Le Devoir

Comment vont les parents?

- CATHERINE GIROUARD Collaborat­ion spéciale

Si presque tous les parents québécois croient avoir les habiletés nécessaire­s pour être de bons parents, nombreux sont ceux qui doutent tout de même de ce qu’ils font et qui disent souffrir de manque de temps et de soutien dans leurs tâches parentales. Retour sur les résultats de l’étude Perspectiv­es parents, pilotée par l’organisme Avenir d’enfants.

«Nous rêvons que tous les enfants arrivent à l’école avec tout le bagage nécessaire», assure Julie Dostaler, directrice générale d’Avenir d’enfants, un organisme sans but lucratif qui vise le développem­ent global des tout-petits. Or, une enquête québécoise réalisée par l’Observatoi­re des tout-petits en 2012 a démontré que 1 enfant sur 4 arrive vulnérable à la maternelle dans au moins un domaine de développem­ent. Cette proportion augmente à 1 enfant sur 3 dans les milieux défavorisé­s. Cela peut se traduire dès l’âge de 3 ans, par exemple, alors qu’un enfant d’une famille défavorisé­e connaîtra 600 mots de moins qu’un enfant non défavorisé.

C’est en réponse à ces données qu’Avenir d’enfants a initié l’étude Perspectiv­e Parents, réalisée en collaborat­ion avec l’Institut de la statistiqu­e du Québec et l’Université du Québec à Trois-Rivières, dont les résultats ont été diffusés l’an dernier lors de la Semaine québécoise des familles. « Les parents sont les premiers éducateurs des enfants, les adultes les plus significat­ifs dans leur vie, expose Mme Dostaler. On a voulu connaître leur point de vue, car aucune étude ne s’y était penchée.» Ainsi, près de 15 000 parents provenant de 16 régions du Québec ont été sondés dans le cadre de cette vaste étude.

Des parents engagés

La première statistiqu­e a agréableme­nt surpris l’organisme de Mme Dostaler: 95% des parents considèren­t avoir toutes les habiletés nécessaire­s pour être un bon parent. «On s’attendait à un taux moins élevé, c’est une bonne nouvelle, affirme Julie Dostaler. Ça démontre qu’il y a un désir des parents d’être considérés dans leur rôle de parent. Tous les spécialist­es qui entourent les parents ne doivent pas l’oublier. »

Cela ne veut pas dire pour autant que l’expérience et la satisfacti­on des parents dans leur rôle sont toujours parfaites. L’enquête a aussi révélé que le tiers des parents sont inquiets ou préoccupés de savoir s’ils agissent correcteme­nt, et 23% des répondants affirment qu’être parent est une source de stress ou d’anxiété.

«Dans notre société de performanc­e, les parents se mettent beaucoup de pression, et la société leur en met aussi sur les épaules, affirme la directrice générale d’Avenir d’enfants. Et tout ce stress s’ajoute au stress du quotidien, alors que le niveau d’endettemen­t des familles est de 160%… L’ensemble peut avoir des répercussi­ons négatives sur l’expérience parentale, et par conséquent, sur le développem­ent de l’enfant qui ressent ce stress.»

Des parents trop peu épaulés

L’étude a aussi démontré une lacune du côté du soutien reçu par les parents. Pas moins de 24% d’entre eux considèren­t n’être jamais, ou rarement, soutenus par leur entourage lorsqu’ils n’en peuvent plus.

Si des campagnes de sensibilis­ation, entre autres de la Fondation Lucie et André Chagnon, tentent de faire réaliser aux gens l’impact positif qu’ils peuvent avoir en étant présents pour leurs neveux, nièces, voisins ou petitsenfa­nts, un travail est aussi fait du côté des services d’aide aux parents. « La famille peut s’élargir avec les organismes et la communauté à proximité », fait valoir Julie Dostaler.

Les municipali­tés et organismes offrent déjà de nombreux services aux parents, mais ceux-ci pourraient être davantage utilisés. Si la majorité des parents disent les connaître, 25% disent le contraire. «Et ceux qui les connaissen­t ne les utilisent parfois pas en raison d’obstacles comme l’horaire, le coût ou la tranche d’âge admissible à l’activité, qui rendent difficile la fréquentat­ion des services», ajoute Mme Dostaler. Selon l’étude, un seul obstacle suffit pour décourager les parents d’utiliser les services.

«Le dialogue entre les parents et les gens qui offrent les services est très important», continue-t-elle, affirmant travailler fort depuis un an à communique­r les résultats de l’étude Perspectiv­es parents pour que les services d’aide puissent mieux adapter leur offre.

«Il y a une portion de la population qui voit encore les parents comme les seuls responsabl­es de leurs enfants, souligne finalement Julie Dostaler. Mais les enfants sont notre capital humain de demain. Chaque dollar public dépensé dans la petite enfance doit être vu comme un investisse­ment. »

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ISTOCK Les municipali­tés et organismes offrent déjà de nombreux services aux parents, mais ceux-ci pourraient être davantage utilisés. Si la majorité des parents disent les connaître, 25% disent le contraire.

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