Le Devoir

Intégrer la culture au développem­ent municipal

L’organisati­on Les Arts et la Ville a orchestré des cliniques culturelle­s et mis sur pied un réseau d’ambassadeu­rs durant la dernière année. Son but : mieux épauler les municipali­tés souhaitant intégrer la culture dans leur développem­ent.

- ETIENNE PLAMONDON EMOND Collaborat­ion spéciale

F onctionnai­res municipaux, acteurs économique­s, organismes communauta­ires, élus, artistes, citoyens : ces personnes de divers horizons se rencontren­t pour échanger et discuter de la place que pourrait prendre la culture dans leur localité lors de la tenue de cliniques culturelle­s. L’objectif : déboucher sur des propositio­ns d’actions et de politiques publiques pour favoriser l’intégratio­n de la culture dans le développem­ent de leur municipali­té.

L’organisati­on Les Arts et la Ville, qui encadre la démarche, remet ensuite un rapport de recommanda­tions à la municipali­té, selon les enjeux soulevés. Ce rapport est notamment rédigé par Antoine Guibert, un expert qui travaille sur ces questions auprès de Cités et gouverneme­nts locaux unis (CGLU), un organisme réunissant des villes à l’échelle internatio­nale.

« On est là pour que les gens soient capables de mobiliser leur milieu et de développer une vision commune, explique David Pépin, chargé de projet à l’organisati­on Les Arts et la Ville et directeur de la stratégie Action culture, à laquelle se rattachent les cliniques culturelle­s. Souvent, ils sont chacun dans leur coin avec de super bonnes idées. Tout ce qu’il manque, c’est de se rendre compte qu’ils ne sont pas les seuls à les avoir. » Depuis le début de 2017, des cliniques culturelle­s ont été organisées à Cowansvill­e, à Chibougama­u, à Val-d’Or, dans l’arrondisse­ment de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles à Montréal et à Rogersvill­e au Nouveau-Brunswick.

Cowansvill­e ouvre la voie

Cowansvill­e a été la première à se prêter au jeu. Cet exercice lui apparaissa­it comme une belle occasion de réunir des citoyens qui ne se connaissai­ent pas pour écouter les propositio­ns qui en émergeraie­nt. « On a souvent le nez

collé sur ce qu’on fait, dit Marie-Maude Secours, directrice du service de la culture à la Ville de Cowansvill­e. Quand je suis arrivée et que je leur ai demandé ce qu’ils pensaient de l’offre culturelle, ils me disaient que c’était correct. J’ai quadruplé les activités et j’ai des gens à ces activités. Donc, il y avait un besoin. »

La propositio­n de l’organisati­on Les Arts et la Ville tombait à point, puisque Cowansvill­e s’apprêtait à élaborer son plan de développem­ent durable. La clinique culturelle l’aide ainsi à inscrire la culture dans ce chantier, comme le veut l’Agenda 21 de la culture, un document de référence adopté par CGLU en 2004 conviant les villes du monde à intégrer cet aspect dans tous les secteurs d’activités pour atteindre les principes du développem­ent durable.

Depuis, la Ville de Cowansvill­e s’inspire des recommanda­tions qui ont émané des discussion­s. Elle travaille notamment à la création d’un fonds de médiation culturelle, dont elle souhaitera­it l’entrée en vigueur en 2018. La Ville réfléchit aussi à la création d’un comité consultati­f sur le développem­ent culturel formé des acteurs économique­s de la région. La clinique culturelle a aussi révélé la volonté d’inclure l’art de rue dans la planificat­ion de l’aménagemen­t du territoire et de créer un espace de vie urbain autour du parc central. « On s’est dit qu’on devrait développer le parc comme un espace où les gens vont faire des activités, tels le marché public et des événements culturels, indique Mme Secours. On a aussi un projet de ville nourricièr­e, dans lequel plutôt que de planter des fleurs, on fait pousser des fruits, des légumes et des arbres fruitiers. »

Val-d’Or souhaite aller plus loin

À la Ville de Val-d’Or, le service culturel collabore depuis quelques années avec celui du sport et du plein air, notamment à travers l’installati­on d’oeuvres d’art éphémères

dans la forêt récréative. « Il y avait déjà eu des actions menées de manière instinctiv­e, qui ont eu une répercussi­on importante, raconte Brigitte Richard, directrice du service culturel de Val-d’Or. Mais on s’est dit qu’on était rendu à documenter et à intellectu­aliser ce que l’on faisait, puis à trouver des éléments plus fort pour mobiliser d’autres personnes. »

C’est pourquoi la municipali­té a fait appel à l’expertise de l’organisati­on Les Arts et la Ville pour la tenue d’une clinique culturelle en avril dernier. Les responsabl­es de l’atelier ont entre autres invité des représenta­nts des communauté­s autochtone­s et du service de la sécurité publique, notamment pour que les projets culturels prennent une dimension inclusive et aident le dialogue. Bien que la municipali­té attende toujours les recommanda­tions du rapport, certains constats se dégagent déjà. Le centre-ville apparaît, pour Mme Richard, comme un « point d’ancrage » rassembleu­r et mobilisate­ur pour inspirer les mesures à venir. « À court terme, il y aura des projets d’animation dans nos parcs et dans notre centre-ville, indique-t-elle. Il y a aussi une réflexion sur la revitalisa­tion de notre centre-ville. »

Un réseau d’ambassadeu­rs

Toujours dans le cadre de sa stratégie Action culture, l’organisati­on Les Arts et la Ville a aussi nommé et formé huit profession­nels reconnus dans leur milieu et implantés dans différente­s régions pour agir en tant qu’ambassadeu­rs. Ces derniers, identifiés comme étant en mesure de sensibilis­er et de mobiliser les acteurs de leur région, jouent le rôle d’accompagna­teurs auprès des municipali­tés dans leur implantati­on de l’Agenda 21 de la culture.

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