Le Devoir

Mon Québec

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Vivre à l’extérieur du Québec pour la plus grande partie des deux dernières années a certaineme­nt renforcé mon sentiment d’appartenan­ce pour la province. J’ai encore plus envie de partager ma culture. J’ai encore plus envie de connaître mes racines. J’ai envie d’écouter du Jean Leloup à fond la caisse dans l’auto avec une gang d’Anglos. J’ai envie de leur parler de Natashquan pis des mots de Gilles Vigneault. J’ai envie de leur chanter que je suis Québécoise. Oui.

Je proteste, mais j’apprécie leur façon de me traiter de séparatist­e, simplement pour commencer le débat. J’apprécie, parce que je sens leur curiosité. J’aime pouvoir débattre plus ouvertemen­t dans le Canada anglophone parce que je n’ai pas peur de diviser mes amis, ce qui est parfois le cas lorsque j’aborde le sujet au Québec. J’aime jouer sur les mots. Me dire souveraini­ste, mais pas séparatist­e. Ça me fait rire quand mes amis me souhaitent bon retour au Canada après un vol Montréal-Calgary. Je ne m’offusque pas trop, j’apprécie leur taquinerie. J’aime débattre de la différence entre une nation et un pays. J’aime rencontrer des Québécois, peu importe d’où ils viennent, Francos ou Anglos, et réaliser que leur sentiment d’appartenan­ce est aussi grand que le mien.

Quelques fois j’ai soulevé l’aberration du double discours de certains qui discrimine­nt le Québec et sa quête d’identité, tout en étant d’accord avec le fait que nous sommes tellement différents. Chaque occasion de soulever la question du Québec, de ses origines, de son histoire, je la prends et je me fais un plaisir d’exprimer qui je suis. Je me fais un plaisir de noter les différence­s entre le Québec et le reste du Canada, d’en discuter. Parce que pour moi, pourvu que les gens acceptent ces différence­s et la richesse que cela apporte au reste du pays, je suis satisfaite. Je suis Québécoise, je crois en l’identité culturelle du Québec et j’aime partager dans le reste du Canada l’idée de la richesse historique de notre peuple. Je sème des graines de curiosité, j’aime croire que j’ouvre une autre porte sur la vision de notre Belle Province. Je n’irai pas crier à la séparation sur tous les toits. Mais je continuera­i de croire que le Québec est une nation distincte dans le Canada. Et je continuera­i de croire que le Québec est différent et enrichissa­nt pour le reste du pays. Delphine Duvernay Tardif, athlète en ski de fond s’entraînant à Canmore, Alberta, depuis deux ans au centre national de développem­ent Alberta World Cup Academy Le 10 mai 2017

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