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Déjà à un niveau critique, le Saint-Laurent devrait monter encore de 25 centimètres
La Mauricie se prépare au pire. Les grandes marées, conjuguées à de fortes pluies attendues et aux chutes de neige records de l’hiver, menacent d’inonder des milliers de résidences situées le long du fleuve Saint-Laurent.
Mercredi, c’était le calme avant la tempête pour des milliers de riverains du fleuve, entre Batiscan et Maskinongé, près de Trois-Rivières. Des centaines de militaires des Forces canadiennes aidaient les résidants à empiler des sacs de sable pour protéger les maisons situées en bordure du fleuve et de ses affluents.
«On essaie de protéger notre petit paradis», dit Pierre Côté, rencontré chez lui à Port-SaintFrançois, un quartier de Nicolet qui longe le Saint-Laurent. Normalement, on trouve ici une plage de sable fin de plusieurs dizaines de mètres. Mais mercredi, l’eau du fleuve venait lécher son terrain, à quelques pas de sa maison.
«On croise les doigts pour que tout se passe bien. Personne n’est à l’abri de la force de la nature», ajoute-t-il.
En matinée, le ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, David Heurtel, a prévenu les résidants de la Mauricie que les prochains jours seront difficiles, «particulièrement aux abords du lac SaintPierre ».
Entre 20 et 40 millimètres de pluie sont attendus d’ici dimanche. Les responsables de la sécurité civile prévoient que le niveau du fleuve, déjà critique, montera de 25 centimètres.
Calme et préparation
Une équipe du Devoir a parcouru la région des deux côtés du lac Saint-Pierre mercredi. Partout, les riverains se préparent à la hausse importante du niveau du fleuve. Et partout, le calme règne.
La présence fort visible de militaires canadiens (à bord d’hélicoptères et de chars blindés, notamment), de policiers, de pompiers et de responsables de la sécurité civile rassure les gens. Dans le quartier Pointedu-Hameau, à Nicolet, les voisins s’entraident: certains distribuent en chaloupe des dizaines de sacs de sable préparés par les militaires. Un résidant et sa voisine pêchent la perchaude à partir de leur balcon. Le fleuve a envahi leur rue.
La mairesse de Nicolet, Geneviève Dubois, a recommandé l’évacuation des résidants de 17 rues situées près de l’eau. Mercredi, tous les résidants rencontrés dans ces zones préféraient rester tant que l’eau n’atteindrait pas un seuil critique.
«On est en alerte. On souhaite que les gens quittent [leurs résidences] avant que les accès routiers ne soient plus praticables. On ne sait pas à quelle hauteur l’eau va monter. Pour l’instant, il n’y a personne au centre d’hébergement qui est ouvert », a-t-elle dit.
Les militaires ont rempli 2000 sacs de sable à l’aide d’un camion normalement utilisé pour étendre du sable ou du sel sur la chaussée, mercredi à Nicolet. Les municipalités voisines peuvent joindre la sécurité civile pour commander des sacs en fonction de leurs besoins, a précisé Geneviève Dubois.
Des membres de l’armée canadienne ont distribué 4000 sacs de sable dans la municipalité de Batiscan au cours des dernières heures. Onze pompiers de Québec sont venus aider à construire des digues. «Pour le moment, c’est tranquille, mais on se prépare à une hausse du niveau de la rivière Batiscan et du fleuve», dit la mairesse Sonya Auclair.
La routine
Près de là, à Yamachiche, les Forces canadiennes ont offert des bras pour distribuer des sacs de sable, mais la Ville n’en
avait plus besoin. Les résidants des 75 maisons ou chalets du secteur du chemin Louis-Gatineau sont bien préparés pour la hausse prévue du niveau du fleuve, explique Jacques Pellerin, coordonnateur des mesures d’urgence.
«Les gens sont habitués à ça. On fait ce qu’il faut pour les aider, et ils sont déjà prêts. On a eu l’aide de l’armée depuis quatre jours », dit-il.
Gérard Paquin, qui vit depuis 30 ans sur la rive du fleuve, n’est pas du tout énervé par la montée des eaux. «Y’a rien là, dit-il. Ce n’est pas la première fois que ça arrive. On sait comment se préparer. Et l’eau va bien finir par s’en aller.»