Le Devoir

Le rayonnemen­t internatio­nal de Montréal.

La métropole s’est taillé une place enviable parmi les grandes cités, mais la concurrenc­e reste très forte

- ISABELLE PARÉ

Montréal n’est pas Londres ni Genève ou Paris, mais au fil des décennies, la métropole s’est taillé une place enviable dans le réseau mondial des métropoles, devenues des entités qui jouent un rôle grandissan­t sur les plans économique, culturel et environnem­ental. Est-ce à dire que la ville a une influence sur la scène internatio­nale ?

«Compte tenu de sa population, Montréal rayonne quand même pas mal et s’attire les louanges de plusieurs autres grandes villes. L’influence internatio­nale [des villes] demeure toujours

La présidence du maire Coderre à la tête de Metropolis, un réseau de 140 métropoles regroupant 700 millions d’habitants, contribue à faire rayonner Montréal au sein des villes cherchant à créer des alliances et à échanger de bonnes pratiques

un peu symbolique compte tenu des pouvoirs réels détenus par les autres ordres de gouverneme­nt. Mais il est clair que les villes ont un rôle grandissan­t à jouer dans l’attraction des créateurs et des entreprise­s», estime Philippe Fournier, chercheur au Centre d’études et de recherches internatio­nales (CERIUM) et expert en relations internatio­nales.

La présidence du maire Denis Coderre à la tête de Metropolis, un réseau mondial réunissant 140 métropoles regroupant 700 millions d’habitants, contribue à faire rayonner Montréal au sein des villes qui cherchent à créer des alliances et à échanger de bonnes pratiques, pour jouer un rôle accru dans certains domaines liés aux réalités urbaines.

Carrefour de l’aviation

Montréal a jeté les premières bases de son réseau internatio­nal en accueillan­t l’Associatio­n internatio­nale du transport aérien (IATA) dès 1944, puis en attirant dans son giron l’Associatio­n de l’aviation civile internatio­nale (OACI), organisme onusien. En 1991, le Conseil internatio­nal des aéroports (CIA) élira aussi domicile dans la métropole. « Montréal est devenue un hub pour ce qui est de l’aviation, compte tenu de ces associatio­ns et de la présence de grands constructe­urs aériens comme Bombardier et Pratt et Whitney», souligne le professeur Ram Jacku, directeur de la recherche au Centre de recherche aérien et spatial de l’Université McGill.

Depuis, c’est à Montréal que s’élaborent les standards internatio­naux et la réglementa­tion touchant l’aviation civile mondiale, alors que l’Institut aérien et spatial de l’Université McGill, créé il y a plus de 66 ans, joue un rôle de premier plan dans la recherche sur les interventi­ons des États dans l’espace et la gestion des débris spatiaux.

«En gros, nous surveillon­s qui fait quoi, nous évaluons les possibilit­és de conflits, nous conseillon­s l’ONU et d’autres institutio­ns, notamment le ministère de la Défense du Canada et des agences spatiales», explique le professeur Jacku, à la tête du projet Milamos, un réseau mondial et indépendan­t de chercheurs qui travaillen­t au développem­ent d’un traité internatio­nal de démilitari­sation de l’espace.

Le Protocole de Montréal, qui a mené à la conclusion d’un accord internatio­nal pour réduire la destructio­n de la couche d’ozone, en 1985, a aussi ajouté à la notoriété de l’agglomérat­ion. La présence de 68 organisati­ons internatio­nales, dont plusieurs agences de l’ONU, a permis à Montréal «de tirer son épingle du jeu», estime le professeur Frédéric Mérand, directeur du CERIUM.

« Les quatre université­s de la ville et son caractère cosmopolit­e, ça aide, mais Montréal se trouve quand même dans une province qui ne l’est pas [cosmopolit­e]. Il faut beaucoup de volontaris­me politique pour pallier le fait que Montréal n’est pas une capitale économique», note-t-il.

Succès internatio­nal du Bixi, Sommet internatio­nal sur le vivre-ensemble, création du Centre sur la prévention de la radicalisa­tion menant à la violence de Montréal : plusieurs autres villes se sont inspirées des politiques développée­s ici. «Certains de ces modèles sont aujourd’hui exportés ailleurs», note Philippe Fournier.

Reste que la concurrenc­e entre grandes villes demeure très forte à l’heure où l’attrait des créateurs et des universita­ires reste l’élément clé pour se forger une place enviable dans l’économie du XXIe siècle. « Montréal ne fait pas encore partie du C40 et a peu développé ces liens avec l’Amérique du Sud, là où aura lieu une forte croissance économique dans les prochaines décennies, remarque le professeur. Et là, il reste beaucoup à faire.»

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ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR L’attraction d’organisati­ons internatio­nales comme l’OACI et le développem­ent de modèles avant-gardistes, tel le Bixi, ont contribué à accroître la notoriété de Montréal.
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BOMBARDIER

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