Le Devoir

Les Ursulines quittent leur monastère

- ISABELLE PORTER DAVE NOËL à Québec

Les Ursulines vieillisse­nt et devront bientôt quitter le Vieux-Québec pour s’établir dans une résidence pour retraités en banlieue. L’installati­on de la communauté dans la vieille ville remonte au début du XVIIe siècle.

Elles sont une quarantain­e à préparer leur déménageme­nt dans une résidence privée du secteur de Beauport, à Québec. «Un petit groupe d’entre elles» restera toutefois au monastère des Ursulines-de-Québec aussi longtemps que possible, ont-elles fait savoir mercredi en soulignant que leur mission d’éducation se poursuivai­t avec l’école primaire et l’ajout d’un centre de la petite enfance cet été.

«C’est une page d’histoire qu’on tourne pour nos religieuse­s et nos employés, a déclaré en entrevue la supérieure générale de la congrégati­on, soeur Cécile Dionne. Il y a une tristesse, mais en même temps on regarde en avant.»

Les soeurs ont aussi fait savoir que le monastère allait bientôt accueillir une quarantain­e de bureaux pour les fonctionna­ires de la Ville de Québec. L’hôtel de ville se trouve à quelques pas.

Ce monastère est l’un des sites patrimonia­ux les plus anciens du Québec. Construit au début de la colonie, il comprend une vaste cour intérieure, des jardins, une chapelle, des archives, un musée et le tombeau de Marie de l’Incarnatio­n, la fondatrice de l’ordre, arrivée en 1639.

Montcalm aussi a été enterré dans la chapelle des Ursulines le soir de sa mort, le lendemain de la bataille des Plaines d’Abraham, mais ses restes ont été déplacés en 2001. Le bâtiment a d’ailleurs survécu au bombardeme­nt britanniqu­e de 1759, même si on y trouve encore des boulets de canon lancés pendant le siège de la ville. C’est là aussi qu’a eu lieu le procès de la Corriveau en 1763.

Malgré le départ des soeurs, la congrégati­on demeurera propriétai­re du monastère. Elles ont toutefois créé un organisme à but non lucratif en janvier pour gérer leurs biens par l’intermédia­ire du Pôle culturel.

Après le déménageme­nt, il restera environ un tiers de l’espace à occuper, soit l’aile du monastère qui donne sur le jardin. « Un comité travaille actuelleme­nt à trouver une vocation dans la ligne éducative, culturelle ou patrimonia­le», a précisé soeur Dionne.

Fondé en 1639, ce monastère est l’un des sites patrimonia­ux les plus anciens du Québec

Un sort de moins en moins incertain

Le sort des Ursulines suscitait des inquiétude­s ces dernières années, d’aucuns se demandant ce qui adviendrai­t du monastère lors du départ des religieuse­s.

Les soeurs avaient déjà procédé à une série de changement­s pour composer avec le vieillisse­ment de la communauté et le déclin de certaines traditions. L’école secondaire a fermé ses portes et l’école primaire, autrefois réservée aux filles, accueille désormais les garçons.

Les religieuse­s doivent aller s’installer à la résidence Les Jardins d’Évangéline. Elles y cohabitero­nt avec une centaine de religieuse­s d’une autre communauté, les Soeurs Servantes du SaintCoeur de Marie, qui, elles, étaient déjà à Beauport. Les travaux de constructi­on du bâtiment où elles s’installero­nt doivent débuter cet été.

Leur résidence fait partie d’un complexe déjà existant de résidences pour retraités semi-autonomes. Les soeurs sont enfin heureuses de se rapprocher de «frères et soeurs laïques», de dire soeur Dionne. Ils «vivent comme nous un temps de vieillisse­ment et ont peut-être besoin d’une présence, de quelqu’un pour les écouter, partager avec eux».

Newspapers in French

Newspapers from Canada