Fiat Chrysler à son tour accusé d’avoir faussé des données
Detroit — Le gouvernement américain poursuit Fiat Chrysler, alléguant que certains camions diesel et véhicules utilitaires sport Jeep ont faussé les données en matière d’émissions polluantes.
Déposée mardi, la poursuite avance que près de 104 000 camions Ram et Jeep Grand Cherokee des années 2014 à 2016 étaient équipés d’un logiciel leur permettant de réussir les tests d’homologation menés par l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA). Le géant de l’automobile n’a pas dévoilé la présence de ce logiciel lors des tests ayant permis à ces véhicules d’être vendus, selon l’agence, qui ajoute que ce dispositif modifiait la performance des Ram et Jeep lors des essais menés en laboratoire.
Fiat Chrysler affirme pour sa part que ces logiciels ne visaient pas à ce que les Jeep et Ram puissent détecter les tests d’homologation, mais plutôt à détecter de potentiels problèmes qui pourraient menacer l’intégrité des moteurs lorsque les dispositifs visant à contrôler les émissions fonctionnent. L’entreprise affirme que le cas est différent de celui de Volkswagen, qui avait intentionnellement truqué les moteurs de ses véhicules.
L’EPA avait délivré un avis d’infraction contre Fiat Chrysler concernant le logiciel en question en janvier. À ce moment, le président et chef de la direction du constructeur automobile, Sergio Marchionne, avait affirmé qu’il n’y avait pas eu d’irrégularités.
La poursuite déposée auprès d’une cour fédérale de Détroit demande une ordonnance qui obligerait Fiat Chrysler à cesser d’utiliser le logiciel en plus de l’exposer à de potentielles amendes, d’après un communiqué de l’EPA.
Pour sa part, Volkswagen, le premier constructeur automobile à avoir été soupçonné d’avoir faussé les contrôles antipollution de certains véhicules diesel, a été entendu par des juges français et placé sous le statut de témoin assisté, intermédiaire entre inculpé et simple témoin, selon une source proche du dossier.
Le fleuron de l’industrie allemande, numéro 1 mondial de l’automobile, a été placé sous ce statut le 28 mars, après l’audition d’un de ses représentants par trois magistrats instructeurs du pôle de santé publique, a dit cette source à l’AFP. Volkswagen a alors «confirmé avoir équipé certains véhicules commercialisés en France avec un logiciel, mais contesté son caractère frauduleux», a précisé une autre source proche du dossier.
Accusations
La justice française a ouvert en février 2016 une information judiciaire pour tromperie aggravée. Trois autres constructeurs sont visés par des enquêtes similaires en France : les Français Renault et PSA ainsi que le groupe américano-italien Fiat Chrysler. L’allemand a reconnu avoir équipé 11 millions de véhicules dans le monde (Volkswagen, Volkswagen Utilitaires, Porsche, Audi, Skoda et Seat) de ce logiciel, dont 8,5 millions en Europe.
La Direction générale de la concurrence relève, dans un procès-verbal du 11 février 2016 dont l’AFP a eu connaissance, que près de 950 000 véhicules diesel, équipés du dispositif, ont été écoulés par le groupe en France. « Le chiffre d’affaires frauduleux […] s’élève à 22,78 milliards d’euros », avec « une économie frauduleuse de 1,52 milliard d’euros par an en moyenne entre 2012 et 2014», d’après la Direction, qui souligne qu’en cas de renvoi devant un tribunal, le constructeur pourrait encourir une amende maximale de 19,73 milliards d’euros.
Cette somme colossale «n’est qu’un montant théorique et abstrait prévu par la loi », a affirmé Volkswagen dans un message transmis à l’AFP.
Aujourd’hui, le groupe n’encourt plus de poursuites aux États-Unis, où il a plaidé coupable de fraude et d’obstruction à la justice, même si sept de ses cadres y ont été inculpés. Ailleurs dans le monde, il fait toujours l’objet de demandes de dédommagements de clients et d’investisseurs s’estimant floués et plusieurs enquêtes sont en cours.
La justice allemande a ouvert en février une enquête, soupçonnant Matthias Müller, aux commandes du groupe depuis septembre 2015, et d’autres responsables d’avoir volontairement tardé à informer les marchés financiers du Dieselgate, un retard aux lourdes conséquences financières pour les investisseurs.
Le scandale n’en finit pas de rebondir également chez d’autres constructeurs: des perquisitions ont eu lieu mardi en Allemagne dans une dizaine de locaux de Daimler, également soupçonné de fraude sur les émissions polluantes de ses voitures.
L’entreprise affirme que son cas est différent de celui de Volkswagen, qui avait intentionnellement truqué les moteurs de ses véhicules