Le rayonnement international de Montréal.
La métropole s’est taillé une place enviable parmi les grandes cités, mais la concurrence reste très forte
Montréal n’est pas Londres ni Genève ou Paris, mais au fil des décennies, la métropole s’est taillé une place enviable dans le réseau mondial des métropoles, devenues des entités qui jouent un rôle grandissant sur les plans économique, culturel et environnemental. Est-ce à dire que la ville a une influence sur la scène internationale ?
«Compte tenu de sa population, Montréal rayonne quand même pas mal et s’attire les louanges de plusieurs autres grandes villes. L’influence internationale [des villes] demeure toujours
La présidence du maire Coderre à la tête de Metropolis, un réseau de 140 métropoles regroupant 700 millions d’habitants, contribue à faire rayonner Montréal au sein des villes cherchant à créer des alliances et à échanger de bonnes pratiques
un peu symbolique compte tenu des pouvoirs réels détenus par les autres ordres de gouvernement. Mais il est clair que les villes ont un rôle grandissant à jouer dans l’attraction des créateurs et des entreprises», estime Philippe Fournier, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales (CERIUM) et expert en relations internationales.
La présidence du maire Denis Coderre à la tête de Metropolis, un réseau mondial réunissant 140 métropoles regroupant 700 millions d’habitants, contribue à faire rayonner Montréal au sein des villes qui cherchent à créer des alliances et à échanger de bonnes pratiques, pour jouer un rôle accru dans certains domaines liés aux réalités urbaines.
Carrefour de l’aviation
Montréal a jeté les premières bases de son réseau international en accueillant l’Association internationale du transport aérien (IATA) dès 1944, puis en attirant dans son giron l’Association de l’aviation civile internationale (OACI), organisme onusien. En 1991, le Conseil international des aéroports (CIA) élira aussi domicile dans la métropole. « Montréal est devenue un hub pour ce qui est de l’aviation, compte tenu de ces associations et de la présence de grands constructeurs aériens comme Bombardier et Pratt et Whitney», souligne le professeur Ram Jacku, directeur de la recherche au Centre de recherche aérien et spatial de l’Université McGill.
Depuis, c’est à Montréal que s’élaborent les standards internationaux et la réglementation touchant l’aviation civile mondiale, alors que l’Institut aérien et spatial de l’Université McGill, créé il y a plus de 66 ans, joue un rôle de premier plan dans la recherche sur les interventions des États dans l’espace et la gestion des débris spatiaux.
«En gros, nous surveillons qui fait quoi, nous évaluons les possibilités de conflits, nous conseillons l’ONU et d’autres institutions, notamment le ministère de la Défense du Canada et des agences spatiales», explique le professeur Jacku, à la tête du projet Milamos, un réseau mondial et indépendant de chercheurs qui travaillent au développement d’un traité international de démilitarisation de l’espace.
Le Protocole de Montréal, qui a mené à la conclusion d’un accord international pour réduire la destruction de la couche d’ozone, en 1985, a aussi ajouté à la notoriété de l’agglomération. La présence de 68 organisations internationales, dont plusieurs agences de l’ONU, a permis à Montréal «de tirer son épingle du jeu», estime le professeur Frédéric Mérand, directeur du CERIUM.
« Les quatre universités de la ville et son caractère cosmopolite, ça aide, mais Montréal se trouve quand même dans une province qui ne l’est pas [cosmopolite]. Il faut beaucoup de volontarisme politique pour pallier le fait que Montréal n’est pas une capitale économique», note-t-il.
Succès international du Bixi, Sommet international sur le vivre-ensemble, création du Centre sur la prévention de la radicalisation menant à la violence de Montréal : plusieurs autres villes se sont inspirées des politiques développées ici. «Certains de ces modèles sont aujourd’hui exportés ailleurs», note Philippe Fournier.
Reste que la concurrence entre grandes villes demeure très forte à l’heure où l’attrait des créateurs et des universitaires reste l’élément clé pour se forger une place enviable dans l’économie du XXIe siècle. « Montréal ne fait pas encore partie du C40 et a peu développé ces liens avec l’Amérique du Sud, là où aura lieu une forte croissance économique dans les prochaines décennies, remarque le professeur. Et là, il reste beaucoup à faire.»