Le Devoir

Khadir presse Québec d’intervenir au sujet des enfants sans papiers

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Un projet de loi qui garantirai­t l’accès gratuit à l’école publique aux enfants sans papiers du Québec se fait toujours attendre, et le député Amir Khadir presse le gouverneme­nt Couillard d’agir.

Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, avait promis de déposer une modificati­on législativ­e pour régler le sort de centaines d’enfants sans statut. Son attachée de presse parle maintenant d’un projet de loi qui engloberai­t toute la question de la fréquentat­ion scolaire: enfants sans papiers, écoles illégales et scolarisat­ion à domicile.

La session parlementa­ire se terminant dans cinq semaines, tout indique qu’un tel projet de loi ne pourra être adopté avant la prochaine rentrée scolaire.

Le gouverneme­nt estime qu’entre 300 et 400 élèves au Québec sont sans papiers, mais selon le député de Québec solidaire Amir Khadir, ce chiffre se situerait plutôt entre 1000 et 2000, car la plupart des familles sans statut n’inscrivent pas leurs enfants à l’école, de peur d’être retracées et chassées.

Pourtant, rappelle M. Khadir, ces enfants ont le droit à une éducation primaire de base, comme l’indiquent plusieurs convention­s internatio­nales.

«Le ministre a rappelé lors de l’étude des crédits la semaine dernière son intention d’aller de l’avant rapidement et de déposer [un projet de loi] sous peu», a affirmé vendredi l’attachée de presse du ministre, Marie Deschamps.

En mars dernier, Québec solidaire avait déposé son propre projet de loi, lequel obtient maintenant l’appui d’une quarantain­e d’organisati­ons, dont la Fédération autonome de l’enseigneme­nt (FAE), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Commission scolaire de Montréal. (CSDM)

Celle-ci a adopté une résolution d’urgence, jeudi, demandant au ministère de l’Éducation de lui accorder le statut d’institutio­n scolaire «refuge» et de reconnaîtr­e le financemen­t de ce statut, « considéran­t que la CSDM est reconnue pour ses valeurs d’ouverture, de justice, d’équité et de fraternité universell­e ».

Un apport «bénéfique»

Dans sa résolution, la CSDM précise que l’apport des réfugiés est «bénéfique dans le renforceme­nt de l’image pluricultu­relle et des valeurs d’ouverture à la différence et au partage qu’elle porte et enseigne, mais également dans sa contributi­on au développem­ent économique, social et culturel de Montréal ».

Pour l’heure, les commission­s scolaires peuvent accueillir les enfants sans papiers, mais doivent absorber les coûts à même leurs budgets, car elles ne reçoivent aucune aide financière du gouverneme­nt.

« C’est vraiment fâchant parce que tout le monde est d’accord », s’est indigné M. Khadir en entrevue avec La Presse canadienne, vendredi. « Si c’est un projet de loi omnibus comme ils ont l’habitude de faire, eh bien avant que tout ça passe les différente­s étapes, les amendement­s, les travaux en commission, ça va être long […] On a des responsabi­lités en vertu des convention­s internatio­nales», a-t-il ajouté.

En novembre 2014, le Protecteur du citoyen détaillait la problémati­que dans son rapport intitulé «Accès à l’éducation publique pour les enfants en situation d’immigratio­n précaire».

Il concluait à la nécessité que tout enfant âgé de 6 à 16 ans domicilié sur le territoire du Québec ait accès à l’éducation publique gratuite et fréquente l’école primaire ou secondaire, peu importe son statut d’immigratio­n ou celui de ses parents.

Une motion de Québec solidaire pour «que le statut d’immigratio­n d’un enfant résidant au Québec ne soit pas une contrainte à l’accessibil­ité à l’enseigneme­nt primaire et secondaire » a par la suite été adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale.

Les élus montréalai­s avaient renchéri en votant à l’unanimité le 20 février 2017 une déclaratio­n faisant de Montréal «une ville sanctuaire» pour les sans-papiers.

«On a des responsabi­lités en vertu des convention­s internatio­nales»

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DAVID AFRIAT LE DEVOIR Pour l’heure, les commission­s scolaires peuvent accueillir les enfants sans papiers, mais doivent absorber les coûts à même leurs budgets, car elles ne reçoivent aucune aide du gouverneme­nt.

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