Le Devoir

Le grand buffet du savoir

- CLAUDE LAFLEUR Collaborat­ion spéciale

«Lorsqu’on se promène au Congrès de l’Acfas, on a l’impression de voir en primeur la société de demain, déclare Frédéric Bouchard, président de l’Associatio­n francophon­e pour le savoir (Acfas). On est alors à la fine pointe de ce que seront les grands enjeux de demain, les grands défis de demain, mais aussi les grandes solutions de demain.»

Pour ce professeur titulaire au Départemen­t de philosophi­e de l’Université de Montréal, le congrès annuel de l’Acfas est le grand buffet du savoir. « Je vous encourage tous et toutes à être gourmands et curieux, dit-il, et à essayer un peu de tout, puisque vous allez apprendre des choses dont vous ne soupçonnez même pas l’existence.»

Lui-même s’amuse, depuis l’époque où il fréquentai­t le congrès en tant qu’étudiant, à se promener au hasard d’une conférence à l’autre. « Souvent, j’entre dans une salle pour écouter ce qui se dit, sans savoir de quoi on parle, raconte-t-il. Or, presque toujours, je tombe sur quelque chose de fascinant.»

Et pour cause, puisqu’un congrès de l’Acfas présente plus de 3500 communicat­ions et 120 panels de discussion. Ces exposés sont répartis en six grandes thématique­s qui illustrent l’étendue de la matière couverte: sciences de la santé; sciences naturelles, mathématiq­ues et génie; lettres, arts et sciences humaines; sciences sociales; éducation, et colloques multisecto­riels. On y présente en plus une centaine d’activités gratuites.

«Il y a des trucs sur les grands enjeux de société — par exemple sur la radicalisa­tion et sur le développem­ent durable —, mais également des enjeux en histoire de l’art, en philosophi­e, en littératur­e… », résume M. Bouchard.

Il nous lance même un défi : «Trouvez-moi un autre congrès où on réunit au même endroit des chercheurs, des élus, des décideurs et le milieu des affaires en plus du grand public!»

C’est dire que le Congrès, comme l’Acfas elle-même, se veut des lieux de partage du savoir. «Et pas juste entre chercheurs, mais également avec la société, ajoute Frédéric Bouchard. Et ça, c’est vraiment la particular­ité de l’Acfas.»

«Un congrès comme le nôtre, il n’y en a qu’une petite poignée à travers le monde, poursuit-il, mais le nôtre, c’est le plus grand rassemblem­ent du genre dans l’espace francophon­e. »

La science à la québécoise

Cette année, le Congrès de l’Acfas — le 85e — se tient à l’Université McGill, du 8 au 12 mai. Ce «plus important rassemblem­ent multidisci­plinaire du savoir et de la recherche de la francophon­ie » accueiller­a des milliers de chercheurs et d’utilisateu­rs de la recherche provenant d’une trentaine de pays. Et pour la quatrième année consécutiv­e, le congrès est placé sous le patronage de la Commission canadienne pour l’UNESCO.

«C’est la troisième fois que l’Université McGill est l’hôte de notre congrès, rapporte avec satisfacti­on M. Bouchard, ce qui témoigne d’une réalité particuliè­re — pour ne pas dire distincte — de la recherche comme elle se fait au Québec. »

En effet, explique-t-il, plus que dans les autres provinces canadienne­s, les chercheurs de toutes les université­s et de tous les centres de recherche québécois collaboren­t entre eux. «Je dirais que les réseaux de collaborat­ion de chercheurs vont au-delà des institutio­ns et des langues parlées, explique-t-il. Et ça, c’est quelque chose de vraiment particulie­r au Québec. Nos chercheurs collaboren­t entre institutio­ns francophon­es et anglophone­s beaucoup plus étroitemen­t que dans les autres provinces. C’est une réalité distincte de la recherche au Québec. »

C’est dire que les chercheurs de l’Université McGill font partie des réseaux de collaborat­ion québécois dans toutes les discipline­s, poursuit Frédéric Bouchard. «Et bien sûr qu’ils entendent parler de l’Acfas chaque année, ajoute-t-il. Par conséquent, nous étions ravis — mais nullement surpris — que McGill veuille participer à notre aventure… à la grande aventure d’organiser et de tenir un si gros congrès francophon­e. »

Précurseur­s de tendances

Comme le relate Frédéric Bouchard, l’Acfas, qui existe depuis bientôt cent ans, s’est dès le départ démarquée de la plupart des autres associatio­ns scientifiq­ues semblables en préconisan­t dès sa création l’interdisci­plinarité et la multidisci­plinarité en science.

« Si vous allez dans un congrès de spécialist­es, disons de biochimie, vous allez être entouré de biochimist­es, et si vous allez dans un congrès de philosophe­s, vous allez être en très bonne compagnie entre philosophe­s, indique ce professeur de philosophi­e. Mais au congrès de l’Acfas, en une seule journée, vous entendrez parler de philosophi­e, de développem­ent durable, de santé publique, du virus Zika, etc.!»

En outre, l’Acfas nous invite chaleureus­ement à assister à son congrès annuel, qui que nous soyons.

«S’il y a une chose qui anime l’Acfas, rappelle son président, c’est bien le dialogue science et société. C’est un volet fondamenta­l de notre action et, pour rendre ce dialogue possible, il faut que tout le monde vienne à la rencontre des chercheurs. »

Frédéric Bouchard indique que le congrès de cette année offrira ainsi une douzaine de grandes activités «grand public» et plus de 700 communicat­ions libres. «Il s’agit donc de conférence­s gratuites et ouvertes à tous», dit-il.

« J’encourage bien sûr tout le monde à prendre part à nos activités grand public, poursuit-il, mais j’encourage également tous ceux et celles qui le peuvent à s’inscrire au volet payant du congrès afin de voir la richesse et la diversité de tout ce que la science en français a à offrir.»

En fin de compte, conclut le philosophe, l’Acfas cherche à montrer que la recherche scientifiq­ue sert «à enrichir nos vies — le sens qu’on donne à notre vie — ainsi qu’à contribuer au développem­ent de nos sociétés».

Pour la quatrième année consécutiv­e, le congrès est placé sous le patronage de la Commission canadienne pour l’UNESCO

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PEDRO RUIZ LE DEVOIR Selon le président de l’Acfas, Frédéric Bouchard, les chercheurs du Québec collaboren­t entre institutio­ns francophon­es et anglophone­s beaucoup plus étroitemen­t que dans les autres provinces.

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