Un parcours difficilement répétable à court terme
Voir les Sénateurs se rendre une autre fois aussi loin en séries éliminatoires semble peu probable
Même si la douleur d’une défaite en deuxième période de prolongation se faisait encore sentir jeudi soir, les joueurs des Sénateurs d’Ottawa voyaient l’avenir avec optimisme après le septième match de la finale de l’association Est.
«Nous avons beaucoup d’éléments en ce moment sur lesquels bâtir, a affirmé l’attaquant Bobby Ryan après le revers de 3-2 aux mains des Penguins de Pittsburgh.
«Je crois que nous pourrons être ici [en finale d’association] dans un an. »
Mais malheureusement pour les Sénateurs, un autre parcours aussi lointain en séries éliminatoires semble peu probable à court terme.
Presque toutes les pièces du casse-tête ont dû être assemblées pour que les Sénateurs gagnent deux rondes et poussent les Penguins à la limite de sept rencontres lors de la troisième. À commencer par des résultats inattendus en saison régulière.
La troupe de Guy Boucher n’a certes pas été dominante.
Les Sénateurs ont marqué le moins de buts parmi les 16 équipes qualifiées dans les séries éliminatoires et ont été la seule formation à avoir concédé plus de buts (210) qu’elle en a inscrits (206). Les équipes adverses ont dirigé 211 tirs de plus que les Sénateurs à cinq contre cinq, et les unités spéciales des Sénateurs ont été inférieures à la moyenne de la ligue, autant l’avantage numérique (23e) que le jeu à court d’un homme (22e).
S’ils ont survécu, c’est en grande partie grâce à l’excellent travail des gardiens Craig Anderson et Mike Condon (8e au chapitre du pourcentage d’arrêts), au rendement du défenseur Erik Karlsson, digne d’un candidat au titre de joueur le plus utile à son équipe, aux solides campagnes de Mike Hoffman, Kyle Turris et Mark Stone et à une acceptation totale que la façon de jouer que préconise Guy Boucher était essentielle à la réussite de l’équipe.
Cette tendance s’est maintenue pendant les séries éliminatoires alors que les Sénateurs, le plus souvent, ont gagné les matchs serrés. Bien qu’on doive leur donner le mérite d’avoir inscrit ces buts additionnels, on ne peut écarter le fait qu’ils ont récolté six victoires en huit rencontres ayant nécessité de la prolongation. Neuf de leurs onze victoires lors des séries l’ont été par la marge d’un but.
Lors des deux premières rondes, ils ont battu les Bruins et les Rangers, deux formations plus talentueuses, mais dont la fenêtre pour remporter la coupe Stanley est derrière elles.
Les Sénateurs ont aussi profité du système des séries éliminatoires, pour le moins inhabituel, qui a fait que les deux meilleures équipes de la LNH en saison régulière — les Capitals de Washington et les Penguins — ont croisé le fer dès le deuxième tour. Si la LNH avait employé un format plus conventionnel et classé les équipes qualifiées de la première à la huitième, les Sénateurs auraient affronté les Blue Jackets de Columbus au premier tour, une formation qui semblait supérieure aux Bruins et qui aurait profité de l’avantage de la patinoire.
Ce qui n’aide pas, c’est le manque de joueurs de haut niveau après Karlsson. Hoffman est devenu une menace offensive, mais ses 61 points cette saison, un sommet personnel en carrière, l’ont laissé au 35e rang. Stone a récolté au moins 22 buts et 54 points à chacune de ses trois premières saisons complètes dans la LNH, de bonnes statistiques, mais qui ne peuvent être qualifiées d’élite.
Autre détail qui pourrait empêcher les Sénateurs de répéter leurs performances du printemps 2017 : le fait que les Maple Leafs de Toronto et les Hurricanes de la Caroline devraient s’améliorer, tandis que le Lightning de Tampa Bay se présentera probablement avec une formation en pleine santé.
Enfin, il y a le style défensif hermétique que prône Boucher, qui a rapidement fait son temps après un peu plus de deux saisons complètes avec le Lightning. S’il a évolué à titre d’entraîneur-chef, sa recette menant au succès laisse place à peu d’erreurs.