Le Devoir

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Le dessein de s’en prendre à la jeunesse était déjà explicite dans les attentats terroriste­s commis au Bataclan (Paris, 13 novembre 2015), sur la promenade de Nice (14 juillet 2016) ou, événement plus ancien, contre une discothèqu­e bondée de touristes étrangers à Bali, en 2002 (202 morts). Les cerveaux malades qui ont conçu l’attentat-suicide de Manchester ont creusé l’abjection en cherchant spécifique­ment à cibler des filles. La fusillade d’Orlando (12 juin 2016, 49 morts) était odieusemen­t homophobe. Dans l’attentat qui vient de se produire en Grande-Bretagne, il y a un crime indicible de misogynie.

Dans la violence aveugle pratiquée par les hommes de main du groupe armé État islamique (EI), dans leur refus fanatique de l’altérité, il y a une précision cynique. Située à 250 kilomètres au nord-ouest de Londres, Manchester est une ville de musique, un coeur important de la vie culturelle anglaise. Vieille ville industriel­le, elle s’est transformé­e en économie de service dynamique. Le terrorisme n’est pas non plus étranger à Manchester. En 1996, l’Armée républicai­ne irlandaise faisait exploser un camion piégé dans le centre-ville, après avoir eu la décence d’en prévenir la population. L’attaque n’avait pas fait de morts, mais, oui, plusieurs blessés. Les dommages matériels avaient été immenses, présentant ainsi l’occasion, aussi curieux et dérangeant que cela puisse paraître, de moderniser une ville qui en avait bien besoin.

Preuve que les habitants de Manchester en ont vu d’autres. Ils pleureront les victimes de l’attentat revendiqué par le groupe EI, mais, peut-on penser, sans se laisser durablemen­t intimider. Le groupe EI est capable de beaucoup de mal, mais sa stratégie est perdante.

Impossible, au demeurant, de ne pas relever que cet attentat se produit dans la foulée de la visite aberrante du président Donald Trump en Arabie saoudite. Parallèle troublant. En allant en fin de semaine se vautrer dans la pompe saoudienne, M. Trump s’est fait le complice d’une dictature qui, faut-il le rappeler, enferme les femmes et dont l’idéologie wahhabite a servi d’incubateur à al-Qaïda et au groupe EI.

On aurait voulu voir le président américain plaider la défense des droits de la personne. Le voir tenter de construire des ponts, plutôt que de vendre des armes. Par simplisme ahurissant, il a rameuté le monde sunnite contre l’« ennemi » iranien… Cet homme est bien une invitation à plus de violence, sous toutes ses formes.

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GUY TAILLEFER

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