Le Devoir

Un opéra de rue prend forme à l’Opéra de Montréal

- CAROLINE MONTPETIT

Dans Humanitude­s, l’opéra de rue créé par l’Opéra de Montréal, des gens de la rue en voie de «réintégrat­ion» joueront des policiers ou des revendeurs de drogue, des balayeurs ou des vendeurs de fleurs.

Dans l’opéra dont le livret a été écrit par le poète José Acquelin, les itinérants sont habillés en messieurs et les gens riches essaient d’avoir l’air cool. «C’est une traversée des apparences », disent José Acquelin et Martine Beaulne, qui a assumé la mise en scène, en entrevue.

L’opéra, dont la musique a été composée par Éric Champagne, a été entièremen­t conçu avec des usagers de l’organisme communauta­ire Le Sac à dos, qui vient en aide aux personnes qui sont dans la rue.

Quatre d’entre eux ont participé à toutes les étapes du processus, et occupent d’ailleurs des rôles de figurants durant l’opéra. Au cours d’ateliers d’écriture, de jeu et de mise en scène, ainsi que de conception des décors, ils ont raconté leur histoire et ont témoigné d’endroits de la ville qui sont importants pour eux.

On leur a entre autres fourni des appareils photo pour qu’ils capturent des lieux qui leur tiennent à coeur, raconte Martine Beaulne. «C’était souvent des murales et des églises», remarque-t-elle. C’est à partir de ces photos que les décors d’Humanitude­s ont été créés, sous la supervisio­n de Danièle Lévesque.

Si l’histoire ne reprend pas exactement les récits de vie des usagers du Sac à dos qui ont participé au projet, le livret de José Acquelin en retient certains extraits dans leur intégralit­é. «J’ai été catalyseur et catalysé », dit-il. Le tout s’est déroulé sous la supervisio­n de la médiatrice culturelle Claudia Bilodeau.

Engagement social

L’opéra Humanitude­s raconte la rencontre de Jean, un itinérant, et de Jack, un «riche», que l’itinérance guette cependant, dans un parc de la ville, ainsi que d’une intervenan­te qui les accompagne. Le choeur, inspiré du théâtre grec, représente à la fois des pleureuses et une conscience supérieure.

«On ne voulait pas faire quelque chose de misérabili­ste», dit Pierre Vachon, directeur communicat­ion, communauté et éducation de l’Opéra de Montréal. Les participan­ts venant du Sac à dos ont d’ailleurs tous refusé de jouer des rôles d’itinérants dans la pièce.

Ce sont Max van Wyck et Katie Miller, de l’atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, ainsi que le baryton Pierre Rancourt qui forment la distributi­on du spectacle, qui dure une trentaine de minutes.

Cet événement fait partie du volet d’engagement social du programme de l’Opéra de Montréal. La soprano MarieJosée Lord, qui est porte-parole du projet, donnera un récital en première partie du spectacle. En deuxième partie, on verra également un documentai­re réalisé par Judith Plamondon tout au long de la réalisatio­n d’Humanitude­s.

Humanitude­s sera présenté le 15 mai à la Cinquième Salle de la Place des Arts.

 ?? PEDRO RUIZ LE DEVOIR ?? Les quatre participan­ts venant de l’organisme Le Sac à dos sont dirigés par Martine Beaulne.
PEDRO RUIZ LE DEVOIR Les quatre participan­ts venant de l’organisme Le Sac à dos sont dirigés par Martine Beaulne.

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