Télévision Les Dragons ont enflammé l’entrepreneuriat
L’émission a servi d’inspiration pour les entrepreneurs en herbe, estime le professeur à HEC, Jean-François Ouellet
Est-ce que la télévision peut donner le goût de se lancer en affaires? Selon ce que révèlent les recherches du professeur à HEC Montréal Jean-François Ouellet, les émissions valorisant au petit écran l’entrepreneuriat, et particulièrement Dans l’oeil du dragon, ont eu une incidence réelle sur les intentions des Québécois de créer leur petite entreprise.
M. Ouellet, qui a été lui-même animateur de l’émission Génération inc. sur les ondes de V, présentait vendredi ses conclusions dans le cadre du congrès du Canadian Council for Small Business and Entrepreneurship, qui se tenait à l’Université Laval. Il s’est penché sur la période allant de 2009 à 2016, pendant laquelle «il y a eu une explosion de la volonté de se lancer en affaire, affirme-t-il. Sur le plan des intentions entrepreneuriales, ç’a carrément triplé, et beaucoup autour de 2011 et 2012».
Le professeur, joint au téléphone après son allocution, a d’abord observé si la couverture médiatique de l’entrepreneuriat pendant cette période pouvait avoir eu un impact. Il a compilé les articles et les reportages sur ce sujet, notant aussi si le ton y était positif ou négatif. Résultat : impact nul, et ce, même si le monde des affaires s’est fait écorcher rudement après 2012, entre autres avec la commission Charbonneau.
«Il y a une mouvance qui s’était installée, le terme “entrepreneur” faisait référence à “entrepreneur véreux de la construction”, à Accurso et compagnie, explique Jean-François Ouellet. Et pourtant, c’est exactement à ce moment-là, en 2012, que les intentions d’entrepreneuriat se sont mises à exploser. »
L’effet X-Files
Puis M. Ouellet s’est penché sur l’impact des émissions consacrées à l’entreprenariat qui étaient en ondes à l’époque, soit Génération inc., VoirGrand.tv (Vox et MaTV) et Dans l’oeil du dragon. Il a entre autres utilisé différentes bases de données, dont l’Indice entrepreneurial québécois, ainsi que les rapports officiels de cotes d’écoute.
« Quand les Dragons sont arrivés, en 2012, ils faisaient 800 000 de cotes d’écoute, et un million l’année d’après. Statistiquement, l’effet Dragons, combiné à l’effet des deux autres émissions particulièrement rattachées à l’entrepreneuriat, est beaucoup plus puissant que toutes les autres données pour expliquer les plus grandes intentions des Québécois de se lancer en affaires.»
Le fond de l’histoire est une question d’inspiration, croit Jean-François Ouellet. «Ce que les Dragons ont fait, c’est rendre presque démocratique la notion que si tu as une bonne idée, tu peux en faire quelque chose. »
Dans son allocution, vendredi, le professeur a présenté un article qui faisait le parallèle avec l’impact de la série X-Files pour le domaine scientifique. «Ç’a complètement métamorphosé la perception des Américains au sujet des scientifiques, c’étaient des bibittes bizarres, des geeks, et X-Files les rendaient cools, gentils, sympathiques. »
Dans l’oeil du dragon, diffusée à Radio-Canada, en est en ce moment à sa cinquième saison. L’émission aux allures de téléréalité est un concept que l’on retrouve un peu partout dans le monde. Au Canada anglais, elle porte le titre de Dragon’s Den.