Le Devoir

Les CLD sont loin d’avoir disparu

La moitié des MRC préfèrent encore leur confier la responsabi­lité du développem­ent local

- ISABELLE PORTER à Québec

Deux ans après la réforme proposant de les abolir, le modèle des centres locaux de développem­ent (CLD) subsiste dans une MRC sur deux au Québec. Or ces derniers doivent toutefois composer avec moins de moyens qu’auparavant.

À ce jour, 52 MRC ont aboli les CLD pour rapatrier leurs services à l’interne et presque autant (50) ont décidé de laisser la responsabi­lité du développem­ent local à leur CLD ou à un autre organisme à but non lucratif, révèlent les crédits budgétaire­s.

Les CLD sont des organismes à but non lucratif créés en 1998 par le gouverneme­nt du Parti québécois pour soutenir l’entreprene­uriat local. En 2015, le gouverneme­nt libéral avait réduit de moitié le budget des CLD dans le cadre des mesures d’équilibre budgétaire. Il avait en même temps offert aux MRC qui le souhaitaie­nt de rapatrier leurs services à l’interne.

La MRC de Bellechass­e fait partie de celles qui ont décidé de conserver l’ancien modèle. «On l’a fait pour maintenir les liens avec les gens d’affaires», explique son directeur, Alain Vallières.

Les milieux d’affaires et les représenta­nts de la société civile comptent pour 50% du conseil d’administra­tion du CLD, ce qui ne serait pas le cas à la MRC, dit-il. On craignait qu’en les impliquant moins, ils soient moins « motivés» à donner de leur temps.

Les coupes se sont toutefois bien fait sentir. Le CLD a perdu 150 000 $, l’équivalent de 20% de son budget annuel, et un poste sur neuf a été aboli. La MRC a toutefois compensé la baisse du budget du CLD en puisant dans les revenus d’un projet éolien communauta­ire… qui avait été soutenu dans le passé par le CLD. Depuis, «on travaille très fort pour maintenir l’équilibre budgétaire», poursuit M. Vallières.

« On l’a fait pour maintenir les liens avec les gens d’affaires Alain Vallières, directeur de la MRC de Bellechass­e

Chacun son modèle

Du côté de Brome-Missisquoi, le CLD existe toujours, mais ses liens avec la MRC sont beaucoup plus étroits, explique le directeur Robert Desmarais.

Le conseil des maires tenait à garder un «guichet unique» pour les entreprise­s, dit-il, mais les ressources humaines ont été en partie fusionnées avec celles de la MRC. Désormais, le directeur général de la MRC est aussi directeur du CLD, explique-t-il, en soulignant que c’est beaucoup plus ef ficace qu’avant.

Par ailleurs, les deux entités partageaie­nt déjà les mêmes bureaux et salles de rencontres avant 2015.

Dans Brome-Missisquoi, la subvention gouverneme­ntale a été réduite de 60 % (240 000 $ en moins), privant le CLD de 12% de ses revenus. Or, contrairem­ent à ce qui s’est passé dans Bellechass­e, la coupe n’a pas été compensée par la MRC. Dans l’ensemble, le conseil [d’administra­tion] est «très satisfait de la réorganisa­tion », dit-il. «Ça nous permet de mettre l’accent sur l’aide aux entreprise­s.»

Un OBNL

Ailleurs dans le Centre-duQuébec, on a misé sur une approche différente. Ainsi, bien avant la réforme, la MRC de Drummond avait créé son propre système, la Société de développem­ent économique de Drummondvi­lle, un OBNL indépendan­t.

Lors de l’entrée en scène des CLD, cette dernière avait en quelque sorte avalé la nouvelle structure. « La SDE est une grosse organisati­on, souligne son directeur, Martin Dupont. On a plus de revenus et la SDE gère même le Centre des congrès.»

Chez eux, le budget du CLD s’est vu amputé de 300 000 $, une coupe qui a fait moins mal qu’à d’autres MRC puisque le budget du SDE s’élève à 4 millions. Néanmoins, là aussi, on a procédé à des mises à pied (quatre postes), précise M. Dupont.

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