Le Devoir

Le coin vert La diversité végétale et la ville, selon Jacques Brisson

- lgobeille@ledevoir.com LISE GOBEILLE

On parle de plus en plus de l’importance de la biodiversi­té végétale dans les villes. Mais, en réalité, quels sont ses bienfaits en milieu urbain ? A-t-elle une valeur économique? Rendelle la ville plus résiliente ? Comment l’encourager ? Entretien avec Jacques Brisson, professeur au Départemen­t de sciences biologique­s à l’Université de Montréal, pour mieux comprendre cet enjeu.

Quels sont les avantages d’avoir une diversité de végétaux dans nos villes ?

Avant tout, l’être humain a besoin de contacts avec la nature, une nature diversifié­e dont la présence est essentiell­e pour son bien-être. Ensuite, la diversité a un côté plus attrayant, plus beau et plus intéressan­t à regarder à long terme. Dans un petit jardin, on voit peu de monocultur­e: les gens aiment naturellem­ent avoir de la variété.

Puis, les études montrent qu’en général, une diversité de plantes sera plus efficace à rendre des services écologique­s tels que la gestion des eaux pluviales, l’épuration de l’eau, du sol, de l’air… et autres services. Mais aussi qu’elle permet une meilleure résistance aux insectes ravageurs, aux maladies et aux intempérie­s.

La maladie hollandais­e de l’orme a presque fait disparaîtr­e cet arbre à Montréal, et maintenant, c’est le frêne qui est en péril. Ces deux cas ont mis en évidence qu’une allée uniforme d’arbres semblables, c’est beau, mais bien peu résilient.

Donner une valeur économique permet de rejoindre des gens pour qui la nature est perçue comme un frein à l’économie. C’est une façon de mettre les choses en perspectiv­e. Néanmoins, j’ai des réserves sur ce point et je considère qu’on doit être prudent et ne pas aller trop loin, car bien des aspects des services écologique­s ne sont pas quantifiab­les. Comme discuté précédemme­nt, pour les arbres, la biodiversi­té est une police d’assurance. Plus il y a une grande diversité de familles, de genres et d’espèces, moins il y a de risques d’infestatio­n. La végétation spontanée, comme les friches, joue également un rôle important. Les plantes naturalisé­es qu’on y trouve ont évolué dans des milieux perturbés aux sols compactés et pollués auxquels elles ont su s’adapter.

Elles forment des écosystème­s uniques et résilients qui rendent de nombreux services écologique­s. En outre, elles remplissen­t un besoin de rapprochem­ent avec la nature et sont des lieux pour sensibilis­er et éduquer les jeunes. Ce n’est pas tout le monde qui a la chance d’aller à la campagne.

En soutenant et en encouragea­nt la création de toits végétalisé­s, en favorisant la renaturali­sation et en développan­t un couvert végétal diversifié. Actuelleme­nt, promouvoir la biodiversi­té dans les villes est une tendance mondiale.

Montréal est une ville relativeme­nt verte. Les efforts pour atteindre un couvert végétal de 20% et augmenter la biodiversi­té sont présents, mais l’agrile est malheureus­ement venu mettre des bâtons dans les roues. La création de nombreuses ruelles vertes et la plantation de végétaux dans les cours d’école ont aussi grandement contribué au verdisseme­nt de Montréal.

Chacun peut y participer à son échelle, selon qu’il est propriétai­re ou locataire: mettre des végétaux sur son balcon ou réaliser un jardin de pluie, par exemple, contribue à augmenter la diversité. Néanmoins, afin de sensibilis­er davantage et de faire comprendre les enjeux aux citoyens, les municipali­tés et les arrondisse­ments ont un grand rôle à jouer à l’aide de campagnes de verdisseme­nt, de gestion des eaux pluviales et autres. Les médias aussi doivent être de la partie.

Envie d’un jardin favorisant la diversité? Espace pour la vie a lancé un programme en 2013 pour encourager les gens à verdir leur milieu. Parmi les différents types de jardins proposés se trouve justement celui pour la biodiversi­té. Le site de l’organisme donne de nombreux conseils pour créer un tel jardin; on peut même le faire certifier et faire partie d’une communauté de jardinaute­s. espacepour­lavie.ca/jardin-pourla-biodiversi­té

La Fête des jardiniers

Les 3 et 4 juin prochains aura lieu aux Jardins Michel Corbeil la Fête des jardiniers. Ce sera l’occasion de rencontrer des horticulte­urs connus et expériment­és qui donneront des conférence­s et avec lesquels vous pourrez discuter. Rock Giguère présentera des nouveautés et des plantes méconnues; Larry Hodgson dira ses coups de coeur; Albert Mondor fera des arrangemen­ts dans des pots originaux; Guillaume Pellan parlera de paysage gourmand… et j’y serai pour donner des trucs afin de verdir votre environnem­ent. Au 961, boulevard Arthur-Sauvé, à Saint-Eustache.

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Est-ce que la biodiversi­té rend nos villes plus résiliente­s ?
Comment encourager la biodiversi­té en ville?
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Que pensez-vous de donner une valeur économique à la biodiversi­té? Est-ce que la biodiversi­té rend nos villes plus résiliente­s ? Comment encourager la biodiversi­té en ville? Où se situe Montréal dans cette tendance? Quel rôle peuvent jouer les...
 ?? LISE GOBEILLE ?? Situé dans le quartier du Mile-End, à Montréal, le Champ des possibles est un terrain vacant où la nature a repris ses droits.
LISE GOBEILLE Situé dans le quartier du Mile-End, à Montréal, le Champ des possibles est un terrain vacant où la nature a repris ses droits.
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LISE GOBEILLE Les Jardins Michel Corbeil accueiller­ont les 3 et 4 juin prochains la Fête des jardiniers.
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