Le Devoir

Bois d’oeuvre: Québec garde l’espoir d’un appui fédéral

Ottawa continue de réfléchir à l’aide qu’il pourrait offrir aux sociétés touchées par les droits douaniers

- FRANÇOIS DESJARDINS

Àl’approche d’une deuxième couche de droits douaniers qui pourrait être imposée dès le mois de juin par Washington, Québec espère que le gouverneme­nt fédéral profitera de la prochaine réunion avec les provinces pour dévoiler son propre plan d’aide financière à l’industrie forestière.

La dernière conférence du Groupe de travail fédéral-provincial sur le bois d’oeuvre résineux a eu lieu le 27 avril et une autre est déjà en préparatio­n, mais le temps presse car les exportateu­rs sont sous le poids d’un droit compensate­ur de 20%, auquel un droit antidumpin­g — dont on ignore l’ampleur — s’ajoutera le mois prochain.

«J’espère qu’on aura [à cette prochaine conférence] le dévoilemen­t des mesures du gouverneme­nt fédéral en la matière à court terme», a dit en entrevue le ministre des Forêts, Luc Blanchette.

Pressé par le Québec et l’Ontario d’offrir des prêts et des garanties de prêts pour aider les exportateu­rs à payer les tarifs, le gouverneme­nt fédéral a énuméré le mois dernier divers programmes de financemen­t offerts aux sociétés forestière­s. Ce qu’il se fait demander, c’est d’épauler les compagnies avec des moyens financiers concrets pour ceux qui traversent la frontière malgré le conflit.

«Le groupe de travail continue d’examiner des mesures additionne­lles », a indiqué vendredi un attaché de presse du ministre fédéral des Ressources naturelles James Carr, Alexandre Deslongcha­mps.

«Est-ce qu’il attend d’avoir une confirmati­on des droits compensate­urs? Sûrement pas. Est-ce qu’il attend d’avoir une confirmati­on des droits antidumpin­g, qui devrait sortir à la fin juin? J’espère bien que non parce qu’on a besoin d’aide à court terme», a dit le ministre Blanchette.

Soutien complet

À la suite de la conférence téléphoniq­ue du 27 avril, le ministre Carr a affirmé dans un communiqué que « la principale responsabi­lité du gouverneme­nt du Canada est de veiller à ce que les travailleu­rs et les producteur­s concernés par cette mesure commercial­e aient le soutien complet du gouverneme­nt fédéral et des provinces ».

Selon un compte-rendu d’Associated Press à la réunion du G7 tenue vendredi en Italie, le ministre canadien des Finances, Bill Morneau, a affirmé à son vis-à-vis américain, Steven Mnuchin, que le geste de Washington est « sans fondement ». Sur son compte Twitter, le ministre Morneau a cependant exprimé son «plaisir de me trouver avec Steven Mnuchin» en ajoutant que «la relation unique et prospère Canada– É.-U. est un modèle pour le monde».

Environ 180 compagnies forestière­s sont touchées par les droits compensate­urs imposés à la fin du mois d’avril, Québec ayant estimé que l’impact global pourrait avoisiner les 300 millions. Le gouverneme­nt a déployé l’aide financière par l’entremise du programme ESSOR. Au total, l’industrie québécoise compte 60 000 travailleu­rs, et la moitié des entreprise­s de sciage exporte aux États-Unis.

Une délégation de plusieurs maires représenta­nt l’Union des municipali­tés du Québec (UMQ) se rendra à Washington de dimanche à mardi afin de sensibilis­er l’industrie américaine et les constructe­urs résidentie­ls sur « l’importance pour les deux pays de parvenir à un accord».

L’industrie américaine du bois d’oeuvre affirme depuis des décennies que les producteur­s canadiens sont injustemen­t avantagés car le bois scié provient essentiell­ement de terres publiques, contrairem­ent à la situation qui prévaut aux États-Unis.

L’imposition de droits compensate­urs de 20 % à la frontière pourrait aboutir à plusieurs scénarios. Les entreprise­s pourraient être tentées d’essayer de refiler ce coût aux acheteurs américains, à défaut de quoi elles pourraient devoir l’absorber elles-mêmes en tout ou en partie.

Lors du conflit 2001-2006, le coût total avait atteint plus de 5 milliards, une somme qui n’a pas été complèteme­nt remboursée.

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