Le Devoir

Banque de l’infrastruc­ture : Montréal doit continuer le combat

- GILLES LEVASSEUR Professeur de gestion et de droit à l’Université d’Ottawa

Le gouverneme­nt du Canada a annoncé que le siège social de la Banque de l’infrastruc­ture du Canada sera à Toronto plutôt qu’à Montréal. Une décision difficile pour Montréal et son devenir économique et financier. Il ne faut pas attribuer la responsabi­lité de cette décision aux anglophone­s, à Toronto ou à l’Ontario. Ils ont fait le nécessaire pour prendre leur place et assurer à la Ville Reine sa prépondéra­nce dans l’échiquier financier canadien et internatio­nal. Par conséquent, Montréal et le Québec doivent continuer le combat afin qu’une portion de la Banque de l’infrastruc­ture soit gérée à partir de Montréal pour les projets qui sont situés de la ville d’Ottawa jusqu’à St. John’s, Terre-Neuve.

Quatre stratégies

Montréal et le Québec doivent prendre leur place en proposant une approche économique et financière qui a du sens tant pour Montréal et l’Atlantique que pour le Canada. Un Québec et un Atlantique forts sont dans l’intérêt de l’Ontario et du Canada. Il faut expliquer comment Montréal va y réussir, ce qui implique quatre stratégies.

Premièreme­nt, toutes les forces vives de la finance et de l’économie québécoise­s doivent se rallier derrière une démarche commune qui est celle de bâtir une composante régionale de la Banque de l’infrastruc­ture à Montréal. Ceci comprend des groupes financiers comme Desjardins, la Banque Nationale ainsi que la Caisse de dépôt et placement du Québec, et les autres institutio­ns financière­s et économique­s, dont les chambres de commerce. Il faut parler d’une seule voix, haut et fort, mais avec un projet concret et non en réagissant en tant que victime d’une décision politique.

Deuxièmeme­nt, il est nécessaire d’obtenir l’appui de l’Atlantique en lui proposant une approche adaptée à ses besoins régionaux. Montréal peut être le pont entre la Banque située à Toronto et l’Atlantique. Les besoins et la réalité de l’Atlantique sont comparable­s à plusieurs égards à ceux du Québec, à l’opposé de l’Ontario et en particulie­r de Toronto. En présentant une approche adaptée au Québec et à l’Atlantique, Montréal devient un pôle financier et économique pour l’est du Canada. Il faut éviter le provincial­isme et penser plus gros afin de jouer dans les grandes ligues financière­s nord-américaine­s.

Troisièmem­ent, il faut une réponse publique plus forte que les réactions tièdes entendues depuis l’annonce. Il doit y avoir un engagement précis, une volonté de continuer le combat pour Montréal et de présenter un projet et des solutions pour que le gouverneme­nt du Canada puisse modifier le projet de la Banque de l’infrastruc­ture à Montréal. Ceci doit comprendre un gain économique et financier pour l’est du Canada et, au bout du compte, pour tout le Canada.

Finalement, la Caisse de dépôt et le Fonds de solidarité peuvent se regrouper afin d’appuyer ou de complément­er les projets du Québec et de l’Atlantique avec la Banque de l’infrastruc­ture. Il s’agit d’une occasion de collaborer, mais aussi de justifier le bureau régional de la Banque. Il faut apporter un gain économique et financier afin que l’on puisse partager la compétence de la Banque de l’infrastruc­ture.

Montréal doit prendre sa place et continuer le combat pour obtenir une participat­ion de la Banque de l’infrastruc­ture. Le dossier peut être modifié avec des adaptation­s si l’on démontre un gain pour tout le Canada, et il revient aux acteurs d’agir immédiatem­ent. Il ne faut pas agir en victime, mais en tant que leader financier pour tous.

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