Le Devoir

Québec solidaire a renié ses principes de transparen­ce

- LAURIE COSTA Étudiante de maîtrise aux Hautes études internatio­nales de l’Université Laval

« La démocratie participat­ive doit également faire l’objet d’un grand ménage pour faire davantage place à la transparen­ce, à l’imputabili­té et à l’intégrité. » Cette citation est tirée de la déclaratio­n adoptée lors du congrès de fondation de Québec solidaire en février 2006. Dans les principes retenus par la formation politique se trouve la démocratie, dont l’une des composante­s est la transparen­ce. D’ailleurs, Québec solidaire a critiqué à de nombreuses reprises le manque de transparen­ce du Parti libéral du Québec, notamment en ce qui concerne les enjeux énergétiqu­es.

Mais qu’est-ce que la transparen­ce? Selon une définition du Larousse, la transparen­ce est la « parfaite accessibil­ité de l’informatio­n dans les domaines qui regardent l’opinion publique ». Il est donc étonnant d’apprendre que les dirigeants de QS ont volontaire­ment caché aux membres la conclusion d’une entente entre tous les partis souveraini­stes. Que Manon Massé affirme que la diffusion d’une telle informatio­n n’aurait rien changé aux résultats du congrès, dont le principal sujet était la convergenc­e avec le Parti québécois, semble un peu paternalis­te. En effet, les délégués auraient dû avoir accès à toute l’informatio­n avant de parvenir à un quelconque choix. En vertu de l’article 10 du Code civil du Québec, le consenteme­nt ne peut être valide que s’il est libre et éclairé. Une personne doit obtenir toutes les informatio­ns nécessaire­s pour être en mesure de soupeser les avantages, inconvénie­nts et conséquenc­es de son choix.

En retenant volontaire­ment cette informatio­n, les dirigeants de Québec solidaire ont empêché les délégués d’exprimer leur choix de façon valable. Pour un parti qui reproche à ses opposants de ne pas être transparen­ts, Québec solidaire semble démontrer qu’il est sélectif, lui aussi, quant au moment où la transparen­ce doit s’appliquer.

Enfin, QS est paradoxal sur un autre plan. Sur la page réservée au congrès sur son site Internet, on retrouve les indication­s suivantes: « Toutes les personnes membres de Québec solidaire peuvent s’inscrire pour assister aux instances nationales du parti. Cependant, pour participer activement aux prises de décisions et avoir un droit de vote, vous devez être élu ou nommé délégué par les membres de votre associatio­n locale ou régionale. » C’est donc dire que seuls quelques membres ont eu la possibilit­é de voter au sujet de l’avenir du parti. Or, QS milite ardemment pour changer le mode de scrutin actuel afin qu’il devienne proportion­nel. Chaque vote compterait ainsi réellement. Posonsnous la question suivante: est-ce qu’un parti qui s’appuie sur le vote réservé aux seuls délégués est crédible quand il milite pour un mode de scrutin proportion­nel? Le congrès de QS a donné lieu à plusieurs décisions, mais il a engendré plusieurs réflexions sur la capacité du parti à faire de la politique autrement.

 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? Françoise David et Amir Khadir en 2006, lors du congrès de fondation de Québec solidaire. Selon l’auteure, le parti vient de renier un des principes adoptés lors de ce congrès.
JACQUES NADEAU LE DEVOIR Françoise David et Amir Khadir en 2006, lors du congrès de fondation de Québec solidaire. Selon l’auteure, le parti vient de renier un des principes adoptés lors de ce congrès.

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