Le Devoir

Il faut toujours se méfier des surhommes

Arne Dahl plonge au coeur des rêves les plus sombres de la guerre froide

- MICHEL BÉLAIR

L’Opcop — l’unité opérationn­elle secrète de l’Europol que l’on connaît depuis Message personnel — n’a pas le temps de se féliciter de ses premiers succès, ou même de pleurer la perte de deux de ses agents, qu’une nouvelle enquête prioritair­e s’impose. Une double enquête, en fait, dont on arrive mal à saisir les points d’arrimage.

D’un côté, des scientifiq­ues de renom, dont l’un spécialisé en chirurgie esthétique et tous les autres en génétique, sont assassinés de façon aussi étrange que systématiq­ue un peu partout à travers le monde. De l’autre, une sorte de vengeur s’inspire de passages du Comte de Monte-Cristo pour éliminer ses victimes — pour la plupart d’anciens militants gauchistes radicaux — de la même façon, à la grandeur de l’Europe.

Comme les liens entre les deux séries se font de moins en moins évidents, l’Opcop piétinera pendant quelque temps — de là découlent d’ailleurs de surprenant­es longueurs dans le texte — avant de se pencher sur l’identifica­tion des motifs du ou des meurtriers.

Poupée gigogne

La tâche sera extrêmemen­t complexe puisqu’on découvre rapidement que le tueur en série est particuliè­rement futé. Tout au moins parviendra-ton, grâce aux ressources de l’escouade, à saisir qu’il y a bel et bien deux tueurs. Sans se concerter jamais, ils ne « travailler­ont » en fait ensemble qu’une seule fois, par hasard, sur une petite île au large des côtes italiennes, en mer Adriatique.

L’Opcop réussit d’abord à coincer le «vengeur» alors qu’il se prépare à frapper en Russie; on saisira alors la portée de ces textes apocalypti­ques encartés dans le récit depuis le tout début du livre et qui lui donnent son titre. Mais cela ne fera que rendre encore plus cruciale l’arrestatio­n du deuxième assassin puisqu’il s’attaque à rien de moins qu’à un véritable complot contre l’humanité.

Comme si l’on venait d’ouvrir une immense poupée gigogne, le récit nous fait plonger dès ce moment au milieu des rêves les plus fous des militaires du temps de la guerre froide. Une équipe de chercheurs mise sur pied à l’époque semble en effet avoir trouvé le moyen de se recycler en fabriquant des surhommes en série et à les vendre aux plus offrants. C’est à cela que s’attaquent le tueur surdoué et, indirectem­ent, les agents de l’Opcop.

Encore une fois, Arne Dhal nous raconte cette histoire impossible dans une écriture exemplaire et sur un rythme effréné. Les passages «cryptés» qui amorcent le livre puis qui jalonnent le développem­ent de l’histoire sont à la fois d’une grande beauté littéraire et d’une cruauté sans nom. Comme si Dhal s’entêtait à nous faire saisir d’abord, dans cette langue admirable si bien rendue par le traducteur, tout ce que l’âme humaine peut recéler de dangers cachés.

Attachez vos ceintures!

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ISTOCK Le roman est construit sous forme d’allers-retours entre la vie dans le bunker et les souvenirs de Marcelo de sa vie d’avant.
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WIKICOMMON­S Arne Dahl
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