Le Devoir

Cinéma Le roi Arthur. La légende d’Excalibur, puristes, s’abstenir

Guy Ritchie insuffle une énergie rock à la légende arthurienn­e

- MANON DUMAIS Collaborat­rice Le Devoir

LE ROI ARTHUR. LA LÉGENDE D’EXCALIBUR (V.F. KING ARTHUR – DE LEGEND SWORD) OF THE ★★★

Drame fantastiqu­e de Guy Ritchie. Avec Charlie Hunnam, Jude Law, Djimon Hounsou, Astrid Bergès-Frisbey, Aiden Gillen, Eric Bana et Tom Wu. États-Unis, 2017, 126 minutes.

Guy Ritchie n’est pas John Boorman (Excalibur). Ni Terry Gilliam et Terry Jones (Monthy Python and the Holy Grail). Ni Alexandre Astier (Kaamelot). S’attaquant à la légende arthurienn­e, après avoir brassé la cage de Sherlock Holmes en deux temps et dépoussiér­é Des agents très spéciaux, Guy Ritchie fait ce qu’il sait faire comme personne d’autre: du Guy Ritchie. Ne vous attendez donc pas au souffle lyrique du premier, quoique la scène de la rencontre entre Arthur (Charlie Hunnam, impétueux) et la Dame du Lac (Jacqui Ainsley) n’est pas dénuée d’une certaine poésie, ni à l’humour absurde du tandem, pas plus qu’à l’irrévérenc­e du troisième. Et peu lui chaut de respecter à la lettre la nature du cycle arthurien.

Vaut-il mieux fuir Le roi Arthur. La légende d’Excalibur alors? Cela dépend de votre niveau d’endurance et de votre capacité à ne pas bouder votre plaisir. Pour éviter une trop grande déception, nous vous conseillon­s toutefois de vous tenir loin des écrits de Geoffroy de Monmouth ou de Chrétien de Troyes. D’ailleurs, oubliez la quête du Graal, Merlin l’enchanteur, réduit à une brève figuration, Lancelot et Galaad… que vous retrouvere­z sans doute dans les prochains volets.

Après une entrée en matière plus que spectacula­ire, laquelle n’est pas sans rappeler le bruit et la fureur de tapageuses adaptation­s de jeux vidéo d’un vide abyssal, Guy Ritchie s’applique à nous raconter les origines du roi Arthur, dont le destin n’est pas sans rappeler celui d’un certain Moïse sauvé des eaux. Fils du valeureux roi Uther (Eric Bana), neveu du vil Vortigern (Jude Law), qui a subtilisé la couronne à son aîné, le jeune Arthur a grandi dans un bordel, frayé avec des gens pas très nets et tenu tête aux Vikings. Ne soyez d’ailleurs pas étonné de découvrir qu’une fois parvenu à l’âge adulte, Arthur, de même que sa bande, s’exprime comme les malfrats de Lock, Stock and Two Smoking Barrels et de Snatch.

Ne démontrant aucune volonté de changer ni de se renouveler, Ritchie a recours aux mêmes effets de montage à la tronçonneu­se et aux mouvements de caméra à donner le tournis. Lorsqu’Arthur, les futurs chevaliers de la Table ronde (parmi lesquels Djimon Hounsou, Aiden Gillen, Tom Wu) et une sorcière qui n’entend pas à rire (Astrid BergèsFris­bey) fomentent des coups fumants pour anéantir le roi Vortigern, le réalisateu­r se plaît à illustrer le tout en un montage ludique et énergique. Tel Deadpool, eh oui!, Arthur donne par moments l’impression de briser le quatrième mur.

Pour accompagne­r les scènes de combat, qui font pâle figure en comparaiso­n de celles orchestrée­s par Peter Jackson dans son insurpassa­ble trilogie du Seigneur des anneaux et au cours desquelles on attend vainement de savoir pourquoi on porte des lunettes 3D, Ritchie balance une tonitruant­e trame sonore aux accents plus rock que médiévaux. Malgré tous ses excès, ses libertés avec le cycle arthurien, son humour décalé, Le roi Arthur. La légende d’Excalibur fonctionne. Malin, Guy Ritchie s’est approprié avec insolence ces récits qui ont inspiré grand nombre de créateurs depuis des siècles. La mouture hurlante qu’il propose ne passera pas à l’histoire, mais on s’y amuse et on en redemande. Nous conseillon­s toutefois aux puristes de s’abstenir…

V.O.A.: Cinéma Banque Scotia, Carrefour Angrignon, Cavendish, Colisée Kirkland, Côte-des-Neiges, Lacordaire, Des Sources, Spheretech, Marché Central. V.F.: Quartier latin, Carrefour Angrignon, StarCité, Lacordaire, Marché Central.

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WARNER BROS. CANADA Le roi Arthur (Charlie Hunnam) et certains des futurs chevaliers de la table ronde

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