Un voyage dans le temps et dans le présent
Sur les rives de la rivière Saint-François, à Odanak, se trouve le Musée des Abénakis, la première institution muséale autochtone au Québec, fondée en 1965. Cet été, grâce à une nouvelle application numérique interactive et immersive appelée Mémoire d’un peuple, le visiteur pourra enrichir ses connaissances sur la nation abénaquise. Il pourra aussi visiter trois expositions dont les thèmes sont liés aux nations autochtones. Tour d’horizon.
L’application Mémoire d’un peuple
Lancée en juin prochain, l’application Mémoire d’un peuple permettra aux visiteurs de vivre une expérience muséale plus complète. «À l’aide d’une tablette fournie gratuitement par le musée, les gens pourront visualiser virtuellement des objets que nous possédons dans notre réserve, mais que nous ne pouvons pas exposer dans nos salles, faute d’espace», dit Mathieu O’Bomsawin, directeur du musée.
À travers trois thèmes (mémoire de l’eau, mémoire des objets et mémoire de la terre), l’application permettra d’en apprendre davantage sur les Abénaquis. Ainsi, au gré de la découverte du musée, le visiteur découvrira du contenu supplémentaire qui s’affichera sur la tablette. Des entrevues avec trois membres de la communauté ont aussi été réalisées pour compléter l’information diffusée dans les expositions. Il sera aussi possible, en activant un genre de clé de voûte sur la tablette, d’accéder virtuellement à des objets similaires (à ceux présentés dans l’exposition) préservés dans la réserve muséale.
Le visiteur pourra aussi sortir du musée, sur la terrasse, et sélectionner sur la tablette une ligne du temps. Ainsi, en pointant l’appareil vers l’horizon, il verra apparaître des moments marquants (créés en animation graphique) de la vie du village fortifié d’Odanak au XVIIIe siècle.
Aussi, sur le site du musée, on pourra visiter une exposition virtuelle qui relate l’historique du fort Odanak, qui s’y trouvait de 1704 à 1754. Construit aux abords de la rivière Saint-François, il s’agit de la seule fortification commandée par le roi de France Louis XIV, aménagé par un contingent militaire français et abénaquis et habité ensuite par des autochtones. Ce site a fait l’objet de fouilles archéologiques de 2010 à 2014, grâce à une contribution financière de Patrimoine canadien.
«Dans une chasse au trésor archéologique, le visiteur sera appelé à parcourir le site à la recherche d’une vingtaine d’artefacts », dit M. O’Bomsawin qui mentionne que les fouilles qui y ont été effectuées ont permis de recueillir 2000 artefacts, aujourd’hui propriété du musée. En se déplaçant sur le site, le visiteur pourra repérer des points d’intérêt à l’aide de sa tablette. Lorsque l’interface indiquera une zone riche en artefacts, le visiteur pourra secouer son appareil tel un tamis et accédera ainsi à un objet retrouvé sur place. Il pourra aussi consulter du contenu supplémentaire sous forme d’informations contextuelles, de photographies et de modélisation virtuelle de l’objet.
Sur le site du musée, on pourra visiter une exposition virtuelle qui relate l’historique du fort Odanak, qui s’y trouvait de 1704 à 1754
Un ouvrage sur le mode de vie abénaquis
Les fouilles archéologiques effectuées de 2010 à 2014 ont aussi abouti à une autre réalisation. En début d’été, le musée dévoilera une publication qui fera le point sur ce que les recherches archéologiques, à Odanak et le long de la rivière Saint-François, ont permis de révéler. On pourra ainsi en apprendre davantage sur l’histoire, l’occupation du territoire et le mode de vie ancestral des Abénaquis. L’ouvrage mettra aussi en valeur les artefacts les plus importants mis au jour lors des fouilles.
Des expositions variées
Situé dans l’ancienne école catholique d’Odanak, le musée présentera cet été trois expositions temporaires. La première est appelée Enfants de la terre. «Le chanteur-rappeur algonquin Samian y présente une trentaine de photos qu’il a prises lors de ses multiples voyages », dit M. O’Bomsawin.
Une autre exposition appelée Of frandes consiste en une installation multimédia qui propose une réflexion sur le sens et la valeur des offrandes. Elle explore la complexité et la diversité des différentes pratiques liées au geste d’offrir. Elle est constituée d’oeuvres issues de l’art contemporain réalisées par des artistes autochtones et non autochtones.
La dernière exposition s’intitule Territoires partagés. « Elle offre une incursion dans un univers où la vision du monde autochtone et l’oralité jouent un rôle de premier plan. Des autochtones de diverses nations y présenteront leurs oeuvres», dit M. O’Bomsawin, qui rappelle que la mission du musée est de présenter l’art autochtone sous toutes ces formes. Ces trois expositions seront présentées au musée du 15 juin à la mi-septembre.
Des expositions printanières
Jusqu’au 21 mai, le musée présente aussi deux expositions printanières. Il s’agit de l’exposition Miroir d’un peuple, qui révèle l’oeuvre et l’héritage de Zacharie Vincent, premier autochtone de la nation wendat à avoir exploré l’art contemporain avec le médium de la peinture. L’autre exposition s’intitule Reprendre le portage, par Sarah Cleary, une artiste originaire de la communauté innue de Mashteuiatsh. L’exposition comprend des oeuvres et des installations de l’artiste.
Enfin, autre aspect intéressant pour les amants de la nature, il sera possible de découvrir la faune et la flore d’Odanak en parcourant le sentier pédestre Tolba (tortue), d’une longueur de 1,2km, aménagé le long de la rivière SaintFrançois. On y trouvera des panneaux d’interprétation portant sur les plantes médicinales et des espèces animales comme les tortues, les reptiles et les oiseaux.