La rémunération des patrons suscite la grogne aux États-Unis
La vague de contestation provoquée par les politiques de gouvernance chez Bombardier trouve un écho jusque parmi les actionnaires américains du constructeur d’avions et de trains.
En vue de l’assemblée annuelle prévue jeudi, à Dorval, le régime de retraite des fonctionnaires de la Californie, le fonds de retraite des enseignants californiens ainsi qu’une autre institution floridienne (Florida State Board of Administration) ont tous voté contre la politique de rémunération à l’origine de la controverse provoquée par les hausses de rémunération.
Toutefois, seule la caisse de retraite des enseignants californiens a décidé d’imiter plusieurs investisseurs canadiens en s’abstenant de voter pour la réélection de Pierre Beaudoin à la présidence du conseil d’administration. En fait, cet actionnaire n’appuie que les deux nouveaux candidats — Pierre Marcouiller et Antony Tyler — qui tentent d’accéder au conseil.
Les trois institutions — dont les actifs sous gestion totalisent 711 milliards $US — n’ont pas expliqué leurs décisions.
Au terme de l’exercice 2016, les deux actionnaires californiens détenaient au total 13,5 millions d’actions de catégories A et B du constructeur québécois d’avions et de trains. L’investisseur floridien n’a pas dévoilé la taille de sa participation.
En raison de la pression populaire, Bombardier avait reporté d’un an, soit jusqu’en 2020, certains paiements qui devaient être versés à compter de 2019 à ses six plus hauts dirigeants. Initialement, leur rémunération globale devait totaliser 32,6 millions, ce qui représentait une augmentation de 50 % sur un an.
Par ailleurs, au nord de la frontière, le plus important investisseur institutionnel canadien a joint sa voix à ceux qui souhaitent que M. Beaudoin ne dirige plus le conseil d’administration et qui s’opposent à la rémunération des membres de la haute direction.
L’OIRPC dans la foulée
À la veille d’une assemblée qui s’annonce houleuse, l’Office d’investissement du Régime de pensions du Canada (OIRPC) a fait savoir qu’il imitait la Caisse de dépôt et placement du Québec, le Fonds de solidarité FTQ, le Régime de retraite des enseignants de l’Ontario (Teachers) ainsi que la corporation d’investissement et de gestion de la Colombie-Britannique.
L’OIRPC s’est également abstenu de voter pour la réélection de l’ex-chef de la direction financière de Google Patrick Pichette ainsi que de Vikram Pandit, un ancien grand patron de la Citigroup. Un porte-parole de l’OIRPC a indiqué que la position de l’institution était conforme à sa politique en matière de vote par procuration, notamment en ce qui a trait à l’indépendance du président du conseil.
En date du 31 mars 2016, l’OIRPC — qui avait voté pour la politique de rémunération et pour la réélection de M. Beaudoin l’an dernier — détenait 8,3 millions d’actions de Bombardier.
En dépit du front commun des investisseurs institutionnels, l’entreprise a indiqué que M. Beaudoin était toujours candidat à sa réélection. Il sera difficile de faire plier la famille Beaudoin-Bombardier qui, grâce aux actions à droit de vote multiple, contrôle 53,2% des droits de vote même si elle ne détient qu’environ 13% des titres en circulation.
L’an dernier, la résolution consultative non contraignante sur l’approche de l’entreprise en matière de rémunération des membres de la haute direction avait été appuyée dans une proportion de 96,1% par les actionnaires.