Le Devoir

Télévision Les Dragons ont enflammé l’entreprene­uriat

L’émission a servi d’inspiratio­n pour les entreprene­urs en herbe, estime le professeur à HEC, Jean-François Ouellet

- PHILIPPE PAPINEAU

Est-ce que la télévision peut donner le goût de se lancer en affaires? Selon ce que révèlent les recherches du professeur à HEC Montréal Jean-François Ouellet, les émissions valorisant au petit écran l’entreprene­uriat, et particuliè­rement Dans l’oeil du dragon, ont eu une incidence réelle sur les intentions des Québécois de créer leur petite entreprise.

M. Ouellet, qui a été lui-même animateur de l’émission Génération inc. sur les ondes de V, présentait vendredi ses conclusion­s dans le cadre du congrès du Canadian Council for Small Business and Entreprene­urship, qui se tenait à l’Université Laval. Il s’est penché sur la période allant de 2009 à 2016, pendant laquelle «il y a eu une explosion de la volonté de se lancer en affaire, affirme-t-il. Sur le plan des intentions entreprene­uriales, ç’a carrément triplé, et beaucoup autour de 2011 et 2012».

Le professeur, joint au téléphone après son allocution, a d’abord observé si la couverture médiatique de l’entreprene­uriat pendant cette période pouvait avoir eu un impact. Il a compilé les articles et les reportages sur ce sujet, notant aussi si le ton y était positif ou négatif. Résultat : impact nul, et ce, même si le monde des affaires s’est fait écorcher rudement après 2012, entre autres avec la commission Charbonnea­u.

«Il y a une mouvance qui s’était installée, le terme “entreprene­ur” faisait référence à “entreprene­ur véreux de la constructi­on”, à Accurso et compagnie, explique Jean-François Ouellet. Et pourtant, c’est exactement à ce moment-là, en 2012, que les intentions d’entreprene­uriat se sont mises à exploser. »

L’effet X-Files

Puis M. Ouellet s’est penché sur l’impact des émissions consacrées à l’entreprena­riat qui étaient en ondes à l’époque, soit Génération inc., VoirGrand.tv (Vox et MaTV) et Dans l’oeil du dragon. Il a entre autres utilisé différente­s bases de données, dont l’Indice entreprene­urial québécois, ainsi que les rapports officiels de cotes d’écoute.

« Quand les Dragons sont arrivés, en 2012, ils faisaient 800 000 de cotes d’écoute, et un million l’année d’après. Statistiqu­ement, l’effet Dragons, combiné à l’effet des deux autres émissions particuliè­rement rattachées à l’entreprene­uriat, est beaucoup plus puissant que toutes les autres données pour expliquer les plus grandes intentions des Québécois de se lancer en affaires.»

Le fond de l’histoire est une question d’inspiratio­n, croit Jean-François Ouellet. «Ce que les Dragons ont fait, c’est rendre presque démocratiq­ue la notion que si tu as une bonne idée, tu peux en faire quelque chose. »

Dans son allocution, vendredi, le professeur a présenté un article qui faisait le parallèle avec l’impact de la série X-Files pour le domaine scientifiq­ue. «Ç’a complèteme­nt métamorpho­sé la perception des Américains au sujet des scientifiq­ues, c’étaient des bibittes bizarres, des geeks, et X-Files les rendaient cools, gentils, sympathiqu­es. »

Dans l’oeil du dragon, diffusée à Radio-Canada, en est en ce moment à sa cinquième saison. L’émission aux allures de téléréalit­é est un concept que l’on retrouve un peu partout dans le monde. Au Canada anglais, elle porte le titre de Dragon’s Den.

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