La terreur frappe Manchester
Un attentat jugé « terroriste » par les autorités fait une vingtaine de morts dans une salle bondée de jeunes
Au moins 19 personnes ont été tuées et environ 50 blessées lundi soir dans une salle de concert à Manchester, dans l’ouest de l’Angleterre, à la suite d’une explosion que les autorités considèrent comme un acte «terroriste».
L’ambiance rose bonbon de ballons déversés sur une foule largement adolescente s’est assombrie abruptement. L’une des dernières chansons du concert de la chanteuse pop Ariana Grande a été interrompue par une puissante détonation. Des milliers de personnes ont dû être évacuées dans la panique subséquente.
La police de Manchester a rapidement averti les citoyens d’éviter la zone en indiquant réagir à des informations «selon lesquelles il y aurait eu une explosion». Environ une heure plus tard, elle a dressé un bilan provisoire de 19 morts et d’environ 50 blessés. L’événement «est traité comme un incident terroriste», a-t-elle déclaré.
«Nous travaillons à établir tous les détails de ce qui est traité par la police comme une épouvantable attaque terroriste», a déclaré la première ministre britannique Theresa May, en exprimant sa sympathie aux familles.
Le ministre de la Sécurité, Ben Wallace, a quant à lui qualifié l’incident «d’attaque» et appelé les citoyens à la vigilance. « Si vous voyez quoi que ce soit de suspect, appelez la ligne antiterroriste. »
Parmi les théories, celle de l’attentat suicide a été évoquée par plusieurs sources dans les médias britanniques, sans aucune confirmation au moment d’écrire ces lignes.
La police a immédiatement bouclé un large pan du secteur. Les services de train et de métro ont été interrompus, puisque la salle de spectacle communique avec la station Victoria.
Au moins cinq des hôpitaux de l’agglomération urbaine recevaient des spectateurs touchés par l’explosion. Les services médicaux d’urgence et les hôpitaux ont vite été mobilisés. Le Manchester Evening News rapportait des scènes de «chaos absolu» au service de traumatologie de l’hôpital Wythenshawe. L’établissement a rapidement demandé aux gens qui attendaient aux urgences de quitter les lieux pour faire de la place aux blessés de l’attentat.
Témoins sous le choc
«Tous les gens qui étaient de l’autre côté de la salle de concert où le “bang” a été entendu sont soudain venus vers nous en courant et ils essayaient de sortir, donc ça bloquait, et tout le monde fuyait vers la sortie qu’il pouvait trouver le plus rapidement possible, a-t-il ajouté. C’était la panique. »
Isabel Hodgkin, qui assistait elle aussi au concert, a déclaré à la chaîne de télévision Sky News : «Tout le monde paniquait, ça poussait dans les escaliers. »
«Le couloir était plein de monde, il y avait une odeur de brûlé, il y avait beaucoup de fumée pendant qu’on sortait», a-telle dit. Robert Tempkin, 22 ans, a déclaré à la BBC: « Tout le monde criait et courait, il y avait des manteaux et des téléphones sur le sol, les gens ont tout abandonné» dans le mouvement de panique.
Gary Walker et sa femme, de la ville de Leeds, attendaient dans le hall de l’aréna de Manchester leurs deux filles qui assistaient au concert. Ils ont entendu la dernière chanson. Des spectateurs ont commencé à sortir de la salle quand ils ont vu un flash et entendu une explosion.
«J’ai eu un peu mal à mon pied et ma jambe, a dit M. Walker. Ma femme a dit qu’elle devait s’allonger. Je l’ai aidée à se coucher. Elle a une blessure à l’estomac et peut-être une fracture à une jambe. J’étais à environ trois mètres de l’explosion. Je suis étonné de m’en être tiré avec peu de dommages. »
Le couple a attendu les secours pendant une heure environ. Leurs deux filles sont saines et sauves même si elles ont été prisonnières de la foule en panique après l’explosion. Elles ont pu avertir leurs parents par téléphone.
Solidarité et alerte
Sur les ondes de la radio BBC 5 et sur Twitter, des personnes cherchaient encore leurs proches plus de trois heures après l’événement. Sur les réseaux sociaux, des Mancuniens offraient d’accueillir sous leur toit les personnes sous le choc, grâce au mot-clic dédié #Roomformanchester. Deux hôtels de la zone avaient également recueilli des dizaines d’enfants séparés de leurs parents au moment de l’explosion.
Le réseau social Facebook a activé son service Safety Check pour la ville de Manchester après l’explosion. Cette fonction permet aux usagers de donner rapidement des informations à ses «amis» du réseau en cas de crise. Les gens peuvent alors savoir si un de leurs proches se trouve dans la zone touchée et dans quel état il se trouve.
Le maire du grand Manchester, Andy Burnham, s’est adressé aux citoyens par gazouillis : « Mon coeur est avec les familles qui ont perdu un être cher, mon admiration va aux services d’urgence courageux. Une nuit terrible pour notre grande ville. »
« S’il s’agit d’une attaque terroriste, il s’agit d’un acte aussi monstrueux que profondément futile, a dit Richard Leese, qui dirige le Conseil de Manchester. Notre ville est fière et forte et nous ne permettrons pas à ceux qui cherchent à semer la peur et la division d’atteindre leurs objectifs. »
Le premier ministre Justin Trudeau a également incité les Canadiens à accompagner en pensées les victimes et leur famille.
Rappelons que le 22 mars dernier, un attentat a eu lieu dans le quartier Westminster, où est situé le parlement du Royaume-Uni. Une voiture avait d’abord renversé plusieurs passants sur le pont de Westminster en plein aprèsmidi. Une minute plus tard, le même homme, descendu de sa voiture, a poignardé mortellement un policier, avant d’être abattu par la police britannique. Au total, six personnes sont mortes, dont l’assaillant.
Le niveau de menace terroriste a été relevé de « substantiel » à « sévère » depuis août 2014, soit quelques semaines après l’engagement du Royaume-Uni à combattre le groupe armé État islamique à l’intérieur de la coalition internationale. Ce niveau d’alerte signifie qu’une attaque est « hautement probable ».
Les leaders des partis d’opposition ont aussi exprimé leurs condoléances. La campagne électorale actuelle a été suspendue jusqu’à nouvel ordre.