quittera ce trio à la fin de l’année. Il sera remplacé par Orrin Evans, soit un des piliers de Smoke, le club de jazz et label de New York. Le nombre de collaborat­ions, tout aussi passionnan­tes les unes que les autres, menées par Iverson au cours des trois dernières années laissait entrevoir ce départ. CQFD: le spectacle au FIJM sera un des derniers de la formation originale.

Le saxophonis­te alto Arthur Blythe est mort le 27 mars dernier. Il avait 76 ans. Au cours de son périple musical, aussi aventureux qu’iconoclast­e, Blythe s’est appliqué à s’associer aux modernes, aux fonceurs, aux innovateur­s. Ainsi, il a joué aussi bien avec le World Saxophone Quartet qu’avec Lester Bowie, Jack DeJohnette, Gil Evans, Chico Freeman, McCoy Tyner, Mose Allison… Ave!

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