La gauche emporte la présidentielle
Moon Jae-in, un ancien avocat spécialisé dans la défense des droits de la personne, a confortablement remporté mardi l’élection présidentielle sud-coréenne, selon des chiffres officiels, scellant l’élan de son pays vers le changement après un retentissant scandale de corruption.
Ce scrutin anticipé, organisé sur fond de fortes tensions avec la Corée du Nord, a été organisé pour remplacer l’ex-présidente Park Geun-hye, au centre d’une énorme affaire de concussion qui a provoqué sa chute.
Washington a immédiatement félicité son successeur. «Nous félicitons le président désigné Moon Jae-in et nous nous associons au peuple sudcoréen dans la célébration de sa transition politique pacifique et démocratique », a réagi la Maison-Blanche dans un bref communiqué émanant du porte-parole de l’exécutif, Sean Spicer, et non de Donald Trump lui-même.
Selon les résultats fournis par la Commission électorale nationale après dépouillement de la plupart des bulletins de vote, M. Moon, le candidat du Parti démocratique de centre gauche favorable à une forme de dialogue avec Pyongyang, a obtenu 11,4 millions de voix, soit 40,2% des suffrages.
Espoir de changement
«Je serai le président de tous les Sud-Coréens », s’est-il exclamé devant ses partisans à la place Gwanghwamun, à Séoul, où des millions de SudCoréens s’étaient massés plusieurs mois durant pour exiger le départ de Park Geunhye. «C’est une grande victoire […] pour créer un pays de justice […] où les règles et le bon sens prévalent.»
«Je suis si heureuse, car il y a de l’espoir pour un réel changement», a quant à elle réagi une femme de 28 ans présente dans la foule, Koh Eun-byul. Kul Sun-chul, 59 ans, a de son côté expliqué avoir voté pour M. Moon, car «ce pays a besoin de rétablir la démocratie qui a été tant laminée par le gouvernement Park».
Le conservateur Hong Joonpyo, issu du parti de la présidente déchue, est arrivé loin derrière avec 25,2% des suffrages, suivi du centriste Ahn Cheol-soo, avec 21,5 %.
M. Moon, 64 ans, a expliqué à son équipe de campagne réunie au quartier général de son parti que son triomphe était le résultat d’une volonté de «changement de régime» de la part de la population.
La participation a tourné autour de 77,2%, selon des chiffres préliminaires, le taux le plus élevé en 20 ans pour une élection présidentielle.
Corruption
Cette présidentielle doit permettre à la société sud-coréenne de tourner la page après des mois de tumulte politique, pendant que Mme Park attend désormais derrière les barreaux d’être jugée pour corruption et abus de pouvoir.
L’affaire a contribué au ressentiment général en illustrant à nouveau les relations malsaines entre la classe politique et le patronat.
En cause notamment, une confidente de l’ombre de l’exprésidente, Choi Soon-sil, accusée d’avoir profité de ses entrées pour extorquer des dizaines de millions de dollars aux grands groupes.
L’ampleur du scandale, qui implique aussi l’héritier de l’empire Samsung et le président de Lotte, cinquième conglomérat sud-coréen en importance, a contraint les candidats à promettre des réformes en vue de plus de probité.