Le Devoir

Quand le disque trouva l’Amérique

- SYLVAIN CORMIER

L’histoire ne se répète pas, elle chante tout le temps la même chanson. Dans les années 1920, le succès de la radio dans les grandes villes causa un déclin marqué des ventes de disques 78 tours. En survie, les RCA Victor, Columbia et cie se tournèrent vers le marché négligé de ce qu’on appelle ici «les régions», et dépêchèren­t des dépisteurs à travers l’Amérique dans le but de dénicher les meilleurs artistes locaux et de graver sur place des disques. On est loin ici d’Alan Lomax, qui documenta en ethnomusic­ologue toutes les musiques. On parle industrie, dollars et sous. Mais ce faisant, on permit pour la première fois «à l’Amérique de s’entendre». L’histoire de cette quête et de ses trouvaille­s, artistes légendaire­s (la famille Carter, Charley Patton, entre autres) et pionniers oubliés (notamment le pasteur Elder Burch, les Williamson Brothers et leurs work songs, Joseph Kekuku, l’inventeur de la guitare steel), voilà ce qu’est American Epic, le très ambitieux projet de messieurs T-Bone Burnett, Jack White et Robert Redford. Trois épisodes durant pour les mardis à venir, à partir de quelques disques fondateurs et d’extraordin­aires archives, on explore comme jamais auparavant la géographie de la musique américaine. Un long métrage suivra, où des artistes contempora­ins enregistre­ront à la manière de l’époque (une prise, un micro, une gravure sur cire). En prolongeme­nt, on sortira un coffret de 100 titres, et un livre. Tout ça est évidemment essentiel. American Epic PBS, mardi, 21 h

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