Le Devoir

Bénévoles sur demande

Simplyk met en relation des organismes et des gens qui veulent donner de leur temps

- KARL RETTINO-PARAZELLI

Le Québec regorge d’entreprene­urs passionnés qui tentent de mettre à profit une idée ou un concept novateur. Chaque semaine, Le Devoir vous emmène à la rencontre de gens visionnair­es, dont les ambitions pourraient transforme­r votre quotidien. Aujourd’hui, de jeunes ingénieurs qui souhaitent concevoir une société plus solidaire.

Vous voulez réserver une table pour deux à votre restaurant favori ou acheter des billets d’avion pour votre prochain voyage? Rien de plus facile, tout peut se faire en ligne. Alors, pourquoi est-ce plus compliqué lorsqu’on veut donner de son temps?

C’est la question que s’est posée François de Kerret lorsqu’il est arrivé au Québec il y a trois ans, pour étudier le génie mécanique à Polytechni­que Montréal. À l’époque, le jeune homme d’origine française voulait s’impliquer, mais ses recherches étaient laborieuse­s.

« Je cherchais à être bénévole, mais j’avais de la difficulté à trouver et je me disais que c’était un énorme gâchis. Beaucoup de gens comme moi veulent donner du temps, veulent aider, mais ils ne savent pas trop comment faire. »

Pendant leurs temps libres, son ami Thibaut Jaurou et lui se mettent à rêver d’une plateforme technologi­que qui simplifier­ait la vie des bénévoles potentiels et des organismes qui tentent de les attirer. En avril 2016, cette idée devient l’entreprise Simplyk.

Servir les écoles

Lancée officielle­ment en septembre dernier, la plateforme de Simplyk permet aux organismes d’afficher des offres et aux bénévoles de choisir celles qui les intéressen­t, selon leur lieu de résidence, leur âge et le type d’engagement qu’ils recherchen­t.

Il peut s’agir d’aider un élève à faire ses devoirs, de contribuer à l’organisati­on d’une course à pied ou de soutenir un programme de francisati­on pour les nouveaux arrivants.

Depuis le début, les cofondateu­rs de Simplyk s’imposent une règle bien simple: les organismes et les bénévoles ne paient rien. Pour générer des revenus, l’entreprise mise donc sur les écoles secondaire­s qui exigent que leurs élèves effectuent des heures de bénévolat, comme les écoles d’éducation internatio­nale et certains collèges privés.

En payant un abonnement annuel, chaque école a ainsi accès à un tableau de bord qui lui permet de gérer son programme de bénévolat. «Il y a des professeur­s qui nous racontent à quel point ils étaient débordés, souligne François. Une professeur­e devait par exemple gérer les dossiers de 300 élèves et, pour elle, c’était un calvaire.»

«Ce qu’on propose aux élèves, c’est de trouver des activités enrichissa­ntes et épanouissa­ntes, qui vont vraiment permettre d’aider les gens, plutôt que de simplement

cumuler des heures », ajoute-t-il.

Croissance rapide

L’entreprise, qui est passée par l’accélérate­ur l’Esplanade avant d’atterrir à District 3, a d’abord fait sa marque à Montréal. Elle a maintenant étendu sa présence à Québec et dans plusieurs autres villes de la province, comme Sherbrooke, Mont-Tremblant et même Rouyn-Noranda. L’Ontario est maintenant dans la ligne de mire, et des projets-pilotes aux États-Unis devraient suivre.

À l’heure actuelle, près de 400 organismes affichent des offres sur la plateforme et plus de 2500 élèves y sont inscrits. Avec une croissance du nombre

d’inscriptio­ns d’environ 25% par mois, François obtient la confirmati­on qu’il a fait le bon choix en mettant sa carrière d’ingénieur entre parenthèse­s il y a un an.

«Thibault et moi avons eu la chance d’être dans un environnem­ent privilégié, de faire de bonnes études, dit-il. Nous avons des outils en main et nous sommes motivés à faire quelque chose qui peut aider des milliers de personnes. »

Passer à l’action

En plus de cogner à la porte des écoles secondaire­s, Simplyk pourrait un jour offrir des abonnement­s aux entreprise­s qui souhaitent encourager leurs employés à faire du bénévolat. Mais en parallèle, la plateforme demeurera toujours accessible à tous.

«J’ai l’impression que ma génération est très sensibilis­ée à des enjeux comme l’environnem­ent ou les inégalités sociales. On a tous envie de changer les choses, mais quand on regarde les statistiqu­es, on remarque que nous ne sommes pas nécessaire­ment plus impliqués dans des projets que les génération­s précédente­s, observe François. Notre but est d’aider les gens à passer à l’action.»

Avec le temps, l’entreprene­ur a d’ailleurs trouvé l’activité de bénévolat qu’il cherchait. Il s’implique aujourd’hui auprès de l’Associatio­n des sports pour aveugles de Montréal. Une façon pour lui de découvrir un monde qui le fascine, pour en inciter d’autres à faire de même.

On a tous envie de changer les choses, mais quand on regarde les statistiqu­es, on remarque que nous ne sommes pas nécessaire­ment plus impliqués dans des projets que les génération­s précédente­s François de Kerret

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PEDRO RUIZ LE DEVOIR C’est en rêvant d’une plateforme technologi­que qui simplifier­ait la vie des bénévoles potentiels et des organismes qui tentent de les attirer que Thibaut Jaurou et François de Kerret sont devenus entreprene­urs.

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