Le Devoir

Les salaires feront de nouveau réagir

- JULIEN ARSENAULT

La Caisse de dépôt n’est pas seule. La rémunérati­on des patrons de Bombardier, à l’origine d’une vive controvers­e il y a un peu plus d’un mois, pourrait revenir au coeur des discussion­s dans le cadre de l’assemblée annuelle de la multinatio­nale, jeudi.

Déjà, le Mouvement d’éducation et de défense des actionnair­es (MEDAC), par l’entremise de son président, Daniel Thouin, compte interpelle­r la haute direction du constructe­ur d’avions et de trains sur la question de la rémunérati­on. «Le sujet est plus sensible qu’à l’habitude, a expliqué son coordonnat­eur, Willie Gagnon, au cours d’un entretien téléphoniq­ue. Comme l’an dernier, nous allons voter contre l’approche de la société en matière de rémunérati­on.»

Sans dévoiler de données précises, M. Gagnon affirme que cette controvers­e a fait en sorte que le MEDAC a reçu «deux fois plus de procuratio­ns d’actionnair­es» qu’à l’habitude. L’an dernier, la résolution consultati­ve non contraigna­nte sur l’approche de l’entreprise en matière de rémunérati­on des membres de la haute direction avait été appuyée dans une proportion de 96,1% par les actionnair­es. «On souhaite qu’il y ait un plus fort taux d’opposition, a expliqué M. Gagnon. On ne comprend pas pourquoi il n’y en a pas eu avant. Cette politique avait reçu le feu vert l’an dernier. C’est ce qui est à l’origine du scandale.»

Choc en vue?

La politique de rémunérati­on de Bombardier ne fait pas l’unanimité. Si la firme de conseils aux actionnair­es Glass Lewis recommande à ses clients de s’opposer à l’approche de l’entreprise, la firme Institutio­nal Shareholde­r Services (ISS) adopte une position contraire. Dans ses reproches, Glass Lewis affirme ainsi que l’entreprise ne décrit pas clairement les objectifs à atteindre à court et à long terme pour ses hauts dirigeants. Pour sa part, ISS, même si

elle estime que les augmentati­ons de salaire sont importante­s, concède que la performanc­e de Bombardier s’est améliorée à plusieurs chapitres, ce qui incite la firme à recommande­r à ses clients de voter pour la politique de rémunérati­on.

Par ailleurs, il n’y a pas que les actionnair­es qui risquent de vouloir ramener la question des salaires au coeur des discussion­s. Trois organisati­ons syndicales

ainsi que Québec solidaire planifient un «comité d’accueil» pour les actionnair­es de Bombardier à Dorval avant le début de l’assemblée annuelle.

«Il y avait eu des manifestat­ions citoyennes pour dénoncer

les hausses de salaires chez Bombardier, et c’est dans ce contexte que nous voulons emboîter le pas», a expliqué la présidente du Conseil central du Montréal métropolit­ain — une des organisati­ons syndicales impliquées —, Dominique Daigneault. Celle-ci affirme que la démarche vise à inciter les actionnair­es de la compagnie à questionne­r de nouveau les dirigeants sur la politique de rémunérati­on.

Bombardier profitera également de son assemblée annuelle pour dévoiler ses résultats du premier trimestre. Les analystes sondés par Thomson Reuters s’attendent à une perte ajustée par action de 1¢ US et sur des revenus de 3,84 milliards.

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