Le Devoir

Autre stratégie de relance pour Pages jaunes, qui voit son action plonger

- JULIEN ARSENAULT

Pages jaunes s’est adaptée trop lentement aux besoins de ses clients, admet son président et chef de la direction, Julien Billot, qui croit pouvoir corriger le tir avec sa nouvelle stratégie d’affaires.

En marge de l’assemblée annuelle des actionnair­es, mercredi, à Montréal, celui qui est aux commandes de la société depuis 2014 a concédé qu’il n’avait pas anticipé une montée en popularité aussi importante des médias sociaux auprès des petites et moyennes entreprise­s (PME) — la clientèle visée par Pages jaunes. Cela a obligé M. Billot à mettre en veilleuse, en novembre dernier, son plan de relance qui devait culminer vers 2018. «Tout cela est arrivé plus vite que ce que l’on anticipait, a-t-il dit, au cours d’un entretien. Cette situation a eu un impact sur la façon dont nous avons généré nos revenus en 2016. »

Devant les actionnair­es, M. Billot a dévoilé les cinq grandes lignes de sa nouvelle stratégie axée notamment sur la production de contenu pour les PME en quête de visibilité sur les réseaux sociaux, comme Facebook et Instagram. Selon lui, la plupart des petites entreprise­s sont consciente­s de l’importance de leur présence sur le Web, mais environ 80% d’entre elles n’ont ni le temps ni la capacité de s’en occuper, d’après les études menées par l’entreprise. « Ce besoin d’avoir quelqu’un pour animer [des pages Facebook ou d’autres comptes] est apparu dans la dernière année, a dit M. Billot. Nous avons déjà l’infrastruc­ture pour répondre à ce besoin.»

Celui-ci aura toutefois du travail à faire pour convaincre les investisse­urs, puisqu’à la Bourse de Toronto, l’action de Pages jaunes a plongé en Bourse et a touché un creux annuel après le dévoilemen­t de la nouvelle stratégie d’affaires et des résultats du premier trimestre, qui ont raté la cible. Sur le parquet torontois, le titre de l’entreprise s’est temporaire­ment négocié à 5,60$. Avant que Pages jaunes n’amorce sa réflexion, en novembre dernier, l’action valait autour de 14$. À l’époque, la société avait dit vouloir repenser entre autres sa façon de vendre certaines solutions aux PME, qui ont souvent le réflexe, par exemple, d’opter pour ses produits à marges moins élevées.

Cet ajustement ne signifie pas pour autant que le plan de redresseme­nt initial était un échec, a affirmé M. Billot, qui dit «comprendre l’inquiétude» qu’il peut y avoir devant la dégringola­de du prix de l’action. «On ne pouvait pas faire ce que l’on annonce aujourd’hui il y a trois ans, lorsque le secteur imprimé représenta­it la moitié de nos revenus. Là, le virage est achevé. Nous sommes une entreprise numérique.»

Pages jaunes n’a pas vu ses revenus croître depuis 2008. L’entreprise génère désormais la majorité de son chiffre d’affaires grâce à ses activités numériques, mais cela n’est pas suffisant pour contrebala­ncer le déclin du côté du secteur imprimé. M. Billot n’a pas voulu s’avancer sur le moment où il espère atteindre le point d’inflexion.

Profit en baisse

Pour le premier trimestre, Pages jaunes a affiché un bénéfice net de 658 000$, ou 2¢ par action, comparativ­ement à 13,1 millions ou 49 ¢ par action à la même période l’an dernier. Ce recul s’explique entre autres par une charge de restructur­ation de 7,3 millions. Après ajustement­s pour exclure les éléments non récurrents, le bénéfice du plus récent trimestre atteignait 15 ¢ par action.

Pour le trimestre clos le 31 mars, les revenus ont fléchi d’environ 7 %, à 189,5 millions. Dans le secteur imprimé, les recettes ont été de 54,7 millions, en baisse de 24%, tandis que les activités numériques ont généré des revenus de 134,8 millions, en hausse de 2,4%.

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