Le Devoir

L’auto en solo, une absurdité

- FRANÇOIS HUDON

Si, comme moi, vous vous déplacez régulièrem­ent à Montréal, vous aurez remarqué que le transport en automobile y est d’une inefficaci­té qui frise l’absurde. L’alternance de bouchons de circulatio­n ainsi que l’énorme difficulté pour se stationner font de l’automobile le moins efficace des moyens de transport en milieu urbain, loin derrière le vélo, le transport en commun et même la marche. À l’heure où les enjeux environnem­entaux posent des défis majeurs et nous livrent déjà une sévère leçon pour notre irresponsa­bilité envers la planète, est-il nécessaire d’ajouter que l’automobile est un facteur polluant non négligeabl­e ?

Le parc automobile du Québec accuse depuis plusieurs décennies une croissance deux fois plus rapide que celle de la population. Un constat s’impose: il y a trop d’autos, et construire de nouveaux ponts, tunnels ou autoroutes ne va pas régler le problème, mais bien l’empirer. Il faut désormais forcer la population à changer ses habitudes concernant le transport. Cependant, pour réduire le nombre d’autos, il faudra en contrepart­ie investir davantage dans les solutions de rechange que sont le transport en commun et le transport actif et, en conséquenc­e, il faudra financer ces changement­s. Comment faire ?

Des solutions simples

Il existe pourtant des solutions simples si on est capable d’un minimum de volonté politique. On pourrait taxer l’essence et réinvestir le produit de cette taxe dans les infrastruc­tures parallèles en transport, mais c’est un outil à utiliser avec prudence, puisqu’il peut ralentir l’activité économique et, de plus, ce moyen ne tient pas compte des besoins de transport en région, où le service de transport en commun est insuffisan­t, voire absent.

Un règlement simple peut venir à bout du problème: délimiter un quadrilatè­re bordé au nord par l’autoroute Métropolit­aine, au sud par le fleuve, à l’est par le boulevard Pie-IX et à l’ouest par le boulevard Décarie. Pour pénétrer cette zone avec une voiture à un seul occupant. il en coûterait 10$, 5$ pour deux occupants, 2$ pour trois, et ce serait gratuit pour quatre occupants et plus. Le coût serait de 25$ pour les véhicules énergivore­s. Cette recette devrait être réinvestie intégralem­ent dans des solutions de rechange en transport.

Chers concitoyen­s automobili­stes, avant de vous mettre à hurler, considérez ceci: le transport en commun deviendrai­t ainsi vraiment efficace avec une offre de services nettement augmentée, lesquels ne seraient plus ralentis par les bouchons. Vous économiser­iez donc beaucoup de temps, du temps pour lire, dormir ou relaxer loin du stress de la conduite en ville. Vous allez avoir aussi plus d’argent dans vos poches, prenez le temps de vous demander ce que coûtent vos déplacemen­ts motorisés. Vous allez être en meilleure santé, transport actif oblige, il y aura moins d’accidents, sans compter la fin du stress. Est-il besoin d’en rajouter sur l’impact de cette option concernant notre empreinte carbonique?

Finalement, si vous avez vraiment besoin de prendre votre voiture seul à bord pour aller en ville, eh bien, le trajet que vous planifiez et qui devrait prendre vingt minutes en prendra réellement vingt et non pas une heure et quart.

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