Le Devoir

Musique: jongler dans la jungle avec Animal Collective­s

Animal Collective vient de lancer un minialbum et montera sur scène ce samedi soir au Corona

- PHILIPPE PAPINEAU

Au fil des albums, on ne sait jamais trop où atterrira le quatuor rock américain Animal Collective. Dans une musique accrocheus­e, acide mais qui se chante? Ou alors dans des expériment­ations à saveur électroniq­ue? C’est depuis toujours une habile jonglerie entre les deux.

Animal Collective sera sur scène à Montréal ce samedi soir, au Corona, avec en poche un nouvel EP de quatre titres, qui verse beaucoup plus dans le travail de défrichage que dans celui de constructi­on de leurs vers d’oreilles un peu dadaïstes, colorés, zappaesque­s.

Ce minialbum s’intitule Meeting of the Waters, et a été enregistré… en direct de l’Amazonie. Rien de moins. En fait, ce sont les deux membres Avey Tare (David Porter) et Geologist (Brian Weitz) qui ont travaillé sur ce disque — la formation est complétée par Panda Bear (Noah Lennox) et Deakin (Josh Dibb). Ils se sont rendus dans la forêt tropicale dans le cadre d’un épisode de l’émission Earth Works sur Viceland, dont ils ont créé la musique. La diffusion est prévue le 2 juin.

Le résultat est une plongée sonore dans la jungle, doublée de quelques paroles et d’ajouts d’instrument­s divers.

«On a été là une semaine, on a passé beaucoup de temps à faire de l’enregistre­ment terrain, des animaux, de la jungle, et des tribus indigènes, raconte au bout du fil Brian Weitz, qui dans une vie passée était impliqué dans les organismes environnem­entaux. Puis, on retournait à l’hôtel et la nuit on faisait des chansons avec ça, basées sur ce qu’on avait récolté le jour. »

David avait sa guitare, Brian un petit synthétise­ur «qui ne fonctionna­it pas très bien dans l’humidité de l’Amazonie!». Ils ont créé au-delà de 30 minutes de musique, dont une petite partie se retrouve dans l’émission.

«Et on a demandé si on pouvait mettre sur disque ce qu’on avait fait, ils ont dit bien sûr.» Et nous voilà gâtés.

Entre les deux

Leur précédent EP, The Painters, était tissé de chansons plus pop et rythmées, dans la veine de leur titre FloriDada. Mais si Animal Collective oscille entre deux identités, rien n’est travaillé en ce sens.

« On essaie que ce soit le plus organique possible, assure Brian Weitz. Mais rendu où on est dans notre carrière, on sait que certaines de nos chansons seront plus appropriée­s pour un disque que la maison de disque va promouvoir avec des extraits radio, des vidéoclips. Et il y a des projets qui ne se retrouvero­nt jamais en ondes, ou qui ne seront pas populaires sur les services de streaming. »

Là où les différence­s tendent à s’atténuer, c’est sur scène, croit Weitz. C’est là, selon lui, que les goûts distincts — voire disparates — de chacun des quatre musiciens se répercuten­t le mieux, là où « l’équilibre est le meilleur ».

Le groupe aime jouer du nouveau matériel et de vieilles chansons moins connues, en tout respect pour le public qui a ses titres préférés. Animal Collective essaie de toujours se garder un espace d’improvisat­ion dans l’enchaîneme­nt des titres. «On laisse beaucoup de place dans notre setlist, des fois on a une rapide discussion en coulisses sur comment passer de telle chanson à telle autre chanson. Chaque soir, sur scène, il y a un moment où il faut être très présent, dans le moment.»

Depuis le temps — leurs premiers disques remontent au début des années 2000 — Animal Collective a développé des routines en tournée, entre autres d’aller dénicher des librairies et des disquaires dans les villes où ils passent, grâce à des applicatio­ns spécialisé­es.

De Montréal, Brian Weitz se souvient d’un soir de 2003, après un spectacle, où le groupe était entré par effraction sur le site d’une piscine extérieure du campus de l’Université McGill. «On a trouvé une façon de mettre des vêtements sur les barbelés, de grimper pardessus la clôture et d’avoir un pool party. On avait amené une table à pique-nique sur le bord de la piscine pour en faire un tremplin. Ouais. C’est notre histoire de tournée de Montréal!» Un peu clowns, les jongleurs.

« On a été dans la forêt tropicale une semaine, on a passé beaucoup de temps à faire de l’enregistre­ment terrain, des animaux, de la jungle, et des tribus indigènes, dit Brian Weitz

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