Le Devoir

Le policier Djelidi a parlé à… Bonsoir les sportifs

Le SPVM avait planifié une filature du policier et du chroniqueu­r Patrick Lagacé

- LIA LÉVESQUE

La liste des appels aux médias faits par le policier Fayçal Djelidi, qui a été remise pour obtenir une autorisati­on judiciaire, contient… un appel à l’émission Bonsoir les sportifs de Ron Fournier.

C’est ce qu’a révélé jeudi l’avocat Christian Leblanc, qui représente plusieurs médias, devant la Commission d’enquête sur la protection de la confidenti­alité des sources journalist­iques.

Pour étayer une demande de mandat devant un juge autorisate­ur à l’endroit du policier Djelidi, soupçonné d’abus de confiance, la division des affaires internes du Service de police de la Ville de Montréal avait énuméré plusieurs contacts que le policier avait eus avec des médias. Parmi eux on en trouvait un d’une douzaine de minutes, le 26 décembre 2015, avec Cogeco.

Or Me Leblanc a affirmé à la commission qu’il avait vérifié l’heure de l’appel et le numéro de téléphone, qui serait celui de l’émission Bonsoir les sportifs, une tribune téléphoniq­ue pour amateurs de sports.

L’enquêteur Normand Borduas, qui était aux affaires internes du SPVM et qui a témoigné pour une quatrième journée consécutiv­e, jeudi, devant la commission, ignorait que cet appel avait été fait à cette émission de radio.

L’enquête a aussi permis de relever que le policier Djelidi et le chroniqueu­r Patrick Lagacé, de La Presse, par exemple, avaient eu 85 contacts en quelques mois, qu’il s’agisse d’appels ou de messages textes.

Prêt pour une filature

Les audiences de la commission ont aussi permis d’apprendre jeudi qu’en une occasion, le Service de police s’était préparé à placer des agents en filature pour écouter les échanges entre le chroniqueu­r Lagacé et le policier Djelidi dans un lieu public. Mais, finalement, il ne l’a pas fait, parce que la rencontre entre les deux hommes n’a pas eu lieu.

« On s’est préparés à le faire et la rencontre n’a pas eu lieu finalement. M. Lagacé ne s’est pas présenté», a rapporté l’enquêteur Borduas.

La technique décrite consiste à placer des agents d’infiltrati­on dans un lieu public où une rencontre d’intérêt est censée avoir lieu et d’écouter ainsi ce que les deux personnes se disent.

Le policier Borduas enquêtait alors sur le policier Djelidi, le soupçonnan­t entre autres de couler des informatio­ns confidenti­elles aux médias. M. Lagacé était vu comme une personne utile à l’enquête, mais il n’était pas visé, a répété le témoin.

La commission d’enquête a déjà pris passableme­nt de retard. Le témoignage de l’enquêteur Borduas, qui a pris fin jeudi en fin d’aprèsmidi, en était à sa quatrième journée. Or il était censé ne durer qu’une journée et demie.

Le juge Jacques Chamberlan­d, qui préside l’enquête, a commencé à entendre un deuxième témoin en toute fin de journée: Iad Hanna, un policier du SPVM qui a également travaillé aux affaires internes, parfois avec l’enquêteur Borduas. Il poursuivra son témoignage vendredi.

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