Le Devoir

Un impact économique certain, mais difficile à chiffrer

Le calcul pourrait prendre des semaines ou des mois

- FRANÇOIS DESJARDINS

Il est encore beaucoup trop tôt pour déterminer toute l’ampleur des conséquenc­es financière­s et économique­s des inondation­s, un calcul qui pourrait prendre des semaines et des mois s’il faut se fier au sinistre qui a frappé le sud de l’Alberta à l’été 2013.

Cet impact, qui s’entremêle à une détresse psychologi­que certaine chez des milliers de sinistrés, comporte deux volets, mentionne Pedro Antunes, économiste en chef adjoint au Conference Board du Canada. Il y a le coût lié aux pertes de matériel, mais aussi, paradoxale­ment, l’activité économique subséquent­e générée par l’effort de nettoyage et de reconstruc­tion.

«C’est très difficile de prévoir les coûts pour l’instant, car on ne sait pas ce qui a été affecté en matière d’infrastruc­tures, par exemple», dit M. Antunes. Et pour évaluer l’impact sur l’économie, ajoute-t-il, «il faudrait savoir combien sera réinvesti, de même que le moment et le genre de dépenses». «Est-ce que c’est de la constructi­on, des achats d’automobile­s?»

Lors des inondation­s en Alberta, une catastroph­e forçant l’évacuation de 100 000 personnes,

on avait estimé le coût des dommages à environ 4,8 milliards, dont 3 milliards avaient été payés par les fonds publics et 1,8 milliard par les assureurs. Au chapitre économique, le portrait est venu quelques mois plus tard. En gros, on estimait à près de 500 millions la perte d’activités, soit 0,2% du produit intérieur brut annuel de l’Alberta.

Les sinistres causés par l’eau sont parmi les plus coûteux au pays, a déjà fait remarquer l’industrie. Et, en raison des changement­s climatique­s, ils seront appelés à se multiplier d’un bout à l’autre du pays. L’assurance qui couvre spécifique­ment les débordemen­ts de cours d’eau est un produit tout récent au Québec, contrairem­ent à d’autres provinces, et l’immense majorité des sinistrés devront se tourner vers le gouverneme­nt.

Les inondation­s font partie des éléments à surveiller, a déjà relevé le Bureau d’assurance du Canada (BAC). «Les indemnités versées en raison de conditions météorolog­iques exceptionn­elles ont plus que doublé tous les cinq à 10 ans depuis les années 1980», a-t-il écrit en 2015 dans une analyse intitulée «La gestion financière du risque d’inondation».

« Pour chacune des six dernières années, ces indemnités versées ont approché ou dépassé le 1 milliard de dollars au Canada, a ajouté le BAC. On peut donc dire que les sinistres attribuabl­es aux dégâts causés par l’eau sont les événements les plus coûteux en assurance habitation partout au pays.»

6 milliards en 35 ans

Et de 1970 à 2015, avait précisé le BAC, Ottawa a versé aux victimes d’inondation la somme de 6,2 milliards, c’est-à-dire plus de 70% des

montants versés en vertu des Accords d’aide financière en cas de catastroph­e (AAFCC).

L’industrie de l’assurance ignore pour le moment l’ampleur des pertes assurables, lesquelles incluront notamment les dommages aux automobile­s, les refoulemen­ts d’égout et les frais de subsistanc­e.

«Généraleme­nt, pour des catastroph­es qui coûtent plus de 25 millions aux assureurs, il y a un mécanisme en place pour sonder les membres et arriver à un montant de dommages assurés, mais ça prend deux mois», a dit mardi Pierre Babinsky, directeur des communicat­ions et des affaires publiques au BAC.

Outre les victimes individuel­les et les familles, il y a beaucoup de PME, a rappelé Maya Raic, p.d.g. de la Chambre de l’assurance de dommages. «Les contrats d’assurance sont différents. Il y a des avenants qui couvrent l’inondation et l’interrupti­on d’affaires. Il est important que les sinistrés contactent leur compagnie d’assurances ou leur courtier pour voir ce qui est couvert.»

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ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR Les sinistres causés par l’eau sont parmi les plus coûteux au pays.
 ?? ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR ?? On ignore l’ampleur des pertes assurables.
ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR On ignore l’ampleur des pertes assurables.

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