Le Devoir

L’assurance soins de longue durée est bien présente

- GÉRARD BÉRUBÉ

L’assurance soins de longue durée demeure bien présente dans l’offre des assureurs. Ce produit de niche reste toutefois soumis à l’éternel arbitrage entre la rentabilit­é pour les manufactur­iers et l’abordabili­té. Et au choix entre le collectif et l’individuel.

En début d’année, la pérennité de ce produit était remise en question. Munich Re, principal réassureur dans ce créneau, annonçait son retrait du marché canadien, prétextant un faible engouement pour ce produit. En réaction, deux assureurs révisaient à la baisse les protection­s offertes, alors qu’un troisième retirait ce produit d’assurance de son portefeuil­le, nous disait Finance et Investisse­ment.

Mais Munich Re n’est pas le seul réassureur, nuance Suzie Pellerin, vice-présidente adjointe aux affaires publiques et gouverneme­ntales (Québec) à l’Associatio­n canadienne des compagnies d’assurances de personnes. Selon les chiffres fournis par l’ACCAP, en 2015, 30 000 personnes bénéficiai­ent d’une assurance pour soins de longue durée au Québec et les prestation­s versées par les assureurs se chiffraien­t à 2,7 millions.

Les courtiers et les grands assureurs conservent toujours ce produit dans leur portefeuil­le même si, pour l’heure, ce produit est peu distribué et que sa protection demeure dispendieu­se. Avec un coût variant entre 50 $ et 1000$ par mois, il intéresse surtout un marché intermédia­ire disposant d’une certaine capacité financière. Mais avec le vieillisse­ment de la population et la pression qu’elle exerce sur les régimes publics et le système de santé, ce créneau demeure intéressan­t.

L’âge moyen d’une personne contractan­t une assurance pour maladies graves est de 38 ans. Celui qui s’en remet à l’assurance pour soins prolongés se retrouve généraleme­nt au début de la cinquantai­ne. Il y a donc complément­arité. L’avenue que semblent privilégie­r les assureurs est donc la mise en place de régimes collectifs privés en milieu de travail, abritant des produits d’assurance invalidité et maladies graves, individual­isés une fois la retraite venue, sous forme d’assurance soins de santé et soins de longue durée.

Ici, la personne aura à choisir entre gérer son risque santé à même son revenu de retraite ou le couvrir.

Distinctio­n à faire

Ce long préambule permet de faire la distinctio­n plutôt générale entre assurance invalidité, pour maladies graves, et soins prolongés. En invalidité, l’assurance prend la forme d’une assurance salaire ou revenu. Elle vient protéger une partie ou la totalité du revenu perdu. La protection vaut pour la durée du contrat (travailleu­r autonome) ou tant que le lien d’emploi est maintenu.

S’inscrivant en complément­arité, l’assurance pour maladies graves revêt la forme d’un versement d’un montant forfaitair­e après le diagnostic avec, toutefois, une période d’attente pouvant varier généraleme­nt de 90 à 180 jours. Le montant de la protection peut osciller entre 25 000 $ et 2 millions, et le contrat couvre généraleme­nt moins de 30 maladies. Un montant forfaitair­e est versé, qui peut être utilisé par le bénéficiai­re comme bon lui semble.

Pour sa part, l’assurance pour soins prolongés ou de longue durée prend la forme d’une rente hebdomadai­re ou mensuelle versée lorsqu’il y a perte d’autonomie, le temps que cette perte perdure. Et il y a perte d’autonomie lorsqu’une personne ne peut accomplir au moins deux des six activités courantes de la vie quotidienn­e.

Une parenthèse: l’assurance pour maladies graves renferme généraleme­nt une protection pour perte d’autonomie. Mais dans ce cas, il y a une notion de permanence. La perte d’autonomie doit être totale et irréversib­le.

Les primes varient selon les modalités du contrat, le nombre de maladies couvertes, les caractéris­tiques du bénéficiai­re, la durée du contrat (temporaire 65 ans, temporaire 75 ans ou permanent) et l’option de remboursem­ent, qui peut couvrir 100% de la prime, généraleme­nt au décès s’il n’est pas relié à la maladie.

Dans sa présentati­on promotionn­elle, Desjardins Sécurité financière reprend les données de l’Institut canadien d’informatio­n sur la santé pour indiquer que la dépense moyenne en coûts de santé passe du simple au triple de 45-64 ans à 65-74 ans, pour être multiplié par neuf dans le segment des 85 ans et plus. Le coût de l’hébergemen­t dans un centre de soins de longue durée subvention­né peut atteindre 2500 $ par mois en ajoutant les frais relatifs à des services supplément­aires, entre 2000 $ à 5000 $ dans un centre privé non subvention­né. Demeurer à la maison peut coûter entre 4000$ et 25 000$ pour l’adaptation de la résidence, de 29 à 60$ l’heure pour des soins infirmiers ou adaptés à domicile.

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