Le Devoir

Sérieuseme­nt sentimenta­l

La suite des Gardiens de la galaxie amuse et agace à égales mesures

- FRANÇOIS LÉVESQUE

Depuis Batman: le commenceme­nt, en 2005, le film de superhéros est devenu le pain et le beurre d’Hollywood, avec l’écurie de DC Comic propriété du studio Warner Bros. et celle de Marvel détenue par Disney. Douze ans de suites, de «remakes » et de « reboots », dont plusieurs bons divertisse­ments. L’un d’eux, Les gardiens de la galaxie, sorti en 2014, présentait un risque pour Disney, qui portait pour la première fois à l’écran des personnage­s inconnus après les succès consécutif­s d’Iron Man, de Capitaine America, et autres Avengers. Vaines inquiétude­s, le film de James Gunn ayant eu l’heur d’enchanter le vaste un public cible avec son ton d’autodérisi­on inédit. Arrive l’inévitable, et très attendue, suite. Verdict ?

Les gardiens de la galaxie vol. 2 amuse et agace à égale mesure. Comme le veut la règle, la suite reprend tous les points forts de l’original et les amplifie… avec un bonheur inégal. Autre poncif respecté: tout est plus gros, plus grand, plus coloré, plus pétaradant. Et ça, ça fonctionne: on parle après tout d’un « space opera ».

Pour les néophytes, les gardiens consistent en une bande disparate de renégats: Peter Quill, fruit de l’union entre une Terrienne et un mystérieux homme de l’espace, Drax, brute étrangère au concept de second degré, Rocket, raton laveur aux mille modificati­ons technologi­ques, Groot, créature mi-arbre milierre, et Gamora, guerrière en proie à l’exaspérati­on devant la bêtise conjuguée de ses compagnons.

Étalage de sentimenta­lité

Entre en scène un hommeplanè­te prénommé Ego, l’élusif papa de Peter. Très prévisible (qu’espérer d’un paternel qui s’appelle «Ego»?), ce pan de l’histoire bénéficie d’une chimie parfaite entre Chris Pratt, qui continue de faire merveille dans le rôle de Peter, et Kurt Russell, acteur cultissime qui s’amuse ferme dans le rôle du patriarche omnipotent.

À terme, les gardiens devront sauver, grosso modo, l’univers tout entier. Un univers qui a changé. Ainsi les ennemis d’hier, nommément Nebula, soeur perpétuell­ement courroucée de Gamora, et Yondu, pilleur intergalac­tique qui fut autrefois pour Peter ce que Fangin fut pour Oliver Twist, deviennent-ils les alliés d’aujourd’hui.

Cette reconfigur­ation donne lieu à un étalage de sentimenta­lité qu’évitait justement — et judicieuse­ment — le premier film. Chaque passage émotionnel y était bien amené et développé pour être ensuite désamorcé in extremis au moyen d’une pointe d’humour. Le procédé, cette propension au décalage ludique, contribuai­t au charme de la propositio­n et surtout, la distinguai­t des autres films du genre (pas de AntMan et de Deadpool sans Les gardiens…).

Cette retenue — avis de divulgâche­ur — rendait en outre le seul moment d’émotion pure, à savoir le sacrifice de Groot pour ses amis, vraiment touchant.

Pour la suite de la galaxie

Mais voilà, Les gardiens de la galaxie vol. 2 entend cette fois émouvoir, et émouvoir souvent. À cet égard, si la multiplica­tion des clins d’oeil aux années 1980, charmante au premier tour, frôle au second le point de saturation, il reste que le film n’est jamais aussi efficace que lorsqu’il prend les choses à la légère.

Pour le reste, cette (super-) production est, comme il se doit, dotée d’effets spéciaux remarquabl­es et bénéficie d’un rythme soutenu. L’élément spectacle est là, certain d’assurer un autre gros et gras succès à Disney dont le calendrier de films de superhéros est d’ores et déjà rempli pour les cinq prochaines années.

La multiplica­tion des clins d’oeil aux années 1980, charmante au premier tour, frôle au second le point de saturation

 ?? DISNEY PICTURES ?? Chris Pratt continue de faire merveille dans le rôle de Peter Quill dans Les gardiens de la galaxie vol. 2.
DISNEY PICTURES Chris Pratt continue de faire merveille dans le rôle de Peter Quill dans Les gardiens de la galaxie vol. 2.

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