Grande-Bretagne: Theresa May sous le feu des critiques
La campagne électorale a repris dans un climat transformé
Le gouvernement de Theresa May s’est retrouvé sous le feu des critiques de l’opposition à la reprise de la campagne électorale vendredi pour avoir diminué le nombre des policiers, quatre jours après l’attentat de Manchester.
La police a arrêté un nouveau suspect dans la banlieue de Manchester et huit personnes restent en garde à vue dans le cadre de l’enquête pour démanteler le réseau djihadiste derrière l’attentat suicide de lundi soir, revendiqué par le groupe État islamique (EI). Il a fait 22 morts et 116 blessés, dont 75 sont encore hospitalisés, selon un nouveau bilan.
Suspendue après l’attentat d’un commun accord entre la première ministre, Theresa May, et le chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn, la campagne électorale a repris dans un climat transformé par la mise du pays en état d’alerte terroriste maximal, avec l’armée déployée en renfort de la police.
Le leader travailliste, Jeremy Corbyn, a souligné le lien entre la politique étrangère du Royaume-Uni et les
attentats — une référence aux engagements militaires en Irak et en Afghanistan ainsi qu’aux frappes menées en Syrie, auxquels il s’est toujours opposé. Une victoire du Parti travailliste aux législatives «changerait ce que nous faisons à l’étranger», a-til expliqué, insistant sur le fait que « la guerre contre le terrorisme ne fonctionne tout simplement pas ».
Jeudi, la vice-présidente du parti europhobe Ukip, Suzanne Evans, avait reproché à Mme May d’être «en partie responsable » de l’attaque en raison des coupes dans le budget de la police quand elle était ministre de l’Intérieur (2010-2016) avant
de devenir premier ministre.
Le nombre de policiers a diminué d’environ 14 %, soit 20 000 officiers, entre 2009 et 2016, selon le groupe de réflexion indépendant Institut d’études fiscales. Les conservateurs sont au pouvoir depuis 2010.
Cinq points d’écart
Selon un sondage de l’institut YouGov publié dans le Times, la marge séparant les conservateurs des travaillistes dans les intentions de vote n’est plus que de cinq points, alors qu’elle s’élevait à 24 points en avril.
Mme May a convoqué ces élections anticipées dans le but d’en sortir renforcée en vue des négociations sur la sortie de l’Union européenne qui doivent s’ouvrir peu après le scrutin.
En signe de solidarité, le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, a effectué une visite éclair à Londres. Il s’est dit convaincu que «la relation spéciale » entre les deux pays «surmonterait sans aucun doute» l’incident «particulièrement malheureux» des fuites dans l’enquête de police aux médias américains.
Theresa May a demandé au président américain, Donald Trump, que les informations sur l’enquête en cours restent « confidentielles », jeudi à Bruxelles au sommet de l’OTAN, et M. Trump s’est engagé à poursuivre les responsables.
La chef du gouvernement se trouvait vendredi pour une journée en Sicile au sommet du G7 et doit y exhorter les géants de l’Internet à s’impliquer davantage pour éliminer les contenus extrémistes en ligne. Le président français, Emmanuel Macron, lui a promis de faire «tout ce qui est possible » pour l’aider à lutter contre le terrorisme lors d’un entretien bilatéral.